Les prix grimpent d’année en année dans les RPA à Drummondville

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Par Annie Maryse Dumont-Archambault
Les prix grimpent d’année en année dans les RPA à Drummondville
Les personnes aînées vivent maintenant diverses réalités, comme le retour sur le marché du travail, l'accès à un logement dans une RPA à un prix décent et le défi de garder une qualité de vie pourtant bien méritée. (Photo : Unsplash/@mhrezaa)

DRUMMONDVILLE. La situation des personnes aînées n’est pas facile pour se loger dans les résidences de personnes âgées (RPA) de Drummondville, les coûts étant en augmentation.

Les coûts de location ont grimpé de 15 à 25 % depuis 2022, selon ce que constate Réjean Frenette, président du conseil d’administration de l’AQDR section Centre-du-Québec. «La vieillesse dans ce contexte devient inquiétante et plus d’humanisme serait le bienvenu», soutient-il.

Réjean Frenette, président du conseil d’administration de l’AQDR section Centre-du-Québec. (Photo d’archives, Emmanuelle Leblond)

Notons qu’en janvier 2024, le TAL a suggéré une hausse de 4%. Elle était de 2,8% en 2023. Selon Annie Belcourt, directrice générale de la FADOQ Centre-du-Québec, le tarif moyen au Centre-du-Québec est de 1 727 $ pour une unité sans service, et de 3 065 $ avec service, selon des moyennes prises en 2023.

Le nombre de RPA qui baisse est aussi un facteur inquiétant. «On est passé de 191 à 141 RPA au Centre-du-Québec», souligne Mme Belcourt. Elle soutient que certaines petites RPA abordables ferment souvent et que les grosses RPA sont plutôt inaccessibles ou difficiles à gérer, si on se base sur la pension de la sécurité de la vieillesse et le supplément de revenu garanti.

«Les chiffres indiquent que plusieurs aînés à faible revenu vivent sous le seuil officiel de la pauvreté. Une fois qu’ils ont tout payé les dépenses essentielles, ils ne peuvent plus rien faire. Les loisirs deviennent presque un luxe», ajoute-t-elle. Pour les 65 ans et plus, selon son constat, le nombre d’itinérants augmente en flèche. D’autres vont se retrouver dans un logement précaire, mal ou pas rénové. Se payer un logement dans une RPA peut donc devenir un «problème à tentacules», qui affecte plusieurs sphères de leur vie.

Le retour des aînés sur le marché du travail

Des enjeux qui enclenchent, malgré l’intérêt ou la santé de certains aînés, le retour sur le marché du travail. Pour certaines personnes du troisième âge, cette décision devient bien souvent requise. «Il y a même une pénurie de bénévoles, car plusieurs d’entre eux retournent sur le marché du travail, souvent deux jours par semaine, pour réussir à payer leurs besoins essentiels ou se payer une sortie de temps en temps», informe Annie Belcourt.

Annie Belcourt, directrice générale, FADOQ Centre-du-Québec (Source : FADOQ)

Elle ajoute que les travailleurs d’expérience, entre autres les 65 ans et plus, sont bien convoités. Un nouveau phénomène, mais encore là, ils doivent avoir la santé. «Le bât blesse quand tu n’as plus la santé alors cela devient une problématique majeure», soutient-elle.

Autre élément : la Régie des rentes du Québec a repoussé à 72 ans (au lieu de 70 ans) l’âge pour que les aînés puissent demander leur rente. Tout ce qui touche le prix des logement et les coûts d’épicerie, les sorties, les prix qui montent, mais pas les revenus. Les aînés vivent alors ce que tous les âges de la société vivent, mais bien souvent avec une santé vulnérable. C’est cela qui risque d’engendrer des coûts, explique Mme Belcourt. Elle ajoute que les problèmes de santé mentale sont aussi en hausse, et que cela produit un ensemble de dommage collatéraux.

Solutions

Deux solutions, entre autres, qui pourraient aider à pallier le problème, selon le réseau FADOQ : la RPA à but non lucratif et les coopératives d’habitation. «Nous, nous croyons en ces options, car les logements seraient encore plus abordables», souligne Mme Belcourt. Tant que les aînés ne nécessitent pas de soins médicaux, c’est une solution pertinente.

La troisième solution pourrait être l’intergénérationnel, qui prend de plus en plus de l’ampleur. Annie Belcourt croit cela possible, du moins chez certaines personnes. Il faut avoir les enfants qui sont prêts à le faire, et qui ont les moyens de le faire. Encore là, dit-elle, ce n’est pas les plus infortunés qui peuvent réaliser ce projet. Certains enfants n’ont pas de maison eux-mêmes, ils vivent dans un loyer. Ils peuvent peut-être le partager, mais encore là ça prend de la volonté et de la capacité, ne serait-ce que du côté de l’espace et/ou du nombre de personnes qui y habitent déjà.

Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ (Source : FADOQ)

Des mentalités seraient à changer, comme de resserrer les liens familiaux autant que possible, d’être moins indépendant les uns les autres. Dans bien d’autres pays, il est dans l’ordre des choses de garder ses parents aînés à la maison. Dans la mesure du possible et au-delà des subventions, on a aussi notre mentalité de société à changer, selon elle.

Enfin, il y a le crédit d’impôt pour le maintien à domicile des aînés destiné aux propriétaires ou aux locataires, ou qui habitent chez un proche leur permet recevoir une aide fiscale pour certaines dépenses liées à des services de maintien à domicile. Il ne semble toutefois pas connu de tous.

Loi Françoise David

En plus d’être vulnérables dans la capacité de payer leur location, les personnes aînées subissent la possibilité d’éviction. Dans une lettre ouverte signée par Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ, publiée le 13 mai dernier, des points forts y ont été soulevés pour amener Québec à élargir la loi Françoise David. Cette loi protège les locataires aînés face aux évictions, qui sont âgés de 70 ans ou plus, occupant le logement depuis au moins 10 ans, et dont le revenu est égal ou inférieur au revenu maximal. Ce qui permettrait aussi d’être admissible à un logement à loyer modique.

Enfin, malgré de récentes modifications législatives et différentes initiatives visant à construire des habitations à prix abordables destinées aux personnes aînées, des locataires aînés sont présentement touchés par la crise du logement et méritent une meilleure protection. Le Réseau FADOQ souhaite maintenant que les récentes déclarations se traduiront par des gestes concrets.

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