GRÈVE. Après 22 mois de négociation, c’est l’impasse entre la Société des alcools du Québec (SAQ) et ses employés de magasins et de bureaux. Choqués de voir leur employeur refuser toute discussion sur les dernières demandes portées par leur comité de négociation, ces derniers exercent une troisième journée de grève aujourd’hui.
«On se sent floués, affirme sans détour la présidente du syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN), Lisa Courtemanche. Ça fait deux ans qu’on se fait dire, au sujet de chaque demande pouvant avoir une incidence financière, qu’on allait en discuter après avoir réglé les clauses normatives. Or, nous y voilà. Sauf que l’employeur nous dépose son offre financière en posant comme condition qu’il faudrait accepter tous les reculs qu’il exige, tout en retirant chacune de nos demandes. Ça n’a juste pas de bon sens.»
Encore marqués par l’abolition de dizaines de postes réguliers en début d’année, les employés de la SAQ désirent limiter le recours à la main-d’oeuvre précaire pour assurer les opérations courantes de la société d’État.
«À la SAQ, près de 70 % des employés travaillent à temps partiel et sur appel, déplore Pascal Bastarache, président du Conseil central du Coeur du Québec – CSN. Ça prend 12 ans avant d’avoir un poste régulier. Il n’y a pas une entreprise au Québec dont le modèle d’affaires repose autant sur la précarité de son personnel. Il est tout à fait légitime de vouloir assurer un minimum de postes stables et de limiter le recours au travail à temps partiel.»
Alors que la direction de la SAQ désire revoir à la baisse les prestations de l’assurance collective en matière de santé, le syndicat désire au contraire améliorer les conditions y donnant accès. À l’heure actuelle, il faut attendre sept ans avant d’être admissible à la couverture d’assurances : les employés demandent de réduire ce délai à cinq ans et réclament l’introduction d’une couverture de soins dentaires.
«La SAQ procure de grands bénéfices financiers à la société québécoise, rappelle le délégué régional du SEMB SAQ–CSN, Jean-François Bordeleau. Il est normal pour les employés de vouloir améliorer leurs conditions de travail, comme c’est le cas lors de toute négociation de convention collective.»
Par ailleurs, le syndicat déplore que l’offre salariale de la SAQ, de l’ordre de 16,5 % sur six ans, soit en deçà des augmentations obtenues par les employés du secteur public en décembre dernier.
La SAQ veut en arriver à une «entente satisfaisante»
De son côté la Société des alcools du Québec estime qu’il y a eu de «belles avancées» au cours des dernières semaines.
«Nous tenons à souligner que nous avons fait de belles avancées dans les dernières semaines et que nous sommes parvenus à une entente sur l’ensemble du volet normatif. La semaine dernière, nous avons entamé la négociation du volet monétaire avec le dépôt d’une première offre salariale. Une deuxième rencontre est prévue ce vendredi avec le syndicat avec qui nous souhaitons rapidement arriver à une entente», déclare la SAQ par voie de communiqué.
Depuis le début de cette négociation, l’objectif de la Société d’État est d’en arriver à une «entente satisfaisante» tant pour la SAQ que pour ses employés.
«Cette négociation dure depuis maintenant 22 mois et il est temps qu’elle se règle, et ce, au bénéfice de nos employés et de nos clients.»
Notons que la succursale de la rue des Forges à Drummondville est ouverte malgré cette grève. (CGM)