Les chambres de commerce réclament des réformes

Les chambres de commerce réclament des réformes
(Photo : Gracieuseté)

COMMERCE. Une délégation de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a été de passage à l’Assemblée nationale mardi afin d’exhorter le gouvernement du Québec, à présenter rapidement des mesures qui permettront de donner un véritable souffle aux PME et entrepreneurs québécois, qui continuent de subir le contexte économique défavorable. Une démarche appuyée par la Chambre de commerce de commerce et d’industrie de Drummond (CCID).

La FCCQ et la CCID rappellent que les PME embauchent plus de 3 millions de Québécois, génèrent annuellement au-dessus de 10 milliards de dollars en retombées fiscales, et font vivre les cœurs de villages, les régions et le Québec Inc.

«L’entrepreneuriat ne se porte pas très bien au Québec. Le taux de création d’entreprises est plus faible qu’au Canada, le taux d’insolvabilité des entreprises est en croissance, et nos villages se vident lentement de leurs commerces de proximité. Le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour inverser ces tendances, et rapidement», a affirmé Philippe Noël, vice-président aux Affaires publiques et économiques de la FCCQ, dans un communiqué.

Alexandra Houle, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

«Dans ce contexte, demander au gouvernement de s’occuper davantage de nos PME n’est pas un caprice de gens d’affaires. Ce devrait être une priorité nationale. Depuis plusieurs années, nos entreprises québécoises ont l’impression d’évoluer en marge des priorités gouvernementales, et cette inaction doit changer à notre avis. Nos politiques publiques devraient plutôt permettre de soutenir des taux de création d’entreprise, de survie des jeunes pousses, et de relève entrepreneuriale suffisant pour que notre tissu économique ne s’étiole pas de manière irréversible dans les années à venir», a poursuivi Alexandra Houle, directrice générale de la CCID.

La CCID a d’ailleurs renouvelé récemment son mandat au sein du conseil d’administration de la FCCQ. En fonction du nombre de membres, les 15 plus grandes chambres se voient octroyer un siège au sein de ce conseil d’administration.

Fardeau administratif et réglementaire

Pour la FCCQ et sa délégation, composée d’une vingtaine d’entrepreneurs, de chambres de commerce et d’organismes qui les appuient au quotidien, il faudrait d’abord s’attaquer au fardeau administratif et réglementaire, qui plombe la productivité des PME et représente une forme de taxation indirecte. La Loi 25 sur la protection des renseignements personnels mobilise démesurément les ressources limitées des PME.

«Le gouvernement doit comprendre qu’il est nécessaire plus que jamais, de mieux épauler les PME dans ses actions gouvernementales pour aider les entreprises, à traverser la tempête d’abord, puis à contribuer aux cibles économiques du Québec. Parmi les gestes qui aideraient les entreprises, une aide dédiée aux PME et applicable aux investissements considérables nécessaires aux efforts de conformité à la Loi 25. Ensuite, l’ambition de déposer chaque année des projets de loi sur l’allégement réglementaire et administratif doit être significativement rehaussée, et devrait permettre d’assurer une cohérence dans l’action gouvernementale, entre les différents ministères et organismes publics», a mentionné Manon Champagne, présidente et co-fondatrice de Aplus Transition.

Accès aux marchés publics

La capacité qu’ont les PME d’accéder aux contrats publics est un autre problème majeur, identifié par la FCCQ. Environ 90 % des contrats publics sont encore octroyés aux plus bas soumissionnaires. Les PME québécoises ratent des occasions d’affaires parce que des concurrents étrangers soumettent des offres inférieures de quelques milliers, voire de quelques centaines de dollars, tandis que d’autres États voisins priorisent leurs fournisseurs locaux.

La FCCQ rappelle que les cahiers de charge sont trop souvent inspirés des solutions proposées par les grandes entreprises, laissant peu de place à l’innovation. Les volumes d’achat ne sont jamais garantis, et souvent révisés sans préavis ni imputabilité.

«Actuellement, les devis d’appels d’offres sont mal adaptés à la réalité et à l’expertise de nos PME, ce qui rend les marchés publics peu attractifs pour nos entreprises. Le gouvernement doit donner un coup de barre pour stimuler la participation de nos PME aux marchés publics québécois afin qu’elles ne soient pas désavantagées. Le gouvernement peut, par voie réglementaire, s’assurer que les contrats publics soient majoritairement octroyés selon des critères de qualité, de durabilité, d’innovation et de performance environnementale, en plus du prix, pour des projets structurants», a signalé Sandra Rossignol, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord.

Fiscalité

Le régime fiscal des sociétés est complexe et les exigences de conformité fiscale sont élevées pour les PME, avance la FCCQ. Notamment en raison de leurs critères d’admissibilité alambiqués, les crédits fiscaux accessibles à ces dernières ne bénéficient qu’à moins de 5 % d’entre elles.

«Les PME québécoises ont un fardeau fiscal plus important que leurs concurrentes, en particulier pour les taxes sur la masse salariale et y compris sur leurs premiers 500 000 $ de revenus. La décision de faire comme le gouvernement fédéral, en haussant le taux d’inclusion des gains en capital, est par ailleurs très mal avisée», soutient Éric Dufour, vice-président et Associé chez Raymond Chabot Grant Thornton.

La FCCQ souligne qu’une part importante et croissante d’entreprises, dont un grand nombre d’entre elles sont familiales, doivent préparer leur transfert ou leur vente dans les prochaines années.

«Devant ces constats, nos attentes sont claires. Le gouvernement doit renoncer à la hausse du taux d’inclusion des gains en capital qui a suscité énormément de grogne chez les entrepreneurs, réduire le taux d’imposition général des sociétés de 11,5 % à 10 %, et faire de la simplification du régime fiscal des entreprises la priorité de son examen des dépenses fiscales en cours», a conclu Éric Dufour. (LPS)

 

Membres de la délégation présente à l’Assemblée nationale du Québec mardi :

Philippe Noël, Vice-président, Affaires publiques et économiques de la FCCQ

Éric Dufour, Vice-président et Associé, Raymond Chabot Grant Thornton, et président du comité Entrepreneuriat de la FCCQ

Mylène Duguay, Présidente-directrice générale, Cabana Séguin

Luc Pariseau, Avocat et Associé, Lavery Avocats

Marcel Curodeau, Président, Médial Conseils SST

Paul Le Brun, Président, Brault & Bouthillier

Manon Champagne, Présidente et Co-fondatrice, Aplus Transition

Guillaume Lajoie, Responsable des affaires publiques, MAIN Québec

Lanie Dufour, Conseillère en affaires publiques, Catapulte Communication

Sandra Rossignol, Présidente-directrice générale, Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord

Alexandra Houle, Directrice générale, Chambre de commerce et d’industrie de Drummond

Julie La Rochelle, Présidente-directrice générale, Chambre de commerce et d’industrie de la Vallée du Richelieu-Rouville et Présidente, Alliance des chambres de la Montérégie

Marie-Josée Morency, Présidente-directrice générale, Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis

Pierre Berthiaume, Président-directeur général, Chambre de commerce et d’industrie Les Moulins

Marie-Christine Lavoie, Directrice générale, Chambre de commerce et d’industrie Nouvelle Beauce

Jade Bessette Poitras, Directrice générale, Chambre de commerce du Grand Joliette

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