BUDGET. Le conseil municipal de Wickham a adopté, le 24 janvier, un budget qui réduit la charge fiscale des citoyens, mais qui force également la Municipalité à se serrer la ceinture et espérer qu’aucun imprévu ne survienne.
Rappelons que le conseil municipal avait voté contre la mouture du budget présenté le 20 décembre dernier. Dans le nouvel exercice, l’augmentation moyenne des taxes pour les résidences passe de 7,77 %, par rapport à 2023, à 5,75 %. Celle des commerces se situe à 12,15 %, pour les industries l’augmentation de la taxation est dorénavant de 16,2 % et elle se trouve à 7,98 % pour les propriétés agricoles.
Afin de réduire les taxes foncières des résidents, Wickham a coupé dans pratiquement tous les postes budgétaires. De plus, une part du surplus, de 116 917 $, est utilisée pour boucler l’exercice.
Un nouveau rôle d’évaluation fait aussi augmenter la richesse foncière de la Municipalité de 33 %. La valeur moyenne d’une résidence unifamiliale enregistre une hausse de 36 % pour se retrouver à 295 427 $.
«Nous avons ajusté nos taux de taxes afin d’amoindrir cette hausse. Les différentes tarifications ont subi un léger ajustement pour refléter les coûts réels des services. On constate ainsi une augmentation du compte de taxes d’environ 96 $», a expliqué la mairesse, Luce Daneau, lors de la séance extraordinaire tenue devant une vingtaine de citoyens.
Le taux de taxation par tranche de 100 $ d’évaluation passe donc de 0,4760 $, l’an dernier, à 0,3799 $, cette année, pour les résidences. Les taux de taxation des immeubles non résidentiels, industriels ainsi que les agricoles et forestiers ont tous été réduits pour contrer l’effet du rôle d’évaluation.
Le budget de la Municipalité affiche donc un total de dépenses de 4 532 796 $, soit 26 540 $ de plus qu’en 2023.
«C’est mieux que c’était. La baisse de 2 % de l’augmentation est quand même considérable. C’est bien que le conseil se soit ravisé sinon ça nous faisait près de 15 % d’augmentation en deux ans; ce qui est beaucoup», a dit la Wickhamoise Line Aubin.
«Ils ont dit qu’ils seront disciplinés en 2024, mais ils auraient dû l’être avant. Ce sont des dépenses antérieures qui prennent la Municipalité à la gorge aujourd’hui», a imagé le citoyen Vincent Bédard.
Les sources de revenus de Wickham ont peu augmenté. La Municipalité ne peut autoriser la construction de nouvelles résidences puisque son usine de traitement des eaux usées est au maximum de sa capacité. De plus, très peu de ventes de maison ont eu lieu en 2023, privant la Municipalité de revenus en taxes de mutation.
Optimisme
Malgré une année qui s’annonce difficile sur le plan financier, la mairesse Luce Daneau préfère voir le tout d’un œil optimiste. Elle a affirmé qu’elle allait demeurer vigilante afin qu’aucune dépense imprévue ne s’ajoute en cours d’année.
La mise à niveau de l’usine de traitement des eaux usées et des étangs aérés sera le projet à faire avancer de façon prioritaire en 2024. Une fois celui-ci réalisé, la Municipalité pourra donner le feu vert aux promoteurs intéressés de bâtir de nouvelles résidences.
«Pour faire ces travaux, on a besoin d’une subvention, qui est la TECQ [Programme de la taxe sur l’essence et de la contribution du Québec]. Nous devons attendre l’aval du gouvernement pour avancer. Comme dans tout malheur il y a du positif, les délais supplémentaires nous ont permis de trouver une autre technologie qui est beaucoup moins chère et plus efficace», a indiqué Mme Daneau.
D’ici à ce que cette mise à niveau soit terminée, Wickham ne pourra réaliser tous les projets souhaités. Ainsi, la mairesse prévoit déjà que l’exercice budgétaire de 2025 sera tout aussi difficile. La dernière chose qu’elle veut est d’endetter la Municipalité avec un emprunt ou taxer à nouveau les citoyens en cours d’année pour couvrir le coût d’un imprévu.
«La situation pourrait être pire en 2025 parce que des dépenses vont augmenter. En se serrant la ceinture cette année, obligatoirement on devra le faire en 2025. Notre conseil a l’idée louable de laisser les taxes les plus basses possibles, mais je crains qu’on soit dans la même impasse dans un an», a noté Mme Daneau.
«Je suis d’accord avec le fait qu’il y a des défis cette année comme il y en aura ces prochaines années parce que les revenus de la Municipalité ne croissent pas comme les dépenses, a mentionné le conseiller Michael Côté en séance. C’est un budget qui peut paraître serré, mais je crois qu’il est très responsable. C’est notre devoir comme administration publique de dépenser les sommes de façon responsable.»
En séance, Luce Daneau s’est abstenue de voter sur le budget, mais elle a mentionné qu’elle aurait voté contre. Selon elle, il ne s’agit pas d’un budget «responsable et qu’il met la Municipalité dans une situation un peu fragile».
«Je ne suis pas contre le fait d’abaisser les taxes, mais cette année n’était peut-être pas le bon moment pour le faire. Maintenant, il faut le respecter», a conclu la mairesse.
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