SANTÉ. L’état de l’hôpital Sainte-Croix nuit aussi au milieu économique de la grande région de Drummondville, qui cherche de toutes les façons à fidéliser ses employés et à attirer localement de la nouvelle main-d’œuvre.
Invité à la conférence de presse pressant le gouvernement Legault à inscrire sans délai à son agenda le projet de construire un nouvel établissement de santé à Drummondville, le chef de l’exploitation du Groupe Soucy, Jasmin Villeneuve, a été catégorique : l’hôpital n’est pas digne de la région. Il est «vital» d’offrir aux travailleurs des grandes entreprises qu’il représente des infrastructures publiques de qualité, tant en santé qu’en éducation.
«Ces dernières années, nos entreprises ont connu une période de forte croissance. Et dans le cadre de nos efforts de recrutement, je vous assure que nous avons été à même de constater à quel point les candidats accordent de l’importance aux infrastructures, qui se trouvent à proximité de leur lieu de travail. C’est une question de qualité de vie pour eux, mais aussi pour leur famille», a-t-il fait valoir.
Estimant que la solution à la pénurie de main-d’œuvre ne réside pas seulement dans l’attraction de nouveaux talents, M. Villeneuve ajoute qu’il est primordial de fidéliser les employés actuels afin de conserver localement leur expertise. D’offrir des soins de qualité – dans des lieux optimaux – est donc une nécessité pour éviter que ces talents ne quittent la région.
Pour poursuivre son élan de croissance, le Groupe Soucy indique qu’il doit tout de même piger sa main-d’œuvre dans le bassin de population des autres grandes régions métropolitaines du Québec. Et on devine que la compétition est féroce.
«Nous n’avons pas le choix d’être compétitifs à tous les points de vue. Pour maximiser l’apport de chacun de nos employés, nos services de santé de proximité doivent être absolument au rendez-vous. Nous devons soutenir nos employés en nous assurant une qualité et une accessibilité des services de santé. Malheureusement, ce n’est pas possible aujourd’hui», a-t-il déploré.
À ses yeux, il est clair que le manque d’espace et l’état d’obsolescence de l’hôpital Sainte-Croix placent les professionnels de soins dans un «état de précarité» et que les contrecoups de cette situation rebondissent sur les épaules des entrepreneurs.
«Le futur du Groupe Soucy est à Drummondville. On y investit massivement pour répondre aux besoins de nos clients, mais les infrastructures et les services doivent absolument suivre les besoins de la population», affirme M. Villeneuve.
Il y a donc un risque de ralentissement économique, selon les voix du secteur économique.
Une région qui croît rapidement
Le directeur général de la Société de développement économique de Drummondville, Gerry Gagnon, appelle quant à lui à la cohérence du message porté par le gouvernement du Québec, qui a la ferme intention de poursuivre le développement économique de la province à la vitesse grand V.
«Nous sommes une des régions les plus dynamiques du Québec. Pour être cohérents – et ne pas freiner les ambitions du gouvernement de continuer le développement économique du Québec -, nous devons aussi avoir les outils pour nous réaliser et ça commence par des soins de santé», a-t-il souligné.
M. Gagnon a aussi fait observer que la région du Centre-du-Québec affiche un taux de chômage deux fois plus bas que la moyenne du Québec puis qu’une forte croissance économique est anticipée pour les prochaines années.
«Nous sommes dans une économie qui va très bien et la population est en augmentation depuis dix ans. Nous sommes la 5e région en termes de croissance au Québec. Ça se traduit par des investissements. Depuis cinq ans, notre secteur industriel a investi 1,5 milliard de dollars. Et ça s’accélérera notamment avec l’arrivée de la filière batterie à Bécancour. Ultimement, on aura besoin de services et de spécialistes», ajoute M. Gagnon.
Le directeur général a par ailleurs exposé un argument peu entendu jusqu’à présent dans le dossier du nouvel hôpital : la population de la région doit débourser plus d’argent que leurs voisins en Mauricie pour obtenir des soins spécialisés comme en urologie ou en oncologie.
«Le fait que l’hôpital soit désuet ajoute un poids économique aux citoyens. Et ça, ça n’a pas de bon sens. Quand on regarde la masse de la population du Centre-du-Québec, il y a quand même 43 % de la population qui est concentrée ici. Donc, ces gens doivent prendre leur voiture et faire 50 minutes de route pour se rendre à Trois-Rivières et se faire soigner. C’est ahurissant», a-t-il exprimé, tout en rappelant que le revenu disponible des gens d’ici est inférieur à la moyenne québécoise d’environ 3 000 $ et que la population centricoise est plus âgée que la moyenne du Québec. «Elle nécessite donc plus de services de proximité», a-t-il terminé.
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