NÉGOCIATION. La pression s’accentue sur le gouvernement Legault afin d’améliorer les conditions de travail du personnel de l’éducation. Plus de 750 personnes du milieu scolaire de la MRC de Drummond étaient présentes pour faire part de leur mécontentement lors d’une grande manifestation devant le Centre de services scolaire des Chênes.
C’est dans une ambiance chaleureuse et décontractée au son de la musique entraînante que des centaines de manifestants étaient plus prêts que jamais à faire valoir leur colère. Leur but étant de faire passer le message au directeur général du Centre de services scolaire des Chênes pour qu’il puisse, à son tour, l’acheminer au gouvernement.
«Quel beau groupe de personnes écœurées et mobilisées pour offrir un système d’éducation de qualité à la population», lance en entrée de jeu Karine Boudreau, psychologue à l’école Jean-Raimbeault et déléguée adjointe du Syndicat du personnel professionnel de l’Éducation du Cœur et du Centre-du-Québec, lors d’une allocution.
Plusieurs enjeux chauds étaient à l’honneur comme le salaire qui ne suit pas l’inflation, le régime retraite et le besoin criant de personnel dans toutes les sphères de l’éducation.
C’est une situation alarmante pour tous les employés de soutien scolaire qui demeurent essentiels dans le développement des jeunes qui en feront les citoyens de demain. C’est ce qu’a mentionné Kathy Leblanc lors de sa prise de parole, nouvellement présidente du personnel de soutien du Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC).
«Est-ce qu’il y a des travailleuses et travailleurs qui sont ici aujourd’hui qui en ont assez d’être ignorés et diminués dans leur profession?», demande celle qui a vu la foule exprimer son accord de vive voix.
Parmi les réalités vécues par ces gens, on y remarque que les employés de soutien en éducation sont parmi les moins bien rémunérés des services publics et que ceux évoluant en adaptation scolaire et en service de garde occupent la plupart des postes de moins de 25h/semaine. Cela comprend des ouvriers spécialisés, les TES, les secrétaires d’école et les agents de bureau pour ne nommer que ceux-là.
La dame a également partagé des chiffres assez préoccupants concernant leur réalité. «Le salaire moyen brut se situe autour de 24 000 $ par année. Pas moins de 52 % disent que leur emploi de soutien scolaire ne leur permet pas de combler leurs besoins de base mensuels. 64 % sont mis à pied durant l’été. 39 % ont un deuxième emploi pour combler leurs besoins de base. 12 % ont fréquenté parfois et régulièrement les banques alimentaires dans la dernière année», énumère Kathy Leblanc qui a été témoin de gens qui ont hué le gouvernement pour ces désolantes statistiques.
«M. Legault, Mme Lebel et M. Drainville, montrez un peu de sérieux et de respect aux travailleurs de services publics. Négociez!», poursuit-elle sur un ton incisif.
Sur le front des négociations, la présidente du secteur scolaire de la FEESP-CSN, Annie Charland, a voulu faire part des offres ridicules proposées par Legault et sa bande.
«Pour faire simple, ça ne bouge pas! À la belle manifestation du 23 septembre, on était 100 000 personnes à leur dire qu’on n’en veut pas de ses maudites offres de marde! Vous êtes à bout de souffle et au bout du rouleau. La surcharge de travail est trop élevée. Ça tombe au combat parce que tout le monde tombe malade. Ce n’est pas normal! Les offres du boss? Je t’attache à ta chaise parce qu’il me manque de monde. Tu tombes malade? Je vais te ramener pareil parce qu’il manque de monde. C’est de cette façon que tu attires des gens et que tu les gardes M. Legault? Ce que l’on voit, ce sont des gens qui démissionnent», s’indigne Mme Charland, qui en avait long à dire aux manifestants.
Pour le corps professoral, que ce soit les plus jeunes et plus vieux, plusieurs décrochent en raison de la lourde tâche de travail et du salaire qui ne suit pas.
«On fait du mentorat et je reçois des tonnes de courriels de jeunes professeurs qui me disent qu’elles se remettent en question et qu’elles ne sont plus certaines de vouloir continuer en enseignement», raconte Sonia Lemoyne, enseignante en adaptation scolaire à l’école secondaire Jeanne-Mance et membre du conseil de direction du syndicat.
Quant à Guy Veillette, président du Syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville, il en a plus qu’assez que le gouvernement se fiche du secteur public.
«On ne fait pas partie des priorités du gouvernement! Les ministres se sont octroyé une augmentation de 30 % de salaire et les policiers ont eu 21 %. Ce qui a été refusé et on les remercie, car ça va nous aider. On a eu seulement un petit 9 %, c’est assez selon eux. Il y a 78 % de femmes en enseignement, donc ce n’est pas grave, c’est le deuxième salaire», se décourage-t-il, s’amusant ensuite à se moquer du gouvernement en prenant une voix ridicule.
Rappelons que le front commun avait voté en faveur du mandat de grève à 95 % et que les membres du Syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville ont voté en faveur de 99 %. Des chiffres historiques.
Ce qu’ils ont dit
«On est tanné et en manque de ressources! Ça fait plusieurs semaines qu’on entend les mêmes choses et qu’il n’y a pas de changement majeur. On va augmenter la pression avec les moyens qu’on a», affirme Jean-Philippe L’Étoile, enseignant en univers social au premier cycle à l’école secondaire La Poudrière.
«Le ministère ne voit pas la réalité qu’on vit dans les classes. Ça brasse et bouge beaucoup et on n’a pas de soutien quand nos élèves en ont besoin. On gère beaucoup de comportements et les apprentissages sont énormément négligés», soutient une enseignante au préscolaire à l’école primaire à l’Orée-des-Bois.
«Le gouvernement devrait peut-être s’asseoir à la table de négociations avant qu’on arrive à la grève. Ça va pénaliser les parents, les enfants et tout le personnel scolaire. Si les enfants restent à la maison, il y a beaucoup de parents qui ne seront pas au travail et beaucoup de commerces qui vont fonctionner à effectif réduit», poursuit l’enseignante au préscolaire.
«Ce qui nous touche le plus, c’est le manque de ressources. On n’a pas de psychoéducatrices et on n’a pas de TES . On a un TES pour cinq groupes. Si on parle de ratio en adaptation scolaire, c’est vraiment très peu. Quand nos jeunes ont besoin d’aide, on va délaisser notre tâche d’enseignant pour effectuer le travail d’intervenant. On prend notre temps pour régler le cas d’un petit pourcentage de nos élèves au détriment des autres», se désole Xavier Moreau, enseignant en adaptation scolaire à La Poudrière.
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