Bilan du 1er juillet du FRAPRU : la crise se vit à l’année

Bilan du 1er juillet du FRAPRU : la crise se vit à l’année
Au moins 31 ménages sont sans logements à Drummondville après le 1er juillet, selon la Société d'habitation du Québec. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

LOGEMENT. Au lendemain de la journée des déménagements, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) dresse un bilan alarmant de la situation du logement au Québec.

Selon la compilation de la Société d’habitation du Québec, 1667 ménages locataires sont actuellement sans logement, ou en recherchent un, et sont accompagnés par un service d’aide au relogement. De ce nombre, au moins 379 ménages sont en hébergement temporaire par une municipalité ou ont rapporté être chez des proches. À Drummondville, au moins 31 ménages sont sans logement.

À ce jour, ce sont 9519 ménages locataires du Québec qui ont dû faire appel au service d’aide d’un office d’habitation, là où il y en avait un, de crainte de ne pas trouver de logement cette année. En contexte de pénurie de logements et de hausse fulgurante des loyers, trouver un logement a été particulièrement compliqué, particulièrement pour les locataires victimes d’évictions et de reprises de possession de logement. Ceux-ci sont nombreux parmi les ménages ayant fait appel aux services d’aide.

«Les chiffres sont encore plus frappants sachant que beaucoup moins de locataires ont déménagé», souligne la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme. En cinq ans, le taux de rotation au Québec est passé de 18,6 % à 10,4 %. Selon le FRAPRU, il a diminué encore plus drastiquement dans certaines municipalités, durement frappées par la pénurie comme Sherbrooke, Drummondville et Rimouski.

«La crise s’approfondit dans plusieurs régions. Évictions, reprises de logement, séparations ou manque de logements correspondant aux besoins et la capacité de payer : trop de locataires se retrouvent en situation de précarité», rappelle Mme Laflamme. Selon elle, c’est la preuve que des services d’aide d’urgence complets, adéquats et disponibles à l’année dans toutes les régions sont plus que jamais nécessaires pour éviter que des locataires ne grossissent les rangs des personnes en situation d’itinérance visible ou cachée.

Même si ces chiffres en disent long sur la profondeur de la crise du logement, le regroupement rappelle qu’ils ne sont le reflet que d’une petite partie des conséquences de la crise du logement. «Il ne faut pas oublier tous ceux et celles qui n’ont pas contacté de services d’aide, qui ont consenti à des logements trop chers, trop petits, insalubres ou inadéquats ou qui sont demeurés dans des logements inadéquats de crainte de ne pas trouver quoi que ce soit», insiste la porte-parole du FRAPRU.

Selon le dernier recensement de Statistiques Canada, déjà en 2021, 130 000 ménages engouffraient la moitié de leur revenu pour se loger. «Il est clair que la crise du logement ne se vit pas qu’autour du 1er juillet. Elle se vit à l’année», résume-t-elle.

Le FRAPRU constate qu’en l’absence d’alternatives viables, en plus de l’itinérance visible et invisible qui augmente partout à la faveur de la crise, un dépit locatif se répand.

Alors que la crise du logement s’approfondit, le FRAPRU insiste sur l’urgence de mettre en place des mesures structurantes fortes pour mieux protéger les locataires des évictions et des hausses abusives de loyer. Selon le regroupement national, il est aussi primordial d’augmenter le nombre de logements sociaux et communautaires, seul rempart durable pour un nombre grandissant de locataires contre l’insécurité résidentielle généralisée.

«Pour éviter que des locataires ne soient déracinés de leurs quartiers et que chaque 1er juillet ne fragilise davantage les communautés, pour que les locataires cessent de compromettre leur bien-être au profit des investisseurs immobiliers, il faut que l’alternative du logement social se généralise», souligne Véronique Laflamme.

Pour sortir du cercle vicieux des annonces budgétaires insuffisantes chaque année, le FRAPRU demande, entre autres, que le gouvernement du Québec se dote d’une cible claire d’au moins 10 000 logements sociaux et communautaires par année, sur 15 ans, afin que la part occupée par le logement social sur le parc locatif atteigne au moins 20 %, d’ici 15 ans.

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