NATURE. Avec seulement 2 % de son territoire protégé, le Centre-du-Québec se trouve en avant-dernière position des régions du Québec. Une situation que souhaite améliorer le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ).
Seule la région de Laval fait pire en termes d’aires protégées. Le gouvernement du Québec vise à atteindre une cible de conservation de 30 % de son territoire d’ici 2030, tel qu’établi lors de la COP 15 de 2022 à Montréal.
«On a un très piètre portrait d’aires protégées dans la région, signale Andréanne Blais, directrice générale du CRECQ. La raison est tout de même intéressante. Le territoire est composé de terres privées à la hauteur de 97 %. Ça fait en sorte que c’est le privé qui doit décider de faire de la conservation légale. Nous ne sommes pas dans les mêmes dispositions que l’Estrie ou la Chaudière-Appalaches où il y a de grandes terres forestières qui appartiennent à des entreprises ou aux gouvernements.»
Les terres publiques étant plus faciles à préserver, la majorité de celles-ci se trouvent dans le nord de la province. La problématique se trouve plutôt au sud, là où la population s’est établie plus densément. Aussi, plusieurs des aires publiques sont occupées par des autoroutes ou encore des infrastructures d’Hydro-Québec, par exemple.
La tâche de protéger plus d’espaces revient donc aux organismes de conservation qui doivent solliciter les propriétaires privés. Ainsi, le CRECQ travaille à promouvoir son programme de conservation volontaire. Ces efforts portent leurs fruits puisqu’une centaine de projets sont réalisés chaque année. Pour y arriver, l’équipe du CRECQ contacte de nombreux propriétaires de maison, de terre à bois ou même de terrain industriel, afin de les informer sur le programme et de les inviter à y participer.
Malgré de nombreux refus, en 2022 et 2023, 294 propriétaires privés volontaires ont été rencontrés. Le tout a mené à la signature de 205 plans d’action, dont 13 qui ont permis de protéger les terres avec l’aide de l’organisme Nature-Avenir. Sur place, 23 espèces en péril, tant des animaux, des végétaux que des insectes, ont été recensées.
«Il existe un panier de solutions possibles pour atteindre la cible. Le démarchage que Nature-Avenir fait auprès des propriétaires pour la conservation légale est l’une des solutions. Aussi, le gouvernement du Québec crée actuellement de nouveaux outils de conservations légaux pour reconnaître des aires protégées, comme les Autres mesures de conservation efficace (AMCE). Celles-ci seront moins strictes, mais permettront de protéger des espaces sans être aussi restreignant qu’une réserve naturelle par exemple», indique Mme Blais.
Depuis sa création, il y a huit ans, Nature-Avenir a permis la protection de plus de 700 hectares (7 kilomètres carrés) au Centre-du-Québec. Parmi celles-ci, on retrouve la réserve naturelle du Boisé-de-la-Marconi à Drummondville.
Le gouvernement provincial a lancé un appel à projets d’aires protégées en territoire public méridional afin de faciliter l’atteinte de l’objectif de 2030. Jusqu’au 15 octobre, les régions peuvent soumettre leurs projets. «Malheureusement, dans la MRC de Drummond, on n’a pas de terres publiques qui mériteraient d’être transformées en aires protégées. Il n’y a pratiquement que des autoroutes et des bretelles d’accès», se désole la directrice générale du CRECQ, tout en soulignant que d’autres MRC de la région ont des aires offrant un meilleur potentiel.
Aux démarches avec les propriétaires privés s’ajoutent huit projets de restauration d’envergure, qui comprennent la remise en état d’une sablière sur le site de Waste Management et le projet de l’Emprise vivante. Aussi, 17 outils de sensibilisation, tels que des affichages éducatifs, des dépliants et des activités d’éducation, ont été réalisés.
Afin de mener tous ces projets, le CRECQ avait obtenu, en juillet 2023, une subvention de deux millions de dollars sur trois ans.