Mobilisation des agriculteurs : «Notre paye a diminué de moitié»

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Par Emmanuelle LeBlond
Mobilisation des agriculteurs : «Notre paye a diminué de moitié»
Escortés par 300 tracteurs, près de 500 producteurs agricoles ont participé jeudi à la mobilisation d’envergure à Drummondville.  (Photo : Loïk Hamel)

MANIFESTATION. Que ce soit à Plessisville, Sainte-Eulalie, Baie-du-Febvre ou Notre-Dame-du-Bon-Conseil, les producteurs agricoles du Centre-du-Québec ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Jeudi, ils ont parlé d’une seule voix, sonnant l’alarme pour l’avenir de l’agriculture.

Hubert Soucy et Florence Thibodeau en sont à leur quatrième année en grandes cultures biologiques à Sainte-Eulalie. «Ça allait bien jusqu’à cette année. Les récoltes ont été mauvaises. Il y a eu beaucoup de pluie. La qualité et les quantités n’étaient pas là. On a tous les mêmes frais pour ensemencer la récolte, mais on a moins de rendement. Notre paye a diminué de moitié. On a une assurance, mais ça ne couvre pas tout», raconte-t-il.

Hubert Soucy et Florence Thibodeau ne baissent pas les bras malgré les difficultés en agriculture. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

Le couple consacre beaucoup de temps et d’énergie dans son entreprise. «On essaie de passer à travers. On travaille les deux à l’extérieur pour pouvoir y arriver. On a besoin de l’appui du gouvernement et de la population pour être rémunéré à une juste valeur, pour tous les efforts qu’on met.»

Malgré les difficultés rencontrées, les agriculteurs de la relève ne baissent pas les bras. «On a décidé de se lancer là-dedans parce qu’on y croyait. C’est notre passion. On veut être capable d’en vivre et de léguer tout ça à nos enfants.»

De son côté, Daniel Allard a vendu sa ferme à sa fille il y a quatre ans à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. L’ancien producteur laitier et céréalier est également préoccupé pour l’avenir de sa progéniture.

Entre autres, il dénonce la quantité et la complexité de la paperasse exigée par le gouvernement. Les producteurs ont souvent plusieurs documents à remplir, ce qui alourdit leur tâche.

«Présentement, il y a une nouvelle loi qui s’en vient. On n’aura pas le droit d’acheter des grains de semence si on n’a pas de permis. Un moment donné, on n’est pas des bureaucrates. Il faut travailler dans un champ de temps en temps. Il faut que ça modèle un peu», dit-il.

Daniel Allard a vendu sa ferme à sa fille il y a quatre ans à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

Le producteur agricole de Baie-du-Febvre, Bernard Rousseau, constate que les exigences sont élevées en matière d’environnement. «Ça nous met beaucoup de bâtons dans les roues. On est en règle. Il faut toujours avoir toutes les pièces justificatives avec nous. Si on ne les a pas, ils peuvent tout arrêter le chantier. En agriculture, on est à la merci de la météo. On ne peut pas repousser les travaux qu’on a à faire. C’est triste de se faire bloquer à ce point-là avec les contraintes. Elles sont de plus en plus dures à gérer», explique-t-il.

La hausse importante et rapide des taux d’intérêt et de l’inflation n’est pas sans conséquence pour les agriculteurs. «Tout augmente et le revenu reste stable. Au final, notre revenu baisse d’année en année», indique Dominic Désilets, un producteur laitier de Saint-Wenceslas.

«On regarde pour se construire une étable. On ne sait pas si ça vaut vraiment la peine. Est-ce qu’on va être capable de la payer? Est-ce que ça serait préférable de tout vendre et de placer l’argent à la place? Ce sont des réflexions que nous avons», poursuit-il.

Selon un sondage de l’UPA, 60 % des agriculteurs centricois rencontrent des difficultés financières et peinent à maintenir leurs activités agricoles.

Des producteurs agricoles de Baie-du-Febvre ont participé à la manifestation. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

Les producteurs du Centre-du-Québec ne sont pas les seuls à lancer un cri du cœur. Des manifestations se sont organisées dans plusieurs villes à travers le Québec, dont Rimouski, Alma, La Malbaie, Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Hyacinthe et Vaudreuil-Dorion.

«Il se passe quelque chose de majeur. Chaque région se prend en main et organise par ses propres moyens des manifestations. Ce qu’on vit, c’est du jamais vu», soutient le président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec, Daniel Habel.

Escortés par 300 tracteurs, près de 500 producteurs agricoles ont participé jeudi à la mobilisation d’envergure à Drummondville.  Le convoi de véhicules agricoles s’est rassemblé dans le stationnement du Centrexpo Cogeco. Des allocutions ont été prononcées par des leaders du secteur agricole de la région.

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