MAGAZINE. Un petit coin de paradis existe dans la municipalité d’Upton en Montérégie, à quelques pas de la MRC de Drummond. Cette ville abrite le Théâtre de la Dame de cœur, reconnu pour ses spectacles de marionnettes géantes qui marquent l’imaginaire des petits et grands depuis 45 ans.
Situé au bord de la rivière Noire, le site est enchanteur. On y retrouve une salle extérieure de 500 places, couverte par une immense toiture qui garantit les représentations en cas d’intempéries. Dès la nuit tombée, les personnages surdimensionnés prennent vie, sous les regards émerveillés du public.
«On travaille à créer de la magie», lance Sylvain Gagnon, directeur de la formation pour le Théâtre de la Dame de cœur.
Pour une troisième et dernière saison, les spectateurs sont invités à découvrir le spectacle Victor et le cadeau des songes, racontant l’histoire d’un jeune garçon ambitieux qui souhaite réussir sa vie. Le jour de son anniversaire, le personnage principal fait la rencontre en rêve d’un hamster malicieux. Heureusement, Victor a une grand-mère magicienne qui sait déjouer les manigances du rongeur carriériste.
Une soirée hors de l’ordinaire attend le public. «On fait vivre des expériences en quatre dimensions. C’est ce qui nous distingue. Tu n’es pas au cinéma. Tu n’es pas au théâtre traditionnel. Tu n’es pas devant ta télévision. Tu es dans un spectacle qui s’articule autour de toi, à travers de toi, au-dessus de toi», indique le directeur général et artistique, Richard Blackburn.
Petits et grands peuvent suivre l’action en direct de leur siège pivotant, munis de bretelles chauffantes.
Des créations originales
Le Théâtre de la Dame de cœur présente des productions de son cru. «Tout est créé ici. Ça nous prend trois ans pour mettre au monde un show. Une cinquantaine de professionnels vont travailler là-dessus. C’est un processus très précis et détaillé», fait savoir Richard Blackburn.
L’histoire de base est créée à partir d’objectifs qui ont été déterminés au préalable. «Il faut qu’on s’assure que ça s’adresse à un public familial, pour les adultes et pour les jeunes. On développe le ‘’scène à scène’’. On fait de la recherche. On fait des études. On se rencontre. On parle. On se questionne. Ce travail dure environ 150 heures.»
L’étape suivante? Le théâtre d’objets. Une maquette de la salle de spectacle est conçue à l’échelle. Les personnages sont créés à l’aide d’une imprimante 3D. Une caméra est installée au milieu. Les grandes lignes de l’histoire sont immortalisées grâce à la technique du stop motion.
Ensuite, les tâches sont réparties aux différents membres de l’équipe. «On fait les fiches signalétiques de chacune des marionnettes pour la production. On commence à créer les plans de match pour les matériaux et les budgets.» En parallèle, la dramaturge se met au travail pour que la dialoguiste écrive le scénario.
Enregistrement des voix, création des trames sonores et de la musique, spatialisation du son, confection des marionnettes de toutes les tailles et de toutes les grandeurs, fabrication du décor et des accessoires : le tout s’enchaîne avec efficacité et fluidité.
Et puis, c’est au tour des marionnettistes d’entrer en jeu.
Synergie d’équipe
Victor et le cadeau des songes met en lumière pas moins de 17 marionnettes, manipulées par neuf personnes. La synergie d’équipe est essentielle. «C’est une danse à plusieurs. Toutes les scènes sont chorégraphiées d’avance», souligne Sylvain Gagnon.
Les marionnettistes portent un harnais qui a été conçu sur mesure par le Théâtre de la Dame de cœur. La tige de la marionnette y est insérée. «Ça devient un instrument de musique pour eux. Leurs deux mains étant libres, ça leur permet de tirer sur la multitude de cordes et de mécanismes devant leurs yeux. La marionnette est au-dessus d’eux.»
Les manipulateurs doivent être en bonne forme physique. «Les marionnettes peuvent peser entre 15 livres et 55 livres. C’est en bougeant le corps qu’on donne une démarche à la marionnette», explique Mathieu Dufort, un marionnettiste âgé de 25 ans qui travaille pour la compagnie depuis deux ans.
Le jeune homme est passionné par son métier. Durant le spectacle, il reste parfois derrière le castelet et d’autres fois, il déambule entre les sièges de la salle.
«Mon moment préféré est lorsque je sors avec le gros cochon. C’est la première marionnette qui arrive dans le public. Les spectateurs de la première rangée ont peur que la marionnette leur tombe dessus. L’effet de surprise est assez le fun», raconte-t-il, en riant.
Une quarantaine de représentations est prévue dans l’été, présenté du mercredi au dimanche jusqu’au 24 août.
D’ailleurs, la prochaine production théâtrale est déjà bien entamée. «Ça va être exceptionnel et novateur. Ça va être extrêmement différent de tout ce qu’on a fait avant. On essaie d’aller plus loin dans l’utilisation qu’offre la salle. Il y a de la couleur, de l’action, de l’extravagance», termine Richard Blackburn.
Victor et le cadeau des songes en chiffres
- 500 sièges pivotants munis de bretelles chauffantes
- Vu par plus de 35 000 spectateurs
- 17 marionnettes dans le spectacle
- 180 heures de répétition
- 50 séances de travail sur zoom
- 240 heures pour simuler le scénario à l’aide de la technique du stop motion
- 4 journées pour l’enregistrement des voix