CULTURE. Femme, immigrante, artiste, enseignante ou personne vivant avec une déficience visuelle. Diana Ramirez se dévoile sous toutes ses facettes dans sa nouvelle exposition solo présentée chez Axart.
L’année 2020 a marqué le point de départ du projet Le retour à la source : vers une obscurité plus lumineuse, alors que Diana Ramirez a reçu un diagnostic de perte de vision significative et dégénérative.
Une fois la nouvelle encaissée, l’artiste s’est rapidement mise à l’action. Son premier réflexe a été d’empoigner ses pinceaux. Habitée par un sentiment d’urgence, elle voulait à tout prix capturer la lumière par la peinture acrylique.
Huit tableaux ont vu le jour. Des montagnes, un ciel nuageux, des oiseaux, des roches, des vagues, un cours d’eau : ces éléments de la nature se côtoient pour former un tout.
D’une toile à l’autre, la luminosité change. Le jour fait place à la nuit. Et ce n’est pas un hasard. «Je m’en vais de la lumière parfaite et naturelle vers l’obscurité parfaite et naturelle. En même temps, il y a de la lumière dans l’obscurité. Le message que je veux transmettre est que la lumière est à l’intérieur de soi», exprime-t-elle.
À ses yeux, la beauté existe même dans les pires moments.
Les différentes silhouettes, ces personnages dépourvus de visages, représentent les immigrants qui affrontent au quotidien vents et marées.
Diana Ramirez a quitté son pays natal à l’âge de 40 ans pour déménager au Canada, plus précisément au Québec. Le parcours de la Colombienne a été parsemé de hauts et de bas.
L’artiste peintre a un message à livrer à travers son travail: «Le Québec est une province qui reçoit énormément d’immigrants. Il faut mettre l’accent sur la nécessité de la solidarité et de la compréhension. Ce n’est pas seulement le pays d’accueil qui doit faire preuve d’inclusion et d’intégration. En tant qu’immigrant, on a des responsabilités. On a aussi des devoirs et du travail à faire pour s’intégrer», soutient la Drummondvilloise d’adoption.
L’inclusion sociale fait partie des causes qui lui tiennent à cœur. Entre autres, Diana Ramirez donne des ateliers de peinture à l’Association des personnes handicapées de Drummond. De là est né le mouvement Art-in+. Elle a mis sur pied cette initiative pour faire rayonner le talent des artistes plus vulnérables.
Dans l’exposition, Diana Ramirez offre une vitrine à ses élèves. «Leurs créations ont une valeur artistique remarquable qui mérite d’être exposée. Seuls, ils ne sont pas capables d’y arriver. C’est l’une de mes tâches en tant qu’artiste et enseignante.»
D’ailleurs, elle a utilisé leurs nappes de travail pour réaliser une installation, intitulée Transparence. Les pellicules de plastique transparentes suspendues visent à représenter les effets de la déficience visuelle.
L’artiste souhaite ainsi amener le public à observer ses œuvres à travers ces pellicules et à expérimenter la réalité d’une personne vivant avec une déficience visuelle.
D’autres réalisations issues de médiations culturelles sont présentées dans l’exposition. Une place est également réservée au travail personnel de Diana Ramirez, réalisé au cours des cinq dernières années.
Soulignons que l’exposition est disponible jusqu’au 3 novembre.
Chez Axart, il est également possible de découvrir le travail de l’artiste photographe François-Régis Fournier dans l’espace Suzanne-Parent. Une exposition collective libre par 19 artistes est accessible pour les visiteurs.