Drummondville, plaque tournante de la production de vinyles

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Par Lise Tremblay
Drummondville, plaque tournante de la production de vinyles
Marjolène Millien, Jeff Beaulieu et Marie-Danièle Foster. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ENTREPRISE. Du disque compact au vinyle. Treize ans après la faillite de Disque Améric qui faisait la fierté de toute la communauté, la jeune entreprise Drummond Vinyl impressionne. En créant trois disques par minute, elle vient combler un besoin important de l’industrie musicale du Québec, des États-Unis et même de l’international.

Au cours du mois de novembre 2022, Drummond Vinyl a investi plus d’un million de dollars pour acquérir des équipements spécialisés et démarré ses opérations au sein de l’incubateur industriel.

L’entreprise fait tout de A à Z. Elle achète des particules de vinyles neuves ou recyclées, selon les spécifications de l’artiste, et crée des milliers de cercles auditifs.

«La beauté ici, c’est qu’on peut faire n’importe quoi et de n’importe quelle couleur. On peut faire des mélanges, créer des effets, etc. On a deux machines : l’une pour faire les disques noirs et une autre semi-automatique pour fabriquer des disques en couleur», explique Jeff Beaulieu, cofondateur de l’entreprise.

Jeff Beaulieu est cofondateur de Drummond vinyle. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Le mot créer est important ici. Chez Drummond Vinyl, un soin méticuleux – qui vient avec des heures d’essais et d’erreurs – est apporté à la conception du produit. Certains artistes demandent des produits uniques et cette nouvelle entreprise sait comment les satisfaire.

«Sur une commande de mille vinyles d’une même œuvre, aucun ne sera identique. C’est la beauté de la chose. Les fans aiment ça et ça devient un objet de collection», ajoute M. Beaulieu, qui aussi guitariste pour le groupe Your Favorite Enemies, celui-là même qui a acheté l’ancienne église Saint-Simon en 2010, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste.

Alors qu’on pourrait penser que ce support n’existe plus, un peu comme la disquette chez l’ordinateur, le marché du vinyle connaît actuellement un réel engouement. L’an dernier, le marché a connu une augmentation de 17 %. Jeff Beaulieu a vu s’élever la vague et a su saisir l’opportunité.

«Durant la pandémie, les délais de fabrication ont éclaté. Ils sont passés de 12 semaines à un an d’attente. Ça devenait compliqué, notamment parce que les artistes ont besoin de leurs vinyles pour partir en tournée. On a toujours été indépendants et on n’a jamais dépendu de personne. Quand on a vu ça, on s’est dit go, on part une entreprise. On ne connaissait rien là-dedans, mais on a tout appris», communique M. Beaulieu, qui loue deux locaux au sein de l’incubateur industriel.

Plus que de la musique

Les commandes n’ont pas tardé à s’additionner dans cette usine qui a été peinte en orange à l’intérieur. Délais de livraison : douze semaines.

Un disque unique et fabriqué chez Drummond Vinyl. (Photo Ghyslain Bergeron)

«À travers les années, j’ai participé à plein de conférences de musique partout dans le monde. Je suis allé au Japon, en Australie, aux États-Unis et en Europe. J’ai rencontré beaucoup de labels et d’agents d’artistes. Au Québec et au Canada, je connais pratiquement tout le monde. Juste avec le bouche-à-oreille, nous avons déjà un paquet de demandes. Je pense que l’entreprise va mettre Drummondville sur la carte», laisse-t-il tomber, sans toutefois dévoiler le nom des artistes ou des étiquettes qui ont choisi son entreprise.

Les vinyles sont fabriqués à partir de granules comme celles-ci.
(Photo Ghyslain Bergeron)

«On ne veut pas juste faire des produits de plastique ou de carton d’une façon très industrielle. On fabrique des objets de valeur en créant une réelle complicité avec les artistes et les labels. On veut que nos disques deviennent un partage culturel. Pour nous, la musique n’est pas un produit. On croit qu’elle a le pouvoir de changer le monde», exprime Jeff Beaulieu, déterminé.

Pour cet artiste maintenant devenu homme d’affaires, le vinyle appelle carrément au bonheur de l’individu et le ramène à ses bases.

«Le fait d’avoir un tel produit dans ses mains – avec la grosse pochette de carton – nous fait participer à l’art. La musique, ce n’est pas juste d’aller en studio et de faire une chanson. C’est beaucoup plus que ça. Je trouve que la consommation est tellement rapide aujourd’hui. Spotify, c’est cool. Ça nous permet d’écouter notre musique partout où on va. Le vinyle, lui, permet de savourer entièrement une œuvre. Il nous permet d’arrêter le temps», fait-il réaliser.

Deux sœurs, Marjolène Millien et Marie-Danièle Foster, ont la responsabilité de faire fonctionner l’usine. Comme on dit en bon Québécois, elles ont tout appris sur le tas, acceptant d’aller suivre des formations aux États-Unis et de visiter des installations un peu partout.

«Notre mission a toujours été la même : faire de la qualité. On est comme une épicerie fine. On préfère vendre moins de produits, mais qu’ils soient impeccables. C’est notre mentalité», insiste Jeff Beaulieu, tout en précisant que les compagnies musicales commandent entre 100 et 4 000 vinyles à la sortie d’un album, selon la notoriété de l’artiste.

Une rondelle de vinyle est produite puis pressée dans une machine spécialisée. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Le son du vinyle est unique à cause des fréquences. Elles sont moins compressées. Il y a un côté plus organique à l’écoute. Il y a de petites imperfections dans le son, ce qui en fait toute la beauté. Quand tu écoutes un vinyle, t’as parfois l’impression que l’artiste ou le band est dans ton salon», ajoute M. Beaulieu.

Un disque fraîchement pressé. La musique est déjà incluse. (Photo Ghyslain Bergeron)

Malgré la jeunesse de son entreprise, il a déjà débuté la réflexion pour augmenter sa capacité.

«On veut déjà agrandir et acheter de nouvelles machines. C’est qu’au Canada, il y a un gros fabricant à Toronto, mais il n’a pas de connexion avec les labels. On parle de grosses productions et les délais sont longs. On veut créer un climat trippant de travail avec d’autres potentiels clients», termine Jeff Beaulieu.

 

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