AFFAIRES. C’est la fin d’un chapitre à la Maison du chômeur. La première brocante à Drummondville fermera ses portes en septembre, après 50 ans de service au sein de la communauté.
La Maison du chômeur est connue pour récupérer les meubles usagés et antiques de tous genres afin de les revendre à bon prix.
À la fin des années 1970, Réjean Patenaude a fondé le commerce afin d’aider les gens moins nantis à se meubler à petit prix, tout en redonnant vie à des petits trésors au plus grand bonheur des collectionneurs et des amateurs d’articles rétro.
La Maison du chômeur a été la première brocante à ouvrir ses portes à Drummondville. La petite-fille du propriétaire, Marie-Ève Dumaine, adorait faire un tour au commerce de la 12e avenue.
«Il y avait une rangée de chaises à l’avant du magasin. Quand on venait voir mon grand-père, il y avait toujours cinq ou six bonhommes qui étaient assis. Ils jasaient avec lui. C’était quasiment un club social», raconte-t-elle.
C’est en 2017 que Marie-Ève Dumaine et son conjoint Michaël Dubé ont pris les rênes de l’entreprise. «Je ne savais pas que j’étais dans la succession de mon grand-père. Quand il est décédé, j’ai appris que ses avoirs étaient partagés entre ma mère, ma sœur et moi. Je n’étais pas capable de laisser partir ce commerce», mentionne celle qui a toujours eu une fibre entrepreneuriale.
Le couple a décidé de donner un second souffle à la Maison du chômeur. Son parcours n’a pas été sans défi. Lors des premières années, les copropriétaires ont dû s’adapter à la réalité du marché ainsi qu’à la clientèle.
D’un côté, les vendeurs voulaient vendre le moins cher et de l’autre, les acheteurs s’attendaient à des prix de marché aux puces, indique Marie-Ève Dumaine.
Les entrepreneurs ont dû rectifier le tir. Ce n’est pas sans conséquence. «C’est quelque chose maintenir une bâtisse comme ça. On doit payer les factures du chauffage, du téléphone, d’Internet, de l’essence, du camion de livraison et de la machine Interac. Les taxes sont incluses dans les prix. Les frais s’accumulent», fait savoir Marie-Ève Dumaine, en ajoutant qu’il est difficile d’engager de la main-d’œuvre dans un tel contexte.
Au fil des années, le couple s’est investi corps et âmes pour assurer la vitalité de l’entreprise. La Maison du chômeur assure la cueillette et la livraison des articles. Les items sont d’ailleurs lavés et réparés. Sans oublier le travail sur le plancher ainsi que celui qui se fait en coulisse comme la gestion des réseaux sociaux.
«Il y a un fossé financier entre le prix que tu peux vendre quelque chose et l’énergie que tu investis dessus», souligne-t-elle.
Marie-Ève Dumaine a dû mettre de côté ses projets professionnels personnels pour donner un coup de main à l’entreprise. Son dernier congé de maternité lui a permis de prendre un moment de recul, alors que Michaël Dubé tenait à bout de bras le commerce.
Le couple était à la croisée des chemins. «Est-ce que les gens ont besoin de nos services? La réponse est oui. Est-ce que ce sont deux individus qui peuvent porter ça à bout de bras sans subvention? La réponse est non. Il faudrait changer notre modèle d’affaires en se transformant en OSBL.»
L’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont également joué en leur défaveur.
Les entrepreneurs ont fait le choix de fermer les portes de la Maison du chômeur à compter du mois de septembre. «Pour moi, ce n’est pas un échec entrepreneurial. On a fait le tour de la question. On a bien fait nos devoirs. Je sais qu’on a fait tout ce qu’on a à faire et tout ce qu’on pouvait. Je suis fière.»
La fermeture ne se fait pas sans pincement au cœur. Un chapitre de l’histoire familiale se tourne. Même si la Maison du chômeur s’éteindra, les souvenirs qui se sont forgés à travers les années resteront quant à eux bien vivants.
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