MAGAZINE. Le musée des Abénakis d’Odanak présente cet été sa toute nouvelle exposition permanente : W8banakiak. Une invitation à sauter dans la réalité de cette Première Nation établie au Centre-du-Québec depuis des siècles.
La nouvelle activité, dont le nom se prononce «Wonbanakiak» (le son «on» se prononce avec le nez) se veut une immersion dans le mode de vie de la communauté abénakise à l’époque moderne. L’ancienne exposition permanente, Wôbanaki – peuple du soleil levant, qui a pris fin le 28 juin après 18 ans, explorait davantage le mode de vie passé de ce peuple autochtone. On a voulu s’éloigner de ces représentations explorées à maintes reprises pour aborder les enjeux qui touchent les gens qui vivent avec ce bagage historique ancestral.
«On abordait très peu le mode de vie actuel dans la précédente exposition, explique Vicky Desfossés-Bégin, directrice générale du musée. C’était un peu la critique de la Nation. Dans W8banakiak, on fait le processus inverse en parlant plus du côté contemporain. C’est une exposition très actuelle et unique à la Nation.»
Les visiteurs, accompagnés d’un guide, découvriront le peuple abénakis sous quatre grandes thématiques qui sont être, savoir, dire et agir. L’être explore brièvement l’historique de cette première nation et de ses deux principales communautés qui sont Odanak et Wôlinak. Le savoir fait découvrir les connaissances traditionnelles telles que la vannerie, du perlage et des plantes médicinales.
La portion dire se concentre sur la langue des Abénakis. On propose un jeu qui permet aux visiteurs d’entendre des mots dans un casque d’écoute pour les apprendre. «La langue est très importante pour la Nation. Elle n’est malheureusement plus parlée depuis environ 100 ans. On lui a donc laissé une place dans l’exposition pour que les gens puissent l’entendre, la voir et répéter des mots», indique Mme Desfossés-Bégin.
Le parcours se conclut avec la section agir qui aborde surtout les enjeux actuels de la Nation abénakise, mais aussi des souhaits qu’on entretient pour l’avenir. À ce moment, les visiteurs sont invités à contribuer à une œuvre collective. On leur propose d’attacher un ruban de couleur à l’un des trois animaux selon celui qui représente le mieux leur personnalité.
«On invite les gens à laisser leur trace. L’œuvre va évoluer au fil des jours. Les rubans ne seront jamais retirés. Son allure dans quelques semaines sera complètement différente à aujourd’hui. De cette façon, les gens ont réellement l’impression de prendre part à l’exposition», souligne la directrice générale du musée de la communauté voisine de Pierreville et Saint-François-du-Lac.
Appel aux sens
Le musée a voulu innover en faisant appel aux sens des visiteurs. En plus de sons et d’images captés dans la nature, on a réussi à intégrer des odeurs. Effectivement, des diffuseurs ont été placés à certains endroits afin de reproduire un environnement naturel et immersif.
«On souhaite éveiller les sens. Tous les objets qui ne sont pas dans un présentoir en verre, comme les fourrures, peuvent être touchés. Les diffuseurs sont installés à proximité des capsules vidéo. Ce sont des odeurs différentes à chaque endroit. On peut sentir des arômes de foin, de tabac, de fumée, de fruits et d’épices par exemple. C’est toujours en lien avec ce dont les gens parlent dans la vidéo», dit Mme Desfossés-Bégin.
L’élaboration de W8banakiak a demandé environ cinq ans de travail à l’équipe du musée. On est allé à la rencontre des membres de la communauté afin qu’ils s’expriment sur ce qu’ils souhaitaient y retrouver. Certains d’entre eux figurent même dans les trois vidéos qui accompagnent l’exposition.
«On a demandé aux gens ce qui les distingue des autres Premières Nations du Québec. On a créé W8banakiak à partir des différentes thématiques qui sont ressorties de ces rencontres. C’est une exposition qui a été créée par et pour la Nation. On veut qu’elle s’y reconnaisse et apprécie son unicité et sa singularité. Elle a été interpellée à différents moments de la création de l’exposition pour valider le contenu par exemple», détaille Vicky Desfossés-Bégin.
Le musée s’est aussi adjoint les services de l’entreprise La Bande à Paul, spécialisée dans la conception d’expositions muséales. On lui a fourni le contenu qu’on souhaitait partager et elle l’a assemblé pour créer le résultat maintenant connu.
Durant toute la saison estivale, le Musée des Abénakis propose différentes activités ponctuelles en plus de ses différentes expositions. À l’extérieur, on retrouve une reproduction d’une maison d’époque qu’il est possible de visiter et, sur le toit, les visiteurs peuvent profiter d’une terrasse offrant une vue sur la rivière Saint-François.