Des aménagements agricoles pour le futur

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Par Louis-Philippe Samson
Des aménagements agricoles pour le futur
Benoît Laferrière et ses deux enfants. (Photo : Ghyslain Bergeron)

AGRICULTURE. Des producteurs agricoles de la région peuvent désormais aménager leurs terres afin de mieux résister aux changements climatiques grâce à un projet piloté par le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ).

Benoit Laferrière, producteur possédant des terres à Saint-Pie-de-Guire, a obtenu l’aide de l’organisme pour ériger une haie de biodiversité brise-vents en juin dernier. Cette installation végétale sert plusieurs objectifs. Une fois à maturité, elle protègera la terre agricole de l’érosion et offrira une plus grande rétention d’humidité dans le sol en plus de contrer les vents.

Les arbres de la haie brise-vent sur les terres de Benoît Laferrière à Saint-Pie-de-Guire seront protégés d’ici à ce qu’ils aient suffisamment grandis.(Photo : Ghyslain Bergeron)

«Ici, c’est une terre très sablonneuse. En laissant une bande de végétation, ça va protéger le cours d’eau et éviter qu’il se remplisse de sédiments. Pour moi, la protection des champs était un élément important. On parle beaucoup des changements qui empirent. Je veux garder mon sol pour mes champs. Je me suis dit si on ne faisait rien maintenant, à quoi ça ressemblera dans 25 ans?», expose l’agriculteur qui aimerait pouvoir transmettre son entreprise, Agri-Maska, à ses deux enfants.

Quatre espèces d’arbres ont été plantés en alternance avec de petits arbustes. De plus, du mélange B, contenant notamment du trèfle et des graminées, a été semé afin de couvrir le sol au pied des arbres et limiter l’entretien.

Les arbres ont été plantés près du cours d’eau, se jetant dans la rivière aux vaches, qui longe les champs de soya de M. Laferrière sur le 13e rang. Une fois à maturité, ils protègeront le champ des grands vents. Bien que leurs racines aient un impact négatif sur les premiers rangs de culture, les études montrent que les plants situés à un équivalent de 10 à 15 fois la hauteur des arbres produiront à un rendement supérieur, notamment grâce à un plus haut taux d’humidité.

Jusqu’à présent, Benoît Laferrière se dit très satisfait du déroulement du projet. Il songe même à faire des aménagements semblables sur d’autres de ses terres. Étant aussi agronome, il espère que les projets réalisés aujourd’hui seront bénéfiques à long terme pour les prochaines générations d’agriculteurs.

Restaurer les corridors naturels

Pour le CRECQ, ces aménagements en milieux agricoles servent plusieurs autres objectifs. L’organisme souhaite restaurer le réseau de corridors de déplacements naturels pour la faune et la flore. L’activité humaine a fragmenté les milieux naturels au fil des ans et le Conseil régional de l’environnement cherche à en créer de nouveaux.

Andréanne Blais, directrice générale du CRECQ. (Photo : Louis-Philippe Samson)

«On a identifié des réseaux où les animaux ont une préférence de déplacements, note Andréanne Blais, directrice générale du CRECQ. Ces réseaux ne sont pas parfaits; il y a des points de rupture. Les milieux agricoles en sont. Il n’y a pas d’arbres ou d’arbustes permettant aux pollinisateurs, à la faune ou aux oiseaux de se déplacer sans danger. L’Union des producteurs agricoles (UPA) a le projet Ferme progrès, qui sensibilise ses membres à différentes actions environnementales.»

Afin d’élaborer ces aménagements, le CRECQ a pris en considération les besoins des agriculteurs. Ils ont été consultés afin que les nouvelles plantations s’insèrent harmonieusement avec leurs cultures. Aussi, les aménagements varieront selon l’endroit où ils sont faits et les objectifs particuliers qu’ils servent.

«Planter des arbres partout n’est pas toujours adapté. Il y a des milieux naturels qui sont déjà fonctionnels sans arbres. On en retrouve beaucoup en milieux ruraux avec les friches agricoles. Ces habitats sont très utiles aux amphibiens, aux reptiles et aux oiseaux champêtres. Si on y plante des arbres, on détruit leur habitat. Avec nos aménagements, on considère ce qu’il y a dans le paysage pour les adapter à l’ensemble et ne pas nuire aux espèces déjà présentes», précise Mme Blais.

Chaque année, le CRECQ cherche à réaliser une trentaine d’aménagements en milieux agricoles qui permettent la plantation de 10 000 végétaux. L’organisme les entretient aussi pendant les trois premières années pour s’assurer de leur pérennité.

Environnement et Changement Climatique Canada (ECCC), la Fondation de la faune du Québec (FFQ) et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) soutiennent financièrement l’initiative du CRECQ.

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