DRUMMOND. Même si le Centre de services scolaire des Chênes a une politique «tolérance zéro» pour tout ce qui touche la violence et l’intimidation dans ses établissements, un fait demeure : les cas sont en hausse. Et des enseignants en arrachent.
Selon une compilation de la Sûreté du Québec (SQ) réalisée à la suite d’une demande effectuée en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics, les dossiers de violence ou d’agressions (physique ou verbale) connaissent une hausse dans nos écoles, principalement à l’école secondaire Jeanne-Mance de même qu’à La Poudrière. Dans les écoles primaires, les cas sont stables, mais les enseignants – tout comme les professionnels – sont tout de même confrontés à des cas difficiles chaque jour.
La violence ou l’intimidation a plusieurs visages, si l’on se fie à la compilation de la SQ (voir tableau ci-dessous). Dans nos écoles, les policiers sont intervenus en 2023 à deux reprises pour des agressions sexuelles, à 20 reprises pour des contacts sexuels, à 22 reprises pour des voies de fait et 22 fois pour des menaces. Parfois, les actes se déroulent durant des activités surveillées; d’autres fois, à l’abri des regards.
Le Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) concède bel et bien qu’il y a des cas de violence au sein de ses établissements, mais soutient que les chiffres fournis par la SQ sont le fruit d’une gestion plus serrée des cas.
«L’école est le reflet de la société. On vit dans un monde incertain, volatile, complexe et ambigu. Nos élèves aussi vivent là-dedans. C’est sûr que notre clientèle a changé, mais on est hyper vigilants. On sensibilise et on intervient davantage, ce qui fait qu’il y a beaucoup de dénonciations, mais pas nécessairement plus de cas», explique Maude Trépanier, directrice générale adjointe du CSSDC.
Le syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville (SERD) voit les choses autrement. Selon le président Guy Veillette, la violence est plus présente qu’avant et fait en sorte que des enseignants tombent parfois au combat.
«Ça fait 22 ans que je suis dans le milieu de l’enseignement et c’est pire qu’avant. La police intervient de plus en plus. Parfois, on n’a pas le choix de faire venir des agents de la CNESST pour qu’ils évaluent le milieu de travail des enseignants. Il n’y a pas si longtemps, un prof a eu un décollement de la rétine parce qu’il a reçu un coup de poing au visage», fait-il savoir.
Si les plus jeunes élèves peuvent mordre, cracher, grafigner ou donner des coups de poing et de pied, les plus vieux menacent et créent de la peur.
«Je vais te casser les deux jambes. Je vais te tuer. Ce genre de phrases, les profs du secondaire en entendent de plus en plus. Quand ils craignent pour leur sécurité, on les incite à appeler la police», informe M. Veillette, qui représente 1385 membres localement.
«Malheureusement, des directions d’école interviennent pour que les profs n’appellent pas la police dans certaines situations. Elles préfèrent régler la situation à l’interne pour que ça ne paraisse pas mal. Bref, ce n’est pas toujours pris au sérieux», ajoute-t-il.
Dénonciations
Au syndicat – comme au CSSDC – on estime que ces gestes doivent être dénoncés puisque les jeunes agresseurs seront adultes un jour. «On ne rend pas service à personne en gardant le silence. Quand on dit qu’on va faire venir la CNESST, curieusement, ça bouge», observe Guy Veillette.
Récemment, un élève d’âge primaire a lancé une chaise à son enseignante. Tous les autres enfants de la classe ont dû sortir du local pour permettre au jeune désorganisé de reprendre ses esprits.
Lorsqu’ils subissent de la violence, les enseignants doivent remplir un formulaire, qui est par la suite acheminé au centre de services scolaire. Selon Guy Veillette, lorsque les gestes sont récurrents, des profs choisissent de ne pas les compléter, sous prétexte qu’ils n’ont pas le temps.
«Remplir des formulaires, c’est long», dit-il.
«Avec le nouveau plan de prévention de la violence et de l’intimidation du Ministère, on doit documenter nos cas notamment pour être capable d’intervenir auprès des victimes et des intimidateurs», informe la directrice adjointe, Maude Trépanier. Celle-ci explique que chaque établissement doit avoir son plan de lutte contre l’intimidation et la violence et qu’il doit être entériné par le conseil d’établissement.
En cohérence à ce plan, une psychoéducatrice consacre plusieurs heures par semaine sur le dossier de l’intimidation et de la violence dans les écoles de la région. Karine Samson est ce qu’on appelle une agente pivot. Elle supporte les équipes-écoles, descend et monte l’information provenant d’une ressource régionale et compile les statistiques.
Cette dernière observe que certains enfants éprouvent des difficultés à gérer leurs émotions. Elle cible notamment les enfants de troisième année, qui ont entamé leur parcours scolaire durant la pandémie. Ceux-ci semblent avoir un peu plus de difficultés émotionnelles.
«On ne sait pas encore si on peut attribuer ça à la pandémie ou au confinement, mais on a effectivement des petits qui ont besoin de soutien dans leurs compétences socioémotionnelles, c’est-à-dire qu’ils ont de la difficulté à gérer leurs émotions. En documentant toutes les situations, on pourra éventuellement tirer des conclusions», termine-t-elle.
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