TRAVAUX. La caserne incendie de la rue Cockburn s’apprête à connaître une rénovation majeure qualifiée de «pas de géant» pour améliorer la santé des pompiers. Une transformation que peu d’autres casernes, voire aucune, ont connue.
Un budget de 3,8 M$ est consacré à ce projet d’envergure.
Si une portion des travaux a pour objectif de moderniser les installations datant de 1963, l’essentiel de cette rénovation vise à réduire significativement les risques de cancer chez les pompiers.
«La recherche dans la prévention des cancers chez les pompiers a évolué au fil des années. On a démontré que les pompiers sont 50 % plus à risque de développer un cancer. Cela fait 32 ans que je suis dans le métier, à cette époque, le port de l’appareil respiratoire était déjà important, mais on croyait que c’était suffisant comme protection. Les recherches ont toutefois démontré que les pompiers absorbent des produits toxiques par la peau. En fait, dans les maisons et bâtiments, tout est fait avec des plastiques, des résidus de produits pétroliers (colle, vernis, etc.)», explique Andrew Barr, directeur du service de sécurité incendie et sécurité civile de Drummondville (SSISCD).
Par conséquent, la disposition de la caserne a été revue pour y inclure des espaces dédiés à la décontamination. On y retrouvera trois zones : la rouge pour décontaminer l’équipement après une intervention, la jaune qui servira de transition pour la remise en fonction des équipements puis la zone verte où les pompiers pourront se doucher et se revêtir.
«Les pompiers devront suivre ce parcours bien précis. Notre objectif, c’est que le pompier, dans l’heure suivant son retour à la caserne, soit capable de procéder à la décontamination et de se laver avant de retourner dans la caserne», précise le directeur.
Il s’agit d’un processus très rigoureux, mais nécessaire pour préserver la santé.
«On ne peut pas éliminer le risque à 100 %, mais on va le réduire le plus qu’on peut et essayer d’atténuer l’impact sur la santé et sécurité des pompiers. On veut mettre toutes les chances de notre côté afin d’avoir des travailleurs en santé tout au long de leur carrière et, ultimement, qu’ils puissent profiter de leur retraite», soutient M. Barr.
L’autre grande portion du projet consiste à mettre aux normes le bâtiment en y installant une ventilation mécanique, permettant d’échanger l’air, ainsi qu’un système de captation à la source des fumées de diesel des véhicules.
«C’est un autre élément de prévention», souligne-t-il.
Enfin, les aires communes seront améliorées, du salon aux chambres individuelles en passant par la cuisine.
Une année de plus
Il aura fallu une année supplémentaire de planification pour ce projet, mais ce délai était nécessaire pour arriver aux résultats escomptés, de l’avis d’Andrew Barr.
«Au départ, on souhaitait conserver les bureaux administratifs et ceux de l’équipe de la division analyse et gestion du risque entre les murs de la caserne 1. On a viré de tous les bords et tous les côtés les plans avec les architectes et ingénieurs pour tenter de gagner le plus de pouces carrés et conserver tout notre monde. Après plusieurs tentatives, on s’est mis à l’évidence que ce n’était pas possible», explique-t-il.
Ainsi, un plan B a été mis en place. Un nouveau quartier général pour ces employés a été aménagé dans l’ancien centre communautaire Claude-Nault de la rue Traversy. La Ville de Drummondville a investi près de 600 000 $ pour ce lieu situé à proximité de la caserne 3, dans le secteur Saint-Nicéphore.
Ce déménagement n’est pas la seule modification qui a été apportée au projet initial. La réduction de la tour de séchage a été exclue, en raison de la présence du martinet ramoneur, une espèce d’oiseau menacée.
«Toute intervention sera évaluée avec le ministère de l’Environnement et des Changements climatiques. D’ailleurs, le Plan de conservation des milieux naturels de la Ville prévoit des actions de protection et de sensibilisation quant à la présence de l’espèce sur notre territoire», assure Anne-Elisabeth Benjamin, conseillère en relations publiques à la Ville de Drummondville.
Notons également que le budget a été revu à la hausse, passant de 2,8 M$ à 3,8 M$.
«L’augmentation des coûts est justifiée par la poursuite de la conception et le raffinement des plans et devis de même que l’ajout d’équipement nécessaire au projet», précise Mme Benjamin.
Bref, à terme, la caserne 1 se distinguera comme un modèle de sécurité et de santé à travers le Québec.
«Nous avons déjà reçu des appels d’autres directions incendie qui regardent pour des projets de même nature. De notre côté, on s’est inspiré de la toute nouvelle caserne de Longueuil. La direction nous a offert sa collaboration pour peaufiner notre concept. À notre tour, si on peut aider, ça nous fera plaisir», exprime M. Barr.
«C’est un investissement pour la santé de tous, un pas de géant. En résumé, on s’assure de notre capacité à offrir et maintenir le service à la population», conclut-il.
Une aide financière dans le cadre du Programme d’amélioration et de construction d’infrastructures municipales (PRACIM) a été accordée à la Ville par le gouvernement du Québec. Il est toutefois impossible pour le moment de connaître le montant.
Ces travaux qui s’échelonneront jusqu’en octobre 2025 n’auront aucun impact sur les opérations de la caserne.