POLITIQUE. Après avoir passé un été qu’il qualifie «d’exceptionnel» sur le terrain, Martin Champoux, député de Drummond, amorce un automne chargé à la Chambre des communes à Ottawa alors que le climat de travail semble atteindre ses plus bas niveaux.
Bien qu’il se soit déplacé dans la circonscription surtout dans le cadre d’activités sociales, M. Champoux a tout de même entendu les préoccupations des citoyens. Plusieurs lui ont fait part de leurs craintes quant au coût de la vie qui ne cesse d’augmenter et des dangers que cela représente tant pour les aînés que les jeunes familles.
«Il faut que le gouvernement apprenne à mieux dépenser et qu’il gère bien les dépenses publiques, avance M. Champoux. […] Dans un contexte d’inflation, je pense qu’il faut qu’on commence à regarder un peu comment on dépense l’argent. Il y a eu des dépenses tout à fait inexcusables dans les dernières années, comme lorsqu’on injecte des dizaines de millions de dollars dans une application qui est à peu près inefficace comme ArriveCan. Il y a aussi des choix qu’on fait, par exemple quand on donne des allègements fiscaux à coût de dizaines de millions aux entreprises pétrolières. C’est, à mon sens, de l’argent qui pourrait être dépensé beaucoup plus efficacement.»
Tensions persistantes
Rencontré à la conclusion de la deuxième semaine de travaux aux Communes, le député de Drummond pouvait déjà témoigner de la dégradation du climat de travail. Il dénonce les tensions qui persistent et qui «sclérosent» le quotidien en chambre ainsi que le ton utilisé par certains qu’il juge inapproprié et inacceptable.
«On n’a jamais entendu des propos qui sont dits aujourd’hui depuis que l’institution existe. Des insultes qui ne sont même plus subtiles et des attaques verbales qui n’ont pas leur place, je suis découragé de voir ça. L’attitude générale des Conservateurs aux Communes et lors des travaux de comités vise bien plus à faire de l’obstruction simplement dans le but de montrer que le gouvernement n’est pas efficace. Ce n’est pas constructif et productif. Je déplore que certains politiciens n’aient pas un plus grand sens des responsabilités; ils sont carrément là avec des visées électorales plutôt que de vouloir régler des dossiers», expose M. Champoux.
En raison de la fin de l’entente de collaboration entre les Libéraux et les Néo-démocrates, le Parti conservateur soumet à répétition des motions de non-confiance envers le gouvernement de Justin Trudeau dans l’objectif de déclencher des élections. Une situation qu’il n’hésite pas à qualifier de «show de boucane».
«Les Conservateurs proposent des motions qui sont absolument vides de contenu. Ça ne parle d’aucun enjeu dont les Québécois se soucient. Ils nous envoient des motions qui ont pour unique but de remplacer Justin Trudeau par Pierre Poilievre à la tête du gouvernement. Au Bloc québécois, lorsque nous recevons des propositions de l’un ou l’autre des partis, la seule question qu’on se pose est si c’est bon pour notre monde et si ça répond aux demandes du Québec», poursuit le député de Drummond.
Martin Champoux soutient que son parti, le Bloc québécois, entend se servir de la position fragile des Libéraux pour obtenir des gains sur deux projets de loi, qui concerne la pension de la Sécurité de vieillesse (PSV) pour les 65 à 74 ans et la protection de la gestion de l’offre en agriculture. Deux dossiers qui sont en discussions depuis longtemps et pour lesquels le Bloc a ciblé la date limite du 29 octobre pour les voir se régler. Il maintient que les questions sur l’immigration, sur la culture et sur les transferts en santé demeurent des priorités de sa formation.
«Ces deux projets de loi étaient déjà dans nos priorités. C’était réaliste et réalisable de demander que ces deux projets de loi soient complétés, conclus et mis en application avant le 29 octobre. On a recentré nos priorités en mettant l’emphase sur ceux-ci. On a voulu être réaliste et donner la chance de travailler dans des délais faisables en ciblant cette date. On la considérait comme réaliste sans enlever trop de temps à la session parlementaire pour la suite des choses. On ne voulait pas que les libéraux aient le luxe d’étirer le temps», explique M. Champoux.
Mercredi, le cabinet des ministres libéraux a annoncé son intention de voter contre la motion du Bloc qui cherche à forcer le gouvernement à prendre position sur le projet de loi C-319 concernant la PSV. Malgré cela, les autres partis et certains élus libéraux l’ont appuyé afin qu’elle soit adoptée.
Prêts à toute éventualité
Le spectre du déclenchement d’élections avant la fin de l’année ne préoccupe pas les élus du Bloc québécois à l’heure actuelle. Martin Champoux signale que le parti est prêt à démarrer une campagne électorale s’il le fallait.
«Est-ce qu’on souhaite partir en élections? C’est une autre question. On est prêt à le faire et on va le faire si on n’obtient pas ce qu’on demande. On n’est pas en train de bluffer. Si le gouvernement décide de faire la sourde oreille et qu’il y a une occasion de faire tomber le gouvernement, parce qu’il n’aura pas répondu à nos attentes, on sera prêts à y aller, mais ça n’aura pas été notre choix. On ne veut pas pousser pour des élections, car ce n’est pas ce que le Québec veut», prévient Martin Champoux.
D’ici à ce que leur ultimatum arrive à échéance, Martin Champoux maintient que le Bloc québécois tentera de faire le plus de gains possible sur différents dossiers qui importent aux électeurs de la province.