Les demandes de services au CAVAC augmentent de plus d’un tiers

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Par Emmanuelle LeBlond
Les demandes de services au CAVAC augmentent de plus d’un tiers
Marilie Cormier-Gaudet, directrice générale du CAVAC Centre-du-Québec, est alarmée par la situation. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CRIMINALITÉ. Les demandes de services au Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) du Centre-du-Québec ont augmenté de 33 % au cours de la dernière année.

C’est ce que révèle le rapport annuel qui a récemment été publié par l’organisme. Le nombre de services rendus est passé de 45 339 en 2022-2023 à 60 194 en 2023-2024.

«Ce qui est frappant pour nous, c’est qu’on est un organisme qui vient en aide à toute personne victime de tout type de crime. Cette année, 70 % de nos dossiers étaient en matière de violence sexuelle ou de violence conjugale. Pour nous, c’est alarmant et inquiétant», affirme la directrice générale du CAVAC, Marilie Cormier-Gaudet.

«Il y existe d’autres organismes d’aide. On peut comprendre que nos organismes partenaires, comme les maisons d’hébergement et les CALACS, sont tout aussi débordés», poursuit-elle.

Selon le rapport annuel de l’organisme, le CAVAC a effectué 387 références vers d’autres organismes pour l’année 2023-2024.

L’équipe du Centre d’aide tente tant bien que mal de répondre à la demande. «On est très loin pour moi de remplir notre mission et notre mandat de base qui est d’offrir des services aux personnes victimes le plus rapidement possible afin d’éviter un choc post-traumatique. Il faudrait intervenir en bas de 30 jours. En ce moment, on intervient de 8 à 12 semaines après le crime», fait savoir Marilie Cormier-Gaudet.

En 2023-2024, une personne-ressource supplémentaire s’est ajoutée à l’équipe. Malgré tout, l’ensemble des intervenantes ont dû mettre les bouchées doubles.

Dénonciations

Un total de 80 % des personnes victimes de violence conjugale ou violence sexuelle ont dénoncé les actes subis à la police, informe Marilie Cormier Gaudet. «Pour moi, c’est une bonne nouvelle. Ça augure une belle confiance envers le système de justice. Le 20 % restant n’est pas un échec. C’est peut-être une belle victoire pour ces personnes victimes qui ont levé la main pour demander de l’aide.»

De plus, un projet pilote de tribunal spécialisé en violence sexuelle et en violence conjugale a été mis sur pied à Drummondville il y a deux ans. L’accompagnement rapide auprès des victimes peut les encourager à dénoncer les agressions, observe Marilie Cormier-Gaudet.

«Les services qui sont offerts par tous les partenaires au niveau des tribunaux spécialisés placent la personne victime au centre du processus judiciaire. C’est extrêmement positif», soutient-elle.

«Par contre, il faut avoir les moyens de nos ambitions. Il y a encore beaucoup de travail à faire au niveau de l’implantation. Ce sont seulement les projets pilotes qui sont en vigueur actuellement. C’est beaucoup de travail pour le nombre de ressources qui sont présentement déployées.»

La Rose des vents à bout de souffle

À la Rose des vents, la demande ne dérougit pas. Cette ressource communautaire, qui offre entre autres des services d’hébergement pour les femmes qui sont victimes de violence conjugale, fonctionne au maximum de sa capacité.

«À l’externe, il y a des listes d’attente. On est obligé de prioriser les dossiers les plus à risque. On fait toujours une évaluation pour chaque appel qu’on a. On évalue le niveau de dangerosité pour la femme, les enfants et l’homme. Chaque fois on doit prioriser. Ce n’est pas confortable à faire. Il y a des gens qui ont besoin d’aide et qui n’ont pas de service», indique la codirectrice générale de l’organisme, Édith Doucet.

L’organisme doit composer avec des problématiques de plus en plus lourdes au sein de la clientèle. «Quand il y a de la criminalité, il y a de la consommation et des problèmes de santé mentale. Ça rend les situations encore plus à risque parce qu’il y a encore plus d’imprévisibilité.»

Selon Édith Doucet, la collaboration entre les différents partenaires est essentielle. «Il faut pédaler tout le monde ensemble pour aider les victimes. Il y a aussi l’agresseur. Le Centre de ressources pour homme est là pour les aider. Ils font un travail important. Si on n’aide pas les personnes avec un comportement violent, ils vont le répéter sur une autre personne.»

La Rose des vents souhaite que l’agrandissement de la maison d’hébergement se concrétise afin de mieux répondre aux besoins des femmes. «Pour moi, ça ne fait pas de sens d’avoir une victime de Drummondville qui veut venir en hébergement pour se mettre en sécurité et je ne suis pas en mesure de l’accueillir parce que je n’ai pas assez de place. C’est un projet qu’on a depuis quelques années, mais il n’y a pas de financement», termine-t-elle.

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