ÉDUCATION. L’ouverture de la nouvelle école secondaire à Saint-Nicéphore a attiré l’attention ce dernier mois en raison de divers événements survenus, suscitant des inquiétudes et des questions dans le voisinage. Bien au fait des défis, la direction assure qu’elle agit de manière proactive et invite à la patience pendant cette période d’ajustements, laquelle est nécessaire pour favoriser une cohabitation harmonieuse.
Ouvrir une école secondaire avec 1200 nouveaux élèves et plus de 120 membres du personnel qui ne se connaissent pas représente tout un défi, et ce, à différents niveaux, note d’entrée de jeu le directeur de l’école du Bosquet, Stéphane Guilbert.
«On part de zéro pour tout!»
Tant l’équipe de direction que les enseignants savaient que les premières semaines impliqueraient de nombreux essais, erreurs et ajustements.
«Du jour au lendemain, 1200 adolescents sont débarqués ici. Ils circulent à pied ou en scooter dans le quartier. Ils vont dans le parc en face ou se présentent dans les commerces autour. Rien d’inhabituel des autres écoles secondaires. On s’y attendait. C’est l’effet de nouveauté que le voisinage vit présentement, un peu comme lorsqu’une nouvelle usine s’installe dans un quartier. Oui, ça peut provoquer un petit choc. Il y a vraiment une cohabitation à développer, un vivre-ensemble et c’est là-dedans qu’on est depuis quelques semaines et, je dirais même, depuis plusieurs mois», fait valoir M. Guilbert.
Bruit des cyclomoteurs, présence accrue de policiers, hausse du trafic, rassemblements devant les commerces, circulation sur les terrains privés, proximité entre les enfants du primaire et les adolescents. Voilà autant de préoccupations ayant fait l’objet de plaintes et d’inquiétudes depuis le début de l’année.
«J’aimerais spécifier que plusieurs informations circulent depuis un mois. Il y a des événements qui se sont bel et bien produits, mais d’autres relèvent de la rumeur. Ceci étant dit, notre équipe est en place pour assurer un environnement sécuritaire et sain pour tout le monde», tient à préciser M. Guilbert.
Pour ce faire, l’école travaille notamment en étroite collaboration avec la Sûreté du Québec (SQ).
«Les gens sont inquiets de voir autant de policiers circuler, c’est compréhensible, mais je les rassure : ils ne sont pas présents uniquement en cas de problème. Ça fait 20 ans que je suis directeur au secondaire : je le connais le quotidien, puis dans toutes les écoles secondaires, c’est courant. Partout, on a ce qu’on appelle le PIMS (programme d’intervention en milieu scolaire). Ça fait en sorte que les agents de police sont présents régulièrement, souvent pour la prévention. Et il ne faut pas oublier qu’à la suite d’une pétition en lien avec les cyclomoteurs, on a renforcé les mesures de sécurité. Cela passe donc par une surveillance policière accrue sur la rue Charlemagne», souligne-t-il.
M. Guilbert relativise la situation, sans diminuer les craintes du voisinage.
«Durant mon mandat de huit ans à Jeanne-Mance, j’en ai vu des événements impliquant des policiers, des pompiers, des ambulances. Les jeunes se promenaient en ville, allaient dans les commerces. C’est le quotidien d’une école secondaire, répète le directeur. Cependant, on ne se met pas la tête dans le sable : il y a eu certaines situations, mais nous sommes intervenus en trouvant des solutions ou en rencontrant les personnes concernées.»
Mesures d’atténuation
Avec l’école primaire à l’Orée-des-Bois située tout juste à côté, les deux directions ont dès le départ travaillé main dans la main.
«Durant l’année scolaire précédente, j’ai eu plusieurs rencontres avec la directrice. J’ai aussi pris le temps de rencontrer le personnel et le conseil d’établissement. Dès le départ, on était en mode solution pour que tout se déroule de façon harmonieuse pour nos élèves respectifs», précise Stéphane Guilbert .
Patricia Eustache, directrice de l’école à l’Orée-des-Bois, a adopté une approche tout aussi proactive. Pour elle, la clé est d’accueillir cette nouvelle réalité avec ouverture.
«J’ai déjà enseigné dans un établissement secondaire. J’ai été adjointe aussi. Moi, c’est une clientèle que j’aime, mais en même temps, c’est une clientèle qui peut provoquer des perceptions négatives chez les gens. Donc j’ai travaillé beaucoup avec mon équipe pour qu’on accueille cette nouvelle réalité avec bienveillance et optimisme.»
«L’école secondaire a sa place ici. Et notre école a sa place aussi. On essaie de travailler de concert pour faire en sorte de développer un voisinage harmonieux», poursuit-elle.
Ainsi, diverses mesures ont été instaurées autant pour atténuer les impacts sur la circulation que pour éviter que les élèves du secondaire ne fréquentent les terrains de l’école voisine, et vice versa.
Selon Mme Eustache, l’un des principaux changements a été d’ajuster l’horaire de son école pour éviter qu’il coïncide avec celui du secondaire.
«À l’origine, ce changement visait surtout à améliorer la sécurité dans les rues, mais on s’est rendu compte que ç’a du bon aussi pour l’aspect proximité. Nos élèves sont déjà en classe quand les jeunes du secondaire arrivent. Puis en terminant à 15 h, ça laisse suffisamment de temps aux marcheurs de se rendre chez eux avant que la cloche ne sonne chez nos voisins. On se retrouve donc à gérer seulement l’heure du midi.»
D’ailleurs, pour permettre un temps de dîner sans anicroche, les deux directions ont convenu de diviser le parc Boisbriand, jouxtant les deux établissements, en deux zones.
«Chaque élève sait où il peut aller. Depuis deux semaines, on a également embauché deux éducateurs spécialisés pour la surveillance et permettre d’établir des liens avec les jeunes. Advenant une situation, ces adultes sont en contact étroit avec les éducatrices du service de garde de l’Orée-des-Bois», fait savoir Stéphane Guilbert.
Par ailleurs, celui-ci s’est fait un devoir de rencontrer chacun des commerçants voisins en leur offrant son entière collaboration en cas de besoin, et ce, toujours dans l’objectif d’assurer une cohabitation harmonieuse.
Malgré tout, dans l’ensemble, le directeur affirme que le début de l’année scolaire se déroule bien.
«On savait que la première année serait imparfaite, et ce, à plusieurs niveaux. La chose qui est importante, c’est que présentement, les élèves sont en classe et participent bien. Parfois, je trouve que les jeunes ont mauvaise presse. On est tous passés par-là; ils font leur expérience, leurs erreurs, il faut être prêts à vivre avec ça. En réalité, 98 % des adolescents sont respectueux, gentils et suivent les consignes. Pour les 2 %, il suffit de faire de l’éducation, de les encadrer et c’est ce que nous faisons», conclut M. Guilbert.