Après avoir ému le Québec, Stéphanie Lavoie n’écarte pas la possibilité de recourir à l’aide médicale à mourir

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Par Claude-Hélène Desrosiers
Après avoir ému le Québec, Stéphanie Lavoie n’écarte pas la possibilité de recourir à l’aide médicale à mourir
Stéphanie Lavoie et son amoureux. (Photo : Gracieuseté)

DRUMMONDVILLE. Stéphanie Lavoie, dont L’Express racontait l’histoire en mars dernier, s’accroche à tous les espoirs possibles. Les souffrances physiques et psychologiques qu’elle vit l’amène à demander l’aide médicale à mourir, à défaut de mieux.

La Drummondvilloise ne se nourrit que de bananes, parce que son système ne tolère plus rien d’autre. Elle ne pèse plus que 68 livres et vit dans la peur qu’un de ses organes ne s’arrête.

En mars dernier, Stéphanie Lavoie racontait qu’elle souffrait de symptômes très lourds causés par la maladie de Lyme. Sans médecin de famille, épuisant toutes ses économies dans des services privés, elle rêvait d’un traitement offert au Mexique pour améliorer sa qualité de vie.

Les citoyens ont été touchés par son histoire. La campagne de sociofinancement mise sur pied par ses proches a recueilli près de 100 000 $, ce qui lui a permis de se rendre au Mexique.

Stéphanie Lavoie durant les traitements au Mexique. (Photo gracieuseté)

Suppléments naturels, médications, antibiotiques, antioxydants administrés par intraveineuse. Traitement d’hyperthermie sous anesthésie. Chambre hyperbare. Soins pour «nettoyer» son système digestif et «détoxifier» son système de métaux lourds et des moisissures. C’est un arsenal de soins qu’elle reçoit au Mexique. Stéphanie Lavoie a été très satisfaite de son expérience.

Par contre, ses problèmes digestifs prennent le dessus. «Deux semaines après mon retour au Québec, j’ai eu une grosse rechute, alors que normalement le processus prend trois mois avant d’arriver à son plein effet. C’est sûr que l’alimentation, c’est la base de toute guérison», a-t-elle fait savoir jeudi matin lors d’un entretien téléphonique. La spécialiste mexicaine, voyant ses problèmes d’alimentation, soulève des hypothèses. Stéphanie Lavoie en vient à trouver un syndrome qui pourrait expliquer ses symptômes.

«Ce syndrome est difficile à comprendre. Il n’y a que les bananes qui ne me créent pas de souffrance quand je ne suis pas en crise. Ce sont des douleurs qui partent du nombril et qui vont jusqu’aux clavicules. Ça peut être nerveux, je n’endure pas un chandail ou un drap sur moi. Je ressens des points comme des aiguilles sous les côtes. Parfois, ça va aller selon les positionnements, je ne peux pas vraiment me mettre sur le côté. J’en viens que j’en ai du mal à respirer tellement c’est douloureux. C’est intolérable».

Questionnée à savoir si elle a eu accès à un neurologue, la jeune femme a indiqué qu’elle en a rencontré «3-4 depuis son retour du Mexique et que rien n’est ressorti de ça».

La jeune femme a arrêté d’avoir des menstruations, elle perd ses cheveux. Elle pèse 68 livres. «Mon corps a mis toutes ses réserves à juste me faire survivre. C’est sûr que ça m’empêche d’avoir des bénéfices optimaux des traitements au Mexique».

Hospitalisée en octobre, on lui a installé un tube de gavage au niveau gastrique. Malheureusement, elle n’arrive pas à l’utiliser pour se nourrir parce que la douleur persiste. Retour aux bananes. «Tant que je ne pourrai pas me nourrir, il n’y aura pas d’amélioration possible», clame-t-elle.

«Est-ce qu’ils attendent que je passe à l’acte moi-même ?»

À la suite de la parution de son histoire dans les médias, le ministère de la Santé et des Services sociaux s’est engagé à lui trouver une place dans une clinique spécialisée pour la COVID longue et la maladie de Lyme.

Elle a dû attendre en septembre pour entamer des traitements dans cette clinique. Il est alors prévu qu’elle reçoive cinq traitements de plasmaphérèse, ce qu’elle explique comme une sorte de nettoyage du sang. Elle s’est fait installer un cathéter relié au cœur. Finalement, après trois traitements, elle a reçu un appel pour lui annoncer qu’on arrêtait tout.

«Ça a pris 6-7 mois avant d’entamer quelque chose qui est mort dans l’œuf. On m’a dit que du côté de l’administration, ils revenaient sur leur décision en me disant qu’il n’y a pas vraiment de données probantes. J’ai reparlé au spécialiste de la clinique qui m’a dit qu’il avait les mains liées avec la réticence de l’administration, alors mon dossier a été fermé. Les services que j’ai reçus n’ont pas été grand-chose au final. J’ai été déçue», exprime-t-elle.

À ce jour, elle n’a pas non plus de médecin de famille.

«J’ai fait une demande d’aide médicale à mourir en septembre. On n’a plus les moyens financiers et je n’ai plus le moral. Ça fait deux mois et demi de ça et jamais je n’ai eu de nouvelles. Est-ce qu’ils attendent que je passe à l’acte moi-même ?», s’écrie Mme Lavoie.

Du même souffle, elle tient à mentionner qu’elle aimerait continuer à se battre.

Elle s’accroche à une éventuelle intervention. «Il y a une chirurgie qui existe pour le syndrome dont je crois être atteinte, chirurgie qui est beaucoup plus connue par des experts aux États-Unis. C’est autour de 70 000 $. On s’entend qu’avec tous les traitements que j’ai déjà, je n’ai pas ces moyens-là. J’ai fait des démarches auprès de la Ville pour savoir ce que je peux faire comme autofinancement. Je n’ai pas eu de retour, c’est très long».

Elle attend des nouvelles de la Régie des rentes également, pour savoir si sa demande d’invalidité est accordée.

«Je n’ai pas de médecin de famille, tous mes services sont au privé. Tout ce qui me permet de maintenir mon état et ne pas me dégrader, c’est tout au privé. J’ai besoin de quelqu’un à temps plein à la maison. Mes frais de santé sont exorbitants».

Ses proches et elle ont pris à la gorge, financièrement.

A-t-elle eu accès à un travailleur social, un psychologue, un psychiatre ?

«Oui, pour moi et mes proches, une intervenante du CLSC est là», conclut-elle.

 

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