ÉDUCATION. Karine Veilleux est la mère d’Éli Dugré, un adolescent ayant des besoins particuliers. La Drummondvilloise remue ciel et terre pour que le Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) mette en place un service de garde pour la clientèle en adaptation scolaire à l’école secondaire Marie-Rivier.
Éli a fait son entrée à l’école secondaire Marie-Rivier à l’automne dernier. Il s’agissait d’une grande étape à franchir pour le jeune garçon qui a des besoins particuliers. Celui qui est âgé de 13 ans présente un trouble du spectre de l’autisme, un syndrome de Gilles de la Tourette, un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité ainsi que des troubles langagiers.
La transition entre l’école primaire et secondaire a nécessité une période d’adaptation. «Pour un élève typique, ça représente un stress immense. C’est la même chose pour les enfants ayant des besoins particuliers. Il y a des nuits qui étaient atroces pour Éli», soutient sa mère Karine Veilleux.
Ce n’est pas le seul changement auquel le jeune garçon a fait face. L’élève a perdu un service complémentaire à l’école, soit le service de garde. Depuis qu’il est jeune, il y a toujours eu quelqu’un pour l’accueillir à la maison familiale. Cette fois, c’est différent. Une fois qu’il débarque de l’autobus, il se retrouve dans une demeure vide.
Ses parents ont déployé beaucoup d’efforts pour développer son autonomie, mais ce n’est pas une mince affaire. «Éli n’a pas la notion du temps. Cinq minutes ou une heure, c’est la même chose pour lui. Il peut s’ennuyer très vite. Dans sa tête, c’est très long», mentionne Karine Veilleux, en ajoutant que quelques minutes sont nécessaires pour que son fils se désorganise.
Plusieurs essais ont été effectués dans le but de développer son indépendance. Ses parents quittaient pendant un court moment. Éli restait à la résidence. Parfois, tout se passait bien; d’autres fois, c’était la catastrophe.
Un soir, le jeune garçon est sorti à l’extérieur en criant à pleins poumons qu’il avait peur dans la maison parce qu’il était seul. Les parents ont été accueillis à la maison par les policiers qui les attendaient sur le pas de la porte.
C’est pour cette raison que la mère de famille réclame la mise en place d’un service de garde en adaptation scolaire à l’école secondaire Marie-Rivier. L’établissement compte environ 155 élèves en adaptation scolaire, selon le CSSDC.
«Ce service devrait être offert d’emblée. C’est un besoin», affirme-t-elle.
Ce sont les parents qui doivent en assumer la responsabilité. Résultat : Karine Veilleux a diminué sa tâche de 20 % au travail, dans le but de terminer sa journée plus tôt. Tous les jours, l’enseignante à l’école La Poudrière fait des pieds et des mains pour arriver à temps à la maison.
Pendant ce temps, Éli est seul chez lui. Il suit à la lettre sa nouvelle routine. Sa première mission est d’appeler sa mère via Messenger sur la tablette. Après, il se réfère à la liste de pictogrammes qui a été conçue par une intervenante du CIUSSS. Laver ses mains, vider sa boîte à lunch, prendre sa collation, sortir les chiens et regarder la télévision : voici les tâches qu’il doit accomplir.
Malgré tout, Karine Veilleux n’a pas l’esprit tranquille. Même si la situation s’est améliorée, les inquiétudes persistent. «Je ne sais jamais ce qu’il peut arriver. Quand je suis avec lui, il a des maladresses. Il tombe. Il s’étouffe. Je suis là. Dans le cas contraire, je ne sais pas ce qu’il va faire.»
La Drummondvilloise a fait plusieurs démarches pour faire entendre sa cause. Entre autres, elle a contacté la direction de l’école secondaire, en plus de s’adresser au conseil d’établissement. Karine Veilleux à assisté à une séance du comité de parents du CSSDC. Puis, elle siège au comité consultatif EHDAA (élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage).
Le centre de services scolaire a été interpellé par le comité de parents. Les membres du conseil d’administration ont pris le temps d’analyser la demande, fait savoir le directeur du service des communications du CSSDC, Normand Page.
Une réponse a été transmise au comité de parents quelques jours plus tard.
«Comme vous le savez, l’obligation d’assurer des services de garde est limitée aux élèves de l’éducation préscolaire et de l’enseignement primaire. Il n’existe donc aucune mesure de financement dans les règles budgétaires des centres de services scolaires pour mettre sur pied un tel projet dans une école secondaire. Évidemment, vous devez comprendre qu’un tel projet aurait des implications humaines et financières importantes», a dit le directeur général, Lucien Maltais.
«Dans l’éventualité où nous serions sollicités par des partenaires dans le but de collaborer à la mise en place d’un service de support aux parents, il nous fera plaisir d’évaluer la possibilité de collaborer avec eux.»
Un vide de service
Selon la présidente du comité de parents, Marie Pier Bessette, les parents d’élèves ayant des besoins particuliers vivent actuellement un vide de service, et ce, à l’échelle du Québec.
Afin de répondre au besoin, certains centres de services scolaire ont mis en place des mesures par eux-mêmes.
«Le comité de parent est à 100 % en faveur de l’implantation d’un service de garde en milieu secondaire. On comprend les réalités de financement. On ne blâme pas nécessairement le centre de services scolaire. On a interpellé plus haut. On pense qu’en tant que société, on est rendu là.»
Marie Pier Bessette souhaite que les élus prennent connaissance du dossier et réfléchissent sur cet enjeu de société.
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