FRANCISATION. Cet automne, la reprise des cours de francisation s’entame avec une hausse de clientèle «sans précédent» au centre de formation générale aux adultes (CFGA) Sainte-Thérèse. De son côté, le Cégep Drummond constate un retour à la normale pour ses inscriptions à temps complet.
Le CFGA compte 27 groupes de francisation, répartis entre les temps complet et partiel, totalisant 418 élèves qui débutent leur parcours ce mois-ci. À la fin de l’année scolaire 2023-2024, en juin dernier, le CFGA dénombrait 285 personnes inscrites en francisation de soir comme de jour.
Le directeur des services éducatifs à la formation générale aux adultes et directeur du CFGA Sainte-Thérèse, Yves Hébert, attribue cette augmentation au phénomène des travailleurs étrangers temporaires souhaitant se franciser. «L’année passée, on a dû ouvrir des groupes de soir pour venir répondre à la demande de Francisation Québec», énonce-t-il.
«L’an dernier, on a également mis sur pied un service d’accueil et de référence auprès des personnes immigrantes qui voulaient s’inscrire sur la plateforme de Francisation Québec parce qu’on s’est rendu compte que certaines personnes avaient de la misère à remplir le questionnaire toutes seules chez elles. Maintenant, on récolte le fruit de tout cet accompagnement et les gens sont très satisfaits», affirme M. Hébert.
Le directeur du CFGA jubile également à l’annonce faite par le Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) de réaménager le pavillon Saint-Édouard afin d’y accueillir six classes supplémentaires pour répondre aux besoins du CFGA.
«Nous sommes très satisfaits parce qu’on est très coincé ici au centre Sainte-Thérèse. En ce moment, on est à plus de 100 % de capacité. Rien que l’année passée, on a dû prendre un bureau de direction pour le convertir en une classe de francisation tellement qu’on n’a pas assez d’espace», maugrée-t-il.
M. Hébert ajoute que ces nouveaux locaux les décongestionneront. «Depuis deux ans, on doit refuser des stagiaires en orientation et en psychoéducation parce qu’on n’a pas de bureaux à leur offrir et ainsi bien les accompagner dans leur parcours. Le pavillon Saint-Édouard va remplir un besoin et on va réfléchir cette année sur les programmes que l’on veut envoyer là-bas», clarifie-t-il.
Retour à la normale
Pour sa part, le Cégep Drummond enregistre, en ce début d’année scolaire, 63 élèves inscrits à temps complet et répartis dans quatre groupes. L’année dernière, à pareille date, l’établissement d’enseignement n’en comptait qu’un seul de 18 élèves.
Pour la conseillère pédagogique et responsable de la francisation à la Formation continue et des services aux entreprises du Cégep Drummond, Raquel Le Maire, ce dénombrement s’explique par un retour de balancier grâce à la fin définitive des restrictions sanitaires.
«Avant la pandémie, en 2019, on était rendu à quatre groupes à temps plein. Ce qui représente à peu près le même nombre de personnes inscrites actuellement. Il y a eu une diminution d’inscriptions à temps complet au moment où les cours se donnaient en ligne. En fait, il y avait moins de gens qui entraient sur le territoire et plusieurs personnes ont préféré prendre des cours à temps partiel», détaille-t-elle.
Mme Le Maire souligne que ce n’est qu’au début de la guerre en Ukraine, en 2022, que le Cégep Drummond a recommencé à accueillir des groupes à temps plein durant la journée. «On a rétabli l’offre auprès de la clientèle puisqu’il y avait aussi un retour à la normale en ce qui concerne les personnes qui viennent s’établir dans la MRC et qui pouvaient suivre des cours à temps complet», se remémore-t-elle.
Pour ce qui est des cours à temps partiel, le Cégep Drummond enregistre, en date du 30 septembre, 165 personnes réparties dans 10 groupes. En plus de l’offre habituelle de 6h/semaine, la conseillère pédagogique confie que cette année une offre de 9h/semaine fait son retour au cégep après dix ans d’absence.
Cette formule accélérée proposant des cours le lundi, mardi et mercredi soir a été mise de côté par manque d’assiduité des élèves. Selon Mme Le Maire, avec plus de personnes souhaitant atteindre un certain niveau de français pour renouveler leur permis de travail ou voulant faire une demande de résidence permanente, cette offre retrouverait son utilité.
«Quand Francisation Québec a été instauré en juin 2023, on a vu qu’il y avait des gens qui faisaient des demandes pour des cours de neuf heures par semaine, mais on n’avait rien de cela au programme. On s’est dit qu’on allait attendre à l’année prochaine pour faire une tentative et voir si l’assiduité sera au rendez-vous. Les conclusions seront émises après les trois prochaines sessions, soit en juin 2025», certifie-t-elle.
Modifications en vigueur
La semaine dernière, le gouvernement du Québec a apporté des modifications concernant le Programme québécois d’apprentissage du français. Depuis le 23 septembre, l’aide financière de 28 $ par jour alloué aux personnes débutant ou poursuivant un ou des cours de français à temps partiel est désormais abolie.
Le gouvernement provincial maintient l’ensemble de l’aide financière incitative pour les personnes inscrites à des cours à temps complet. L’allocation de frais de garde de 9 $ par jour par enfant ou par personne handicapée à charge reste également en vigueur.
De plus, les conditions d’admissibilité à l’aide financière ont été révisées pour le volet entreprise de Francisation Québec. À partir de maintenant, les entreprises qui comptent dans leurs effectifs au Québec 100 travailleurs salariés ou plus ne seront plus admissibles à la compensation salariale disponible pour les formations courtes et les formations qualifiantes.
Elle sera réservée aux entreprises comptant moins de 100 travailleurs salariés. Tous les cours de Francisation Québec demeurent gratuits.
Le nouveau ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge, a pris cette décision en raison de l’augmentation de la demande continue et la difficulté de Francisation Québec de répondre à la forte demande.
«Face à l’augmentation de l’immigration temporaire, force est de constater que la francisation est plus en demande que jamais. Les sommes dégagées permettront de franciser environ 15 000 personnes supplémentaires en 2025, et de travailler à diminuer le temps d’attente pour commencer un cours de français», explique par courriel le cabinet du ministre.
De leur côté, Yves Hébert et Raquel Le Maire mentionnent qu’il est trop tôt pour savoir si ces modifications auront un impact significatif sur les inscriptions au cours à temps partiel, voir, dans le cas du Cégep Drummond, sur le nombre de travailleurs francisés en entreprise.
«Nous avons fait le tour des groupes et nous sommes en train d’analyser si nous allons vivre des départs dus à cette décision. Pour le moment, cela semble tenir la route, mais c’est trop tôt pour dire si tout va bien ou non», estime le directeur du CFGA Sainte-Thérèse.
«Ce n’est probablement qu’en 2025 qu’il nous sera possible d’évaluer si le retrait du soutien financier aux individus aura eu un impact sur le nombre de demandes. Pour la francisation en milieu de travail, même si les entreprises de 100 employés et plus n’ont plus accès à la subvention salariale, elles ont encore la possibilité d’obtenir les cours de francisation de façon gratuite pour leurs employés», conclut la responsable de la Francisation au Cégep Drummond.