SAINT-CYRILLE. Alors que des entrepreneurs de Saint-Cyrille-de-Wendover ne digèrent toujours pas leur faramineuse augmentation de taxes, le maire Éric Émond assure que «tout a été fait» pour limiter les dégâts. En entrevue, il explique que la Municipalité a encaissé tel un vent de face l’augmentation des taux d’intérêt et tenté de se relever cahin-caha de l’instabilité du personnel.
Saint-Cyrille est-il victime d’erreurs du passé? Affirmatif, si on s’en tient au maire Éric Émond, qui a repris le siège de maire au terme d’une élection partielle en novembre dernier. L’ex-maire Éric Leroux a choisi de ne pas compléter son mandat marqué par de nombreux épisodes difficiles de non-confiance à la table du conseil municipal. Une nouvelle conseillère municipale est aussi entrée en poste de même qu’une nouvelle directrice générale. Une deuxième en peu de temps.
«Les relations à l’interne étaient extrêmement tendues. Il y a eu deux départs de directrices générales. Elles ont quitté en laissant tout ça là. Le maire était présent, mais in and out. La dérape a commencé. Les factures et les dossiers ne faisaient pas tous l’objet de vérifications. Le suivi n’a pas été fait. On n’avait pas toutes les informations», soutient M. Émond.
À son entrée en poste, le nouveau maire informe qu’il a lu tous les procès-verbaux des conseils municipaux depuis 2021 pour s’enquérir de la réalité cyrilloise.
«Ensuite, la DG et moi, on s’est tapé toutes les factures et tous les règlements d’emprunt. On s’est investi corps et âme pour essayer de remettre ça droit. Idem pour le budget. On y a passé des heures et il n’y a pas de solution», concède-t-il.
Parmi les coups fatals, un prêt renouvelable de 9 M$ est venu faire trembler les murs du temple de la Route 122. Son taux d’intérêt est passé de 1 à 5 %. Montant supplémentaire que les Cyrillois doivent absorber : 800 000 $.
«On ne le savait même pas qu’on avait ce renouvellement à faire cette année. On n’avait pas de portrait global des finances de la municipalité. On s’est rapidement mis en mode solutions. Vous savez, personne n’est heureux cette année. Nos frais fixes (Sûreté du Québec, quote-part à la MRC, etc.) ont augmenté aussi. Tout ça nous est tombé dessus. Les industriels disent qu’ils ne veulent pas payer la note seuls, pourtant, il y a des citoyens qui nous appellent et se demandent comment ils arriveront à boucler leur budget», ajoute M. Émond, en précisant que le taux de la taxe résidentielle est passé de 0,615 % en 2023 à 0,6893 % en 2024. Dans les poches des contribuables, cela représente à un montant supplémentaire de 437 584 $.
Assurant que le conseil n’a eu «aucun plaisir» à monter les taxes, M. Émond soutient néanmoins comprendre la quarantaine d’industriels qui lèvent la voix et décrient des augmentations de taxes de près de 50 %.
«Les budgets sont très serrés et la DG surveille maintenant chaque dépense une par une. Si on obtient un surplus l’an prochain, ce sera les premiers (les entrepreneurs) à qui on pensera l’an prochain», laisse-t-il tomber.
Rappelons que le taux de taxe foncière industrielle de Saint-Cyrille est passé de 1,845 % à 2023 à 2,883 % à 2024. Lors d’un récent conseil municipal, plusieurs entrepreneurs se sont présentés à l’hôtel de ville pour exprimer leur frustration. Pour donner une idée, les taxes de l’entreprise Condor Chimique sont passées de 27 000 $ à 51 000 $, celles du restaurant A&W de 9000 $ à 18 000 $ alors que celles du marché Bouvette sont en hausse de 20 000 $.
Dans une mise en garde à peine voilée, quelques-uns ont évoqué lors d’une rencontre avec L’Express la possibilité de recourir à la justice. Pour le maire Éric Émond, qui a aussi entendu ce discours, il s’agit d’une option déplorable.
«Ça serait dommage qu’ils prennent leurs sous pour poursuivre la municipalité et que celle-ci doive se défendre aussi avec leurs sous», termine-t-il.
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