DRUMMONDVILLE. Certains citoyens de la rue de Vienne à Drummondville se sont réveillés avec une mauvaise surprise en début de semaine. En regardant dans leur cour arrière, ils ont constaté que plusieurs arbres matures se situant dans la zone tampon parallèle à la rue Lionel-Giroux ont été coupés.
Lundi et mardi matin, des employés d’Hydro-Québec ont coupé des arbres se situant dans la zone tampon entre les rues Cormier et de Londres. Quelques citoyens ont été déçus et attristés de voir des arbres âgés de plus de 30 ans se faire abattre juste derrière leur terrain. C’est le cas notamment de Nancy Carroll qui a averti la ville tôt mardi matin de la situation.
«On s’est fait vendre le projet comme quoi il y aurait une zone tampon boisée pour qu’on ne soit pas dérangé par rapport à la construction des multilogements. Maintenant, tout ce dont on se rend compte, c’est que c’est devenu déboisé», soupire-t-elle.
Il reste encore quelques arbres derrière son terrain, mais chez certains de ses voisins, il ne leur reste plus rien. Nancy Carroll a pignon sur rue depuis presque 30 ans et elle se pose des questions sur ce qui adviendra du zonage prévu dans la zone tampon.
«On nous a dit qu’il y aurait du reboisement, mais jusqu’à quel point? Le promoteur va-t-il planter de nouveaux arbres ou mettre une haie de cèdres? Ça me stresse parce que c’est mon intimité, ainsi que celle de mes voisins, qui est en jeu à l’heure actuelle», souligne-t-elle.
Pour répondre à la future demande
La conseillère en communication et collectivité pour Hydro-Québec dans la région de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, Annie Beaudoin, confirme que les travaux ont été effectués à la demande du promoteur qui désirait raccorder les futurs multilogements aux lignes électriques existantes.
«Dans ce type de projet, les lignes existantes requièrent une charge supplémentaire et nécessitent une bande de dégagement de cinq mètres pour pouvoir procéder au remplacement des poteaux électriques, par des poteaux plus robustes, et l’ajout de transformateurs. Tout cela va permettre de répondre à la demande d’électricité que vont demander les multilogements», explique Mme Beaudoin.
La conseillère en communication ajoute que le promoteur était bien au fait des normes de dégagement et il a donné son accord à Hydro-Québec pour procéder au déboisement. L’Express a tenté de joindre le promoteur s’occupant de la construction des multilogements, Jean-Luc Fortier. Au moment d’écrire ces lignes, le journal n’avait reçu aucune réponse de sa part.
«Dès que la ville nous a contactés [et nous a prévenus de l’entente entre le promoteur et la Ville à propos de la zone tampon de neuf mètres], on a suspendu les travaux», confirme la représentante d’Hydro-Québec. Celle-ci a d’ailleurs rencontré les représentants de la ville mercredi pour mettre la lumière sur la situation et sur la suite des événements.
Trouver la meilleure solution
Le conseiller municipal du district 8 de Drummondville, Yves Grondin, n’est pas très content de ce qui s’est passé en début de semaine. «Ça fait 20 ans qu’on se bat pour qu’il y ait une zone tampon dans ce secteur. Les bras m’en sont tombés quand j’ai vu la coupe à blanc mardi matin», clame-t-il.
Il affirme que la Ville a été mise au courant des raisons de l’abattage des arbres ce mercredi en parlant avec Hydro-Québec. M. Grondin ajoute que le promoteur n’a prévenu ni les citoyens ni la Ville du fait que, pour construire les multilogements, il fallait améliorer la tension sur les lignes électriques.
La Ville de Drummondville et Hydro-Québec procèderont à une inspection afin de déterminer si les cinq mètres nécessaires pour l’amélioration de la ligne électrique ont été respectés. Le conseiller municipal souligne qu’Hydro-Québec n’était pas au courant des enjeux liés à la zone tampon dans le secteur.
«J’ai proposé à la Ville qu’on ait éventuellement une discussion sur comment protéger les zones tampons qu’on a identifiées», affirme M. Grondin. «On se rend compte qu’il a toujours des zones grises dans nos procédures et qu’il faut les éliminer.»
Selon l’entente avec la Ville, le promoteur doit établir une zone d’arbres matures dans la zone tampon ou y mettre une haie de cèdres, selon Yves Grondin. À ce moment-ci, ses intentions ne sont pas connues.
Le conseiller municipal tient enfin à présenter ses excuses auprès des citoyens.
«Un arbre qui a entre 20 et 30 ans d’existence, quand on le coupe, il est parti pour de bon. Je comprends que pour des gens, c’est une grosse perte», termine-t-il.