JUSTICE. L’ex-joueur des Voltigeurs, Noah Corson, accusé d’agression sexuelle sur une mineure, a livré sa version des faits mercredi au palais de justice de Drummondville.
Dans une salle presque remplie, Noah Corson a donné sa version des faits qui s’est avérée être très différente de celle de sa victime alléguée la veille.
Dans la tête de l’accusé, il n’y a aucun doute : il y aurait toujours eu consentement de la part de la présumée victime au moment des faits survenus à l’automne 2016 qui impliquaient aussi deux de ses amis joueurs de hockey. Ces individus, qui étaient mineurs lors de cette soirée, ont déjà plaidé coupables devant le Tribunal de la jeunesse.
«C’était clair, net et précis qu’il y avait consentement! Elle faisait elle-même les mouvements», a expliqué Noah Corson en faisant référence aux fellations qu’elle faisait à ses amis.
Noah Corson a aussi affirmé qu’il n’était pas du tout au fait de l’âge de la présumée victime, qui avait 15 ans lors de cette soirée. Selon lui, elle avait l’air d’avoir 18 ans et même davantage. Il s’agit d’un élément important dans le procès puisqu’une personne de moins de 16 ans ne peut pas consentir légalement à une activité sexuelle de groupe.
La tension a quelque peu monté durant le contre-interrogatoire lorsque le procureur à la Couronne, Me Marc-André Roy, a interrogé Noah Corson sur l’âge de la victime alléguée et sur la notion du consentement. L’avocat lui a demandé à maintes reprises pourquoi il n’avait jamais demandé l’âge de la fille, son niveau de scolarité et l’école qu’elle fréquentait.
«Ça ne vous ait pas passé à l’esprit de lui demander son âge?», a demandé Me Roy à l’accusé.
M. Corson a répondu d’un ton assuré «que c’était clair dans sa tête qu’elle était majeure».
«J’aurais dû demander ses cartes d’identité», a-t-il ajouté.
Selon sa perception des choses, plusieurs aspects ont permis de croire qu’elle était majeure puisqu’elle sortait dans les bars, qu’elle buvait de l’alcool, qu’elle avait un compte Tinder et qu’elle parlait de sa vie sexuelle.
Il a également expliqué qu’il croyait que l’appartement de la présumée victime était le sien. Il n’était pas au courant qu’elle vivait avec sa mère ainsi qu’avec son frère et sa sœur. Il pensait qu’elle vivait avec une amie.
Il n’en fallait pas plus pour que Me Roy rétorque en expliquant à Noah Corson que plusieurs personnes boivent de l’alcool avant 18 ans, que nombreux se font faire de fausses cartes d’identité pour entrer dans les bars et qu’il n’est pas rare de voir des adolescents avoir une vie sexuelle avant l’âge de 18 ans.
L’ancien joueur des Voltigeurs s’est défendu en expliquant qu’il n’avait pas réfléchi à ces possibilités lors de l’événement.
Quant à Me Marc-André Roy, il a jugé bon de dire à l’accusé qu’il n’avait pas fait les démarches nécessaires à l’époque pour s’assurer de l’âge de la plaignante.
Récapitulatif de la soirée
Comme l’a indiqué un des présumés agresseurs au cours de son témoignage de mardi, l’accusé aurait rencontré la victime alléguée et son amie pour la première fois à la sortie de la Cage – brasserie sportive de Drummondville. Le trio cherchait quelque chose à faire. Noah Corson souhaitait rencontrer du monde puisqu’il n’en connaissait pas beaucoup en région. L’un des présumés complices, qui était l’ex-fréquentation de la plaignante, l’a alors contactée pour qu’elle s’amène avec son amie.
C’est ainsi qu’ils se sont rendus à l’appartement de la présumée victime. Contrairement à ce que cette dernière a témoigné durant la journée de mardi, à savoir que les trois personnes seraient immédiatement entrées dans sa chambre, M. Corson a mentionné devant le Tribunal que des discussions à la table de cuisine ont eu lieu dans une atmosphère plaisante au cours de la soirée. Le hockey et les sorties dans les bars ont été les principaux sujets de discussion.
La conversation aurait alors tourné de manière sexuelle. M. Corson aurait proposé de faire un «trip à trois». Selon la version des faits de M. Corson, la présumée victime aurait été «flirty» et engageait plus les discussions que les autres personnes présentes dans la pièce.
Le fils de l’ancien joueur du Canadien de Montréal, Shayne Corson, a affirmé que tout le monde semblait à l’aise à l’idée d’avoir des relations sexuelles de groupe. Une fois dans la chambre, l’amie de la présumée victime aurait quitté la pièce n’étant plus confortable à l’idée de participer au plan de M. Corson. Ce dernier a assuré qu’elle n’a pas eu de pression pour rester dans la chambre et que sa décision était respectée.
Ce qui a suivi a été fait avec le consentement de la présumée victime, a insisté l’accusé.
«On s’est demandé si on faisait une nouvelle expérience et tout le monde a dit oui! Elle a alors dit : “oui, go”. Elle nous a ensuite sorti des condoms», a indiqué ce dernier en parlant de la plaignante.
Plus tard, alors que la présumée victime aurait fait des fellations aux deux autres joueurs de hockey, M. Corson l’aurait alors pénétré par derrière. Il a affirmé qu’elle n’avait rien dit, qu’elle était toujours consentante et qu’elle avait super bien réagi.
Après la soirée, ils ont eu quelques discussions avant de quitter des lieux, car un couvre-feu obligeait M. Corson, et l’un de ses amis coéquipier chez les Voltigeurs, à retourner à leur maison de pension. Selon ses dires, elle était dans le même état d’esprit qu’au début et ne semblait pas du tout dérangée par ce qui venait de se passer. Contrairement à ce que l’un des présumés complices a dit lors de son témoignage de mardi, à savoir que la plaignante avait pleuré et que son mascara avait coulé, M. Corson a affirmé ne pas avoir été témoin de cela.
Plaidoirie de la défense
Aux yeux de l’avocat de Noah Corson, Me Jasmin Laperle, il est clair que les trois versions devraient soulever un doute raisonnable quant au consentement. Il explique que si son client avait commis une erreur sur l’âge de la victime alléguée, c’est parce qu’il «croyait sincèrement qu’elle était majeure ou minimalement en âge de consentir».
L’avocat a aussi suggéré au juge de complètement écarter la version des faits de la plaignante puisqu’elle «manquait de crédibilité et n’avait pas de sens» aux yeux de Me Jasmin Laperle.
Plusieurs informations coordonnaient entre la version des faits du présumé complice qui a témoigné mardi et celle de M. Corson. Me Laperle croit donc qu’il y a un manque de fiabilité dans la version relatée par la plaignante.
Les plaidoiries de la Couronne auront lieu le 30 novembre prochain.
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