Béatrice Gourdon ne baisse pas les bras

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Par Lise Tremblay
Béatrice Gourdon ne baisse pas les bras
Béatrice Gourdon s’est rendue au Kenya du 9 au 23 mars dernier. (Photo : gracieuseté)

COURSE À PIED. Faisant face à la maladie, Béatrice Gourdon, 54 ans, n’a pas l’intention de baisser les bras. Alors que les avis médicaux divergent, elle est allée puiser à la source de grands coureurs du monde, le Kenya, pour se préparer mentalement et physiquement à relever son plus grand défi sportif : l’ultra-trail de l’île de La Réunion. Une course de 160 kilomètres.

Ce costaud défi, la Drummondvilloise entend le réaliser en 2025. Il s’agit pour elle d’une épreuve qui la gardera tout entière connecter au verbe « vivre ».

Elle amorcera sa préparation dès cette année, étant inscrite à deux courses de 80 kilomètres, soit le Québec Mega Trail de Québec (juillet) de même que l’ultra-trail Harricana du Canada (septembre). Elle espère que les résultats qu’elle obtiendra lui permettront d’obtenir le feu vert nécessaire pour accéder au départ de l’épreuve de l’île de La Réunion.

Ce ne sera pas chose aisée, puisque Béatrice Gourdon est atteinte d’une dégénérescence osseuse, une maladie qui écorche de plus en plus ses genoux.

«Ma tante avait la même maladie. À l’époque, on l’avait mise sur un lit d’hôpital et elle est décédée à 35 ans. C’est pour ça que je vis ma vie à 200 km/h», exprime celle qui a participé en 2023 au Trek Rose Trip Sénégal avec deux femmes de la région.

Bien qu’elle soit une coureuse aguerrie et qu’elle a elle-même été entraîneuse, Mme Gourdon a senti le besoin d’approfondir ses connaissances de la course à pied et, surtout, de percer le mystère des marathoniens du Kenya. Leurs attributs physiques les mènent la plupart du temps sur les plus hautes marches des podiums.

Le 9 mars dernier, elle s’est donc envolée vers l’Afrique de l’Est en compagnie de dix personnes de la Clinique du coureur, qui regroupe des gens tout aussi passionnés qu’elle.

La Drummondvilloise a découvert les secrets des Kényans, un peuple reconnu pour ses performances en course à pied. (Photo gracieuseté)

«J’étais très curieuse de comprendre les fondements de Kényans. Je savais que j’allais m’enrichir, mais ç’a été plus que ça. J’ai découvert tout un monde de la course à pied qui n’a rien à voir avec le nôtre. Nous, on court pour le plaisir; eux, ils font ça pour se sortir de la misère. Ils courent vraiment en fonction de ce que leur souffle leur donne au moment de leur course. Ils sont très rares à courir avec des montres. Et physiquement, ils ont des mollets beaucoup plus profilés et hauts que les nôtres. Leurs longs tendons les avantagent», a-t-elle pu observer.

Au-delà du physique, elle a réalisé que les coureurs du Kenya s’entraînent deux fois par jour pour que le pas de course devienne une seconde nature.

«Pour s’améliorer, il faut faire deux sorties de 20 à 40 minutes par jour. C’est ce que ça prend pour que ton corps développe une routine sans se blesser. Tu t’améliores sans vraiment t’en rendre compte», partage celle qui a obtenu de précieux conseils pour progresser malgré la douleur.

Aussi étrange que cela puisse paraître, cette maladie découverte il y a une trentaine d’années, s’est avérée une puissante motivation.

«Je vais continuer de bouger tant que je pourrai. Je sais que si j’arrête de courir, ma vie sera un enfer. J’aurai l’impression de subir au lieu de vivre. Je suis allée au Kenya parce que je commençais à en arracher. Ç’a été difficile toute l’année dernière. La maladie a avancé. J’ai un ménisque fissuré et j’ai eu une greffe de la mâchoire. Pour éviter de penser à tout ça, j’avance. Je cours», exprime la dame à la fois déterminée et émotive.

Les médecins qu’elle a rencontrés localement avaient des avis contraires. L’un a recommandé qu’elle cesse de courir; l’autre, qu’elle continue puisque son corps est habitué de se mouvoir.

«Au Kenya, ils m’ont dit exactement la même chose. Je dois continuer de courir, mais en me respectant.»

Plus que tout, Béatrice Gourdon souhaite demeurer un exemple pour ses enfants. Le 19 mai, elle participera au marathon de la Course des Chênes-toi.

«Je veux vivre et m’éclater. Ma mère est morte du cancer à 54 ans, soit à mon âge. Je ne veux pas me laisser aller et faire vivre cela à mes enfants. Je n’ai pas la même vision de la vie que tout le monde. Moi, la vie, je veux la croquer», termine-t-elle.

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