SANTÉ. Le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec – via l’hôpital Sainte-Croix – et l’Université de Sherbrooke (UdeS) se mobilisent pour faire face aux besoins grandissants de formation en médecine.
Une rencontre s’est tenue en ce sens vendredi dernier, à l’hôpital Sainte-Croix. Pour l’occasion, Dominique Dorion, doyen de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS, Mathieu Touchette et Éric Lavoie, respectivement vice-doyen aux études médicales postdoctorales et vice-doyen aux études médicales prédoctorales, ont discuté avec la présidente-directrice générale adjointe du CIUSSS MCQ, Jacinthe Cloutier, et les équipes médicales.
C’est en réponse à un engagement de la Coalition avenir Québec (CAQ) que la faculté de médecine de l’UdeS, à l’instar de toutes les autres facultés de médecine, doit accroître de 40 % le nombre d’étudiants admis.
«Quand je suis devenu doyen en 2017, il a fallu diminuer les admissions parce qu’il y avait apparemment trop de médecins au Québec. Sept ans plus tard, on se demande, qu’est-ce qui s’est passé dans la tête des décideurs à ce moment-là pour dire qu’il y avait trop de médecins? C’est pour cette raison, maintenant, qu’on nous demande d’augmenter de façon significative les admissions, soit 660 étudiants de plus dans chaque faculté de médecine, une augmentation de 40 %. C’est un objectif qu’on a réussi à atteindre», a mis en contexte M. Dorion.
Cette hausse rapide des cohortes présente néanmoins des défis pour les milieux d’enseignement.
«Cela veut donc dire qu’on doit développer 40 % plus de capacité d’accueil en milieu clinique. C’est un défi de taille», a reconnu M. Dorion.
Actuellement, une douzaine de stagiaires évolue au centre hospitalier drummondvillois. On souhaite augmenter ce nombre à 20. C’est pourquoi l’UdeS demande à nouveau la collaboration du CIUSSS MCQ pour les années à venir.
«Il faut convaincre les médecins de s’engager à former des étudiants alors qu’ils sont déjà très occupés. Cela veut donc dire d’accepter d’avoir des apprenants en tout temps durant leur quart de travail et se faire poser plein de questions à travers les soins aux patients. Ça, c’est la première chose», a-t-il informé.
Le deuxième élément concerne les espaces en milieux cliniques.
«On connaît les enjeux à l’hôpital. Est-ce que les stagiaires seront bien confortables? La réponse est non, on le sait, mais on va improviser. Les gens ici ont plein de ressources, ils sont créatifs. On a même discuté de la possibilité d’impliquer le milieu des affaires», a énoncé le professeur, tout en soutenant que malgré la situation, personne ne fera de compromis sur la qualité de la formation.
Au terme de la rencontre, la PDGA n’a pas manqué de souligner à L’Express que l’ensemble des équipes médicales de Sainte-Croix sont prêtes à s’engager.
«Tout mon corps médical se mobilise pour enseigner davantage, malgré les lieux exigus. En fait, les besoins de la faculté de médecine rencontrent nos besoins, donc on ne peut qu’être enthousiastes et ouverts. Sincèrement, comme partenaire, je ne peux pas demander mieux. On a fait de grandes avancées avec le GMF-U (Groupes de médecine de famille universitaires), mais maintenant, on est rendu à augmenter notre capacité d’étudiants à l’hôpital», a-t-elle exprimé.
Un terreau fertile
L’Université de Sherbrooke attire chaque année des milliers de candidatures d’étudiants motivés à intégrer la profession médicale. «Il y a 5000 étudiants au Québec qui ont des cotes R en haut de 33. En médecine, on en prend 1265. On pourrait doubler les admissions et on trouverait encore de bons médecins», note Dominique Dorion.
Actuellement, l’université forme 20 % des médecins de la province, bien que seulement 6 % de ces étudiants proviennent de l’Estrie.
Nouvel hôpital et un campus délocalisé
À plus long terme, Dominique Dorion rêve d’un nouveau campus délocalisé à Drummondville, à l’image de celui de Longueuil, en Montérégie.
«Si nous pouvions recruter suffisamment de professeurs, nous pourrions accueillir 25 étudiants dès la première année», envisage Dominique Dorion.
Ce projet s’inscrit dans une vision plus large du futur hôpital espéré à Drummondville.
«La réalité, c’est que pratiquement tous les hôpitaux vont devenir des milieux d’enseignement. C’est pourquoi on veut être impliqué dès maintenant dans les discussions pour le projet du nouvel hôpital. L’établissement n’accueillerait plus que des stagiaires, mais aussi des étudiants dès le début de leur formation médicale. Ce serait bénéfique pour la région quand on sait que les deux tiers des étudiants s’établissent dans la ville où ils ont étudié», termine le doyen.