PATRIMOINE. La restauration des vitraux de l’église anglicane St. George est en voie d’être complétée. Mardi, l’artiste verrier Sylvie Savoie apportait la touche finale à ce projet qu’elle a mené de main de maître pendant deux ans et demi.
La Luciennoise Sylvie Savoie est arrivée sur le site en avant-midi, en compagnie de son conjoint et fidèle acolyte Luc LeClerc.
Les ouvriers de l’entreprise Construction Benoit Moreau étaient déjà à l’œuvre. Ils étaient en train d’installer les pièces qui composent la vitre maîtresse, c’est-à-dire la pièce de résistance.
«C’est assez inusité. Ce n’est pas tous les jours qu’on fait ça», dit, d’entrée de jeu, le contremaître charpentier Alexandre Laramée.
Ce dernier est impliqué dans le projet depuis les débuts. Il a participé au démantèlement des vitraux. «C’était délicat d’enlever les vitraux. Ils étaient vraiment mous. C’était comme une feuille de papier. Il fallait mettre du masking tape pour que ça tienne», explique-t-il.
«On a déposé les vitraux dans des boîtes préfabriquées. J’ai été porter ça à Sylvie. Elle a fait la restauration dans son atelier à Saint-Lucien. Après ça, je suis allé les chercher. Quand on avait une quantité suffisante, on faisait la réinstallation. Les vitraux sont beaucoup plus rigides. C’est plus simple à installer. On a plus de liberté de mouvement», poursuit-il.
L’artiste verrier Sylvie Savoie a restauré pas moins de 30 vitraux de l’église St. George. La tâche s’est révélée colossale. «Ça représente un accomplissement de deux ans et demi de ma vie. Je trouve ça quand même le fun que la Fondation de l’église St. George ait accepté que je le fasse à mon rythme. Je voulais que ça soit bien fait. Je ne voulais pas avoir de pression de délai de livraison. Aujourd’hui, c’est payant. L’effet est au-dessus de mon espérance», soutient l’artiste verrier qui a 20 ans d’expérience.
Dans le cadre du projet, l’artisane de la lumière a visité la France pendant un mois pour perfectionner son art auprès d’une experte en fabrication artisanale de vitraux, Nathalie Falaschi, établie à Ners.
L’ajustement des couleurs a été tout un défi à relever pour Sylvie Savoie. Elle a fait preuve de persévérance et de ténacité. «Je devais trouver la bonne couleur de grisaille nécessaire. J’ai fait au-dessus de trente tests de cuisson. La grisaille est cuite au four. Chaque fois, c’est une boîte à surprises. On ne sait pas ce que ça va donner.»
Notons que les morceaux de verre, datant de 1855, ont une épaisseur de seulement deux millimètres, ce qui les rend facilement cassables.
Un dernier coup à donner
Mardi, Sylvie Savoie était présente pour nettoyer trois ouvertures avec l’aide de son conjoint, question de leur donner un coup de fraîcheur. «Ce sont des vitraux commémoratifs. Étant donné qu’ils sont plus récents que les autres, ils ont seulement besoin d’un nettoyage», mentionne-t-elle.
Le procédé est assez simple. Sylvie Savoie utilise de l’eau déminéralisée et des boules de ouates en coton pour enlever les saletés. Ensuite, elle prend un linge très doux pour polir les morceaux de verre.
Katherine Archer, membre du conseil d’administration de la Fondation et marguillière, était époustouflée par le travail effectué par l’artiste verrier. «C’est vraiment beau, s’exclame-t-elle. Le grillage extérieur est plus discret, ce qui laisse passer beaucoup plus de lumière.»
Rappelons que l’église anglicane St. George est située en plein cœur du centre-ville. Achevée en 1864, elle est la plus vieille église de la municipalité. Sur le même terrain, on retrouve un presbytère et un cimetière qui accueillent parmi les plus vieilles sépultures de Drummondville, incluant celle de son fondateur, Frederick George Heriot, décédé en 1843.