Plus difficile pour les jeunes de se trouver un emploi cet été

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Par William Hamelin
Plus difficile pour les jeunes de se trouver un emploi cet été
Chaque jour, entre 5 et 10 jeunes demandent de l’aide au Carrefour jeunesse-emploi Drummond pour trouver un emploi. (Photo : Ghyslain Bergeron)

EMPLOIS. Il est plus difficile pour les jeunes de se trouver un emploi pour la période estivale cette année. Le Carrefour jeunesse-emploi (CJE) Drummond reçoit de plus en plus de demandes pour de l’aide ou des conseils pour mieux décrocher un travail.

Entre 5 et 10 jeunes peuvent venir demander de l’aider pendant une journée, selon l’intervenante en persévérance scolaire au CJE, Andréanne Jobidon. Elle remarque que c’est surtout ceux qui se sont pris à la dernière minute qui viennent les voir et qu’une grande quantité d’étudiants n’ont pas d’emploi présentement.

«Quand ils viennent nous voir, les jeunes sont confus. Certains me disent : «J’ai envoyé trois CV et personne ne me rappelle.» À ce moment-ci, je leur dis que ce n’est plus suffisant et qu’il faut en envoyer plus», raconte-t-elle.

Mme Jobidon ajoute que des parents sont aussi confus que leurs enfants parce qu’ils croient qu’il y a encore une pénurie de main-d’œuvre importante. «Quand je les rencontre, certains me disent : «Mon enfant est gentil, il veut apprendre, et pourtant il ne trouve pas de job.» Je leur explique que les choses ont changé et que leurs enfants doivent baisser leurs attentes», confesse-t-elle.

Réalité différente

Selon les derniers chiffres de l’Institut de la statistique du Québec, le taux de chômage dans la région du Centre-du-Québec se situe à 4,7 % au mois de juin.

Selon Statistiques Canada, dans le cas des étudiants retournant aux études, qui sont compris dans la tranche des 15 à 24 ans, il s’est établi à 15,9 % en juin 2024, une hausse de 3,8 % par rapport à l’an dernier. «Cela indique que les étudiants éprouvent plus de difficultés à trouver un emploi au moment où ils intègrent le marché des emplois d’été», indique la dernière enquête de Statistique Canada.

La coordonnatrice du CJE, Vanessa Bibeau, fait valoir que le marché du travail est revenu à un cycle prépandémique. «Il n’y a pas si longtemps, les gens changeaient tellement d’emploi parce qu’il en avait plein de disponible. Maintenant, avec le ralentissement économique, il y a un ralentissement de la demande. Les employeurs ont dû trouver des solutions comme couper des postes», explique-t-elle.

«Ce n’est pas impossible de se trouver un emploi, il faut juste avoir les bonnes stratégies. On est revenu à un cycle dans le marché du travail où les gens doivent se démarquer, bien préparer leur CV et être présentables lors d’une entrevue», précise Mme Bibeau.

Selon Statistiques Canada, le taux de chômage s’établit à 15,9 % en juin 2024 pour les étudiants retournant aux études. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Mme Jobidon et elle partagent aux jeunes plusieurs conseils pour les aider dans leurs démarches. Par exemple, ils doivent maintenant avoir un bon réseau de contacts, faire de la mise en action, c’est-à-dire effectuer de la recherche d’emploi et aller porter eux-mêmes leur CV, et doivent faire des relances si les entreprises ne les ont pas rappelés. Un processus qui demande un investissement considérable en termes de temps pour les jeunes, selon les deux employées du CJE.

Adaptation du marché

Le directeur général de Drummond économique, Gerry Gagnon, constate, de son côté, que le marché de l’emploi s’est adapté à la surchauffe économique qui a perduré pendant quelques années après la pandémie de covid-19. «Il y a eu certains impacts comme la réduction des heures d’ouverture pour certains commerces, des entreprises qui se sont mis à automatiser certaines tâches et certaines ont recruté des employés en dehors de leur région», détaille-t-il.

Il explique qu’une série d’actions a été prise après la pandémie sur le court terme. D’abord, il y a eu la hausse du taux d’intérêt qui a engendré une baisse de la consommation. Puis, cette baisse a eu un impact sur le chômage.

«La plupart du temps, lorsqu’il y a une réduction des effectifs, les entreprises vont avoir tendance à préserver les postes permanents. Les premiers travailleurs qui sont coupés sont, entre autres, les jeunes travailleurs peu expérimentés, les travailleurs temporaires et les postes de stagiaires durant les périodes estivales», souligne M. Gagnon.

Gerry Gagnon explique qu’il y a encore une pénurie de main-d’œuvre, mais qu’elle est moins prononcée dans certains secteurs comme la restauration ou le commerce aux détails. (Photo : Archives, Ghyslain Bergeron)

«On voit que cela a eu relativement plus d’impact sur les emplois d’été, qui sont souvent occupés par des jeunes étudiants, surtout dans des secteurs comme le commerce au détail et la restauration», ajoute-t-il.

Le directeur général poursuit en expliquant qu’il y a encore une pénurie de main-d’œuvre, mais qu’elle est moins prononcée dans certains secteurs comme la restauration ou le commerce au détail. Pour la région du Centre-du-Québec, 3935 postes sont vacants au premier trimestre de cette année, dont la plupart sont dans le secteur manufacturier, selon Gerry Gagnon.

Retour aux études

Vanessa Bibeau pense que, sur le long terme, ce changement dans le marché du travail va pousser des jeunes à poursuivre leurs études. «J’ai des jeunes qui voulaient s’en aller sur le marché du travail, mais en voyant qu’y entrer est plus compliqué, envisagent de retourner aux études pour suivre une formation et décrocher un meilleur emploi plus tard», confie la coordonnatrice du CJE.

Gerry Gagnon fait valoir que les requis à l’emploi, pour un jeune qui veut rentrer sur le marché, vont être rehaussés. « Les employeurs ne sont pas plus sélectifs qu’avant, mais s’ils ont déjà automatisé un certain nombre de tâches qui ne nécessitent pas une intervention humaine, ils auront le loisir de mieux choisir leurs employés », explique-t-il.

«On est dans une période où l’on doit avoir certaines compétences pour pouvoir décrocher des postes plus intéressants dans les entreprises. Si un jeune décide d’aller acquérir plus de compétences en suivant une formation professionnelle, cela lui permettra de faire des choix plus éclairés à l’avenir», ajoute le directeur général de Drummond économique.

Vanessa Bibeau et Andréanne Jobidon souhaitent que les jeunes qui n’ont pas encore trouvés un emploi viennent au CJE pour obtenir de l’aide. Gerry Gagnon invite les jeunes qui se cherchent un emploi un peu plus spécialisé à visiter le site Choisir Drummond où certains postes sont encore disponibles pour la période estivale.

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