Sylvie Savoie à une étape charnière de la restauration des vitraux de l’église St. George

Photo de Emmanuelle LeBlond
Par Emmanuelle LeBlond
Sylvie Savoie à une étape charnière de la restauration des vitraux de l’église St. George
Sylvie Savoie s’est lancé dans un projet d’envergure, celui de restaurer les vitraux de l’église St. George, datant de 1855. (Photo : Ghyslain Bergeron)

PATRIMOINE. L’artiste verrier Sylvie Savoie est rendue à une étape charnière de la restauration des vitraux ancestraux de l’église St. George. Après plusieurs mois de travail intensif, elle s’attaque à la pièce de résistance, la vitre maîtresse. 

Depuis un certain temps, la vie professionnelle de Sylvie Savoie tourne autour de ce projet. Elle s’y consacre à temps plein, passant plusieurs heures par semaine dans son atelier à Saint-Lucien. L’artisane de la lumière restaure actuellement la vitre maîtresse, composé de trois vitraux en forme d’ogive.

L’artiste verrier s’attaque à la vitre maîtresse. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Ce n’est pas une mince affaire. Tout d’abord, les œuvres ont été retirées du bâtiment religieux par les ouvriers de l’entreprise Construction Benoit Moreau. L’opération était délicate puisque les vitraux ont perdu leur rigidité avec le temps.

Ensuite, le tout a été livré à l’atelier de l’artiste. C’était à son tour d’entrer en jeu. Sylvie Savoie a fait une empreinte des œuvres sur un papier calque, tout en numérotant chaque pièce dans le but de reproduire le même résultat au réassemblage.

Le dessertissage a été une tâche à fois délicate et complexe. «J’avais le mandat de dessertir les pièces d’origine, c’est-à-dire d’enlever tout le plomb. Je me suis rendu compte que les normes n’ont pas été respectées lors de la dernière restauration en 1966. Le ciment était très dur. C’était difficile de l’enlever sans rien casser. Ça m’a pris trois fois plus de temps pour tout dessertir», mentionne-t-elle.

La vitrailliste doit recoller les parties brisées. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Les morceaux de verre, datant de 1855, ont une épaisseur de seulement deux millimètres, ce qui les rend facilement cassables. Lors du processus, Sylvie Savoie a dû faire preuve de beaucoup de doigté. «À la moindre pression, ça brise», commente-t-elle.

Deux mois plus tard, la vitrailliste a procédé au nettoyage. Toutes les pièces ont été passées au peigne fin. «J’ai suivi les consignes françaises. Ils ont un historique assez exceptionnel. Ils ont plusieurs vitraux. J’ai fait tremper les morceaux pendant quelques semaines dans l’eau déminéralisée pour être sûre que les minéraux n’attaquent pas la grisaille. Il s’agit d’une peinture qui est cuite au four. C’est quand même assez fragile. Il faut être très vigilant à ce niveau.»

Au moment d’écrire ces lignes, Sylvie Savoie est en train de remplacer ou réparer les morceaux brisés. Chaque vitrail est reconstitué tel un casse-tête.

Sylvie Savoie effectue des tests de couleur de grisaille. (Photo : Ghyslain Bergeron)

La Luciennoise fait preuve d’une détermination sans faille. «C’est l’étape qui demande le plus d’analyse. Je fais des tests de couleur de grisaille. Je recolle les pièces ensemble. Je coupe le verre. Je reproduis les pièces manquantes. Je fais des pochoirs», énumère-t-elle.

Rien n’échappe à l’œil de l’artiste verrier. «Je corrige les défauts. Il y a une quantité phénoménale de pièces qui ont été posées à l’envers lors de la dernière restauration.»

Une fois cette étape complétée, Sylvie Savoie pourra passer au sertissage. Sa partie préférée. «J’aime travailler avec la précision. Avant de commencer le sertissage, je vais m’assurer que mes pièces soient pareilles et que les angles soient parfaits.»

La vitrailliste mettra à profit ses nouveaux apprentissages. En 2022, elle a visité la France pendant un mois dans le but de perfectionner son art auprès d’une experte en fabrication artisanale de vitraux, Nathalie Falaschi, établie à Ners.

Une représentation de la Sainte-Trinité.(Photo : Ghyslain Bergeron)

Il s’agit d’une expérience enrichissante sur tous les plans. «J’ai appris beaucoup de choses, dont une nouvelle technique de sertissage. Ça donne une longévité plus grande au vitrail comparativement à la technique anglaise qu’on fait en Amérique.»

C’est en 2021 que Sylvie Savoie a embarqué dans le projet de restauration des vitraux de l’église, remportant un appel d’offres. Le travail en atelier a débuté l’année suivante. Jusqu’à présent, elle a restauré les vitraux qui sont situés de chaque côté du bâtiment. Les œuvres ont été installées. «Quand je vois le travail final, je ressens une grande fierté. C’est le jour et la nuit», souligne-t-elle.

La mission de la vitrailliste était de restaurer huit des douze vitraux de l’édifice selon les techniques de l’époque. «Je trouve que c’est un beau legs à ma communauté. C’est important que ça perdure.»

Rappelons que l’église anglicane St. George est située en plein cœur du centre-ville. Achevée en 1864, elle est la plus vieille église de la municipalité. Sur le même terrain, on retrouve un presbytère et un cimetière qui accueillent parmi les plus vieilles sépultures de Drummondville, incluant celle de son fondateur, Frederick George Heriot, décédé en 1843.

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