Problème d’odeurs : Entosystem veut travailler avec les voisins

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Par Louis-Philippe Samson
Problème d’odeurs : Entosystem veut travailler avec les voisins
Entosystem dit avoir multiplié les actions afin de mieux contrôler les odeurs désagréables pour le voisinage issues de ses activités. (Photo : Ghyslain Bergeron)

INDUSTRIE. Entosystem dit avoir investi 1,5 million de dollars pour résoudre les problèmes de mauvaises odeurs soulevés par des résidents de Saint-Nicéphore. L’entreprise affirme vouloir travailler avec le voisinage afin de limiter ce genre de désagréments.

Entosystem, qui fait l’élevage de larves de mouches soldats noires, est consciente que ses activités dégagent une odeur désagréable. Des citoyens voisins s’étaient rendus à la séance du conseil municipal de Drummondville du 19 août pour faire part de leurs doléances à ce sujet.

À ce moment, la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, signalait que la Ville n’avait pas donné de constat d’infraction à l’entreprise puisque celle-ci se montre collaborative. La Ville participe néanmoins à la collecte de données du ministère de l’Environnement, responsable de ce genre de dossiers, en rassemblant les plaintes qui ont été déposées par les citoyens.

Rencontré par L’Express, le président et co-fondateur d’Entosystem, Cédric Provost, a soutenu que l’entreprise a besoin des commentaires des citoyens pour savoir si ses activités ont un impact sur les alentours et pour s’améliorer.

«Pour nous, c’est vraiment important d’avoir le feedback des citoyens. Aujourd’hui, nous avons pu développer une belle collaboration qui nous aide à améliorer les systèmes. Certains ont contacté les médias avant de nous en parler. Parfois, on peut sentir une odeur proche de l’usine et, d’autres fois, on la sent plus loin. Si on a le plus de rétroaction possible, ça nous aide», exprime Cédric Provost.

Cédric Provost, président et co-fondateur d’Entosystem. (Photo : Ghyslain Bergeron)

L’entreprise a travaillé avec une firme spécialisée pour contrôler les odeurs. Le système en place récupère l’air de l’usine et le traite à l’aide d’un produit qui neutralise les mauvaises odeurs. Ainsi, lorsque les signalements des citoyens ont été faits en août, Entosystem a rapidement convoqué la firme afin de revoir les systèmes. Des fuites ont alors été découvertes, puis réparées.

«Il a fallu inspecter le système en entier. Beaucoup de correctifs ont été faits. Depuis, je pense que ça a nettement amélioré les choses», ajoute M. Provost.

D’ailleurs, la chaleur produite par les larves est récupérée afin de chauffer le bâtiment. Environ 50 % des espaces d’Entosystem servent à l’entreposage des insectes durant leur cycle de croissance.

Procédures strictes

L’incident a incité l’entreprise à resserrer ses procédures internes. Le système de ventilation étant calibré selon certains paramètres précis, il a fallu rappeler aux employés l’importance de conserver les différentes portes fermées en tout temps. De cette façon, le traitement de l’air peut se faire correctement.

«Ça a quand même été difficile, parce que les gens ont des habitudes. Puisqu’on a gardé la ligne dure, on a eu des départs d’employés. Pour nous, c’est important de contrôler l’environnement. On a accepté ces départs, mais, aujourd’hui, on a une meilleure routine, les portes sont fermées et le système de traitement est vérifié», souligne le président.

Toutes les sorties d’air de l’usine ont aussi été analysées par une firme de génie externe afin de confirmer les modélisations et s’assurer que toutes les normes sont respectées. Les données sont actuellement en analyse et Entosystem attend le rapport bientôt.

Ce n’est pas non plus la première fois qu’Entosystem éprouve ce genre de problème. Avant de s’implanter à Drummondville, l’usine de recherche et de développement de Sherbrooke avait aussi été visée par des plaintes d’odeurs. Lors de l’annonce de la construction à Drummondville, en avril 2022, M. Provost avait assuré que c’était résolu.

«À Sherbrooke, nous avions pris une très grande croissance pour tester. On se trouvait près d’un hôtel et de sa piscine; ce n’était pas un endroit idéal pour nous établir. Cet épisode nous a rappelé qu’on avait beaucoup d’apprentissages à faire concernant le traitement d’odeurs», rapporte M. Provost.

Rencontre citoyenne

Entosystem tiendra une rencontre avec les citoyens du voisinage le 13 novembre prochain. Les résidents concernés recevront une invitation par la poste. À ce moment, les participants seront invités à télécharger une application pour téléphone intelligent qui leur permettra de directement signaler des problèmes d’odeurs.

«De notre côté, on essaie de se mettre le plus d’alertes possible. Si les citoyens nous aident et nous signalent les problèmes en temps réel, on réagira plus rapidement. On saura si ce que nous avons mis en place fonctionne. C’est un type d’application qui est déjà utilisé dans d’autres industries», explique Cédric Provost.

L’application sera aussi améliorée au fil du temps selon la réaction et l’utilisation qu’en feront les citoyens. À l’heure actuelle, les résidents peuvent signaler les problèmes d’odeurs par courriel à l’adresse saint-nicephore@entosystem.com.

 

Mise à jour : Entre le moment où l’entrevue avec M. Provost a été réalisée et la publication de ce texte, Entosystem a reçu un avis de non-conformité, le 23 octobre, pour nuisance olfactive de la Ville de Drummondville. Cet avis concerne une infraction à l’article 25 du règlement RV19-5136 de la Ville de Drummondville concernant la salubrité, l’occupation, l’entretien des bâtiments et les nuisances. Celui-ci stipule que sont interdites et doivent être supprimées les causes de nuisances qui laissent s’échapper des odeurs ou des poussières, ou d’y laisser toute substance nauséabonde, de manière à incommoder des personnes du voisinage.

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