SÉCURITÉ ROUTIÈRE. Jugeant nettement insuffisant le financement obtenu pour la construction d’un trottoir au cœur de sa municipalité, la mairesse de Durham-Sud, Sylvie Laval, entend poursuivre ses démarches pour aider au maximum chacun de ses 1 082 citoyens.
En septembre, Durham-Sud a reçu la confirmation qu’elle était éligible au programme d’aide financière du Fonds de la sécurité routière (PAFFSR) d’un montant de 347 716 $. Bien qu’elle s’en réjouisse, cette enveloppe ne constitue que 41 % des coûts totaux de son projet visant l’aménagement d’un trottoir de 700 mètres sur la rue Principale.
«Je voudrais dire qu’on est reconnaissant d’avoir eu cette subvention. Ce ne sont quand même pas des petits dollars! C’est formidable, mais ce n’est pas assez. À l’origine, on n’avait même pas parlé de trottoirs, on avait parlé de différentes mesures d’atténuation de la vitesse», a exprimé la dame sur le financement reçu.
Sans trottoir, la rue Principale de Durham-Sud a tout pour mettre en danger ses vulnérables piétons. Que ce soit une courbe prononcée, une petite côte dangereuse où les gens roulent trop vite ou bien l’espace restreint entre la rue et le terrain des maisons, les gens ne sont pas en sécurité lorsqu’il est temps de circuler sur le bord de la rue.
Comme le village a été formé à l’époque où le monde «se promenait en carrioles», comme le rappelle la mairesse, l’espace y est aménagé en faisant en sorte qu’il est très difficile de pouvoir installer un trottoir sans devoir être obligé d’empiéter sur le terrain des résidents vu la proximité des maisons de la rue.
Géré par le ministère des Transports et de la mobilité durable (MTMD), la rue est également classée comme étant route de transit, ce qui se traduit par une présence accrue de véhicules lourds tels que des camions et des tracteurs.
En plus de tous les dangers qui guettent les piétons, plusieurs résidences privées longent cette route et avec le passage des familles et des enfants, il est donc absolument impensable, aux yeux de la mairesse, de laisser ce secteur du village sans trottoir.
«Il y a deux ans, à Saint-Flavien, il y a une petite fille qui avait été tuée parce qu’il n’y avait pas de trottoir et on ne veut pas attendre que ça arrive», a rappelé la mairesse, impuissante face aux décisions du ministère.
C’est en prenant compte l’inquiétude de ses citoyens se plaignant de la vitesse des automobilistes au courant des dernières années que la mairesse de Durham-Sud a décidé de passer à la deuxième vitesse en envoyant plusieurs demandes au MTMD, pour remédier à la situation, mais en vain.
Celle-ci avait plusieurs requêtes à formuler : ajout de panneaux d’arrêts, déplacement de panneaux de limites de vitesse, diminution de la vitesse à 40km/h sur certaines parties de la route et ajout d’un dos d’âne.
Les seules additions qui ont été autorisées de la part du MTMD ont été l’installation d’un radar pédagogique et l’installation de balises le long de la route. Cependant, elles devront être retirées durant l’hiver.
«La réponse du ministère est que l’impact majeur est l’environnement routier qui fait que les gens conduisent plus ou moins vite. Par exemple, quand on est dans une ville où il y a un terre-plein au milieu, des magasins ou des maisons, les gens ont tendance à ralentir. Donc, le fait d’avoir un trottoir est l’élément qui fait que les gens vont ralentir et être conscients de la vitesse», a mis en contexte celle qui tient à cœur la sécurité des Durhamiens.
Digne d’un combat de David contre Goliath, la mairesse est donc passée à l’attaque et s’est tournée vers la possibilité d’aménager un trottoir d’une longueur de 700 mètres sur la rue Principale.
Pour se faire, la Municipalité a établi des démarches avec la firme d’ingénierie qu’elle a embauchée pour se donner une idée du prix de son projet. Il s’en est conclu que l’implantation d’un trottoir coûterait à Durham-Sud pas moins de 858 450 $. Composant avec un budget de 1,7 million de dollars, la municipalité est donc prise à la gorge.
Malgré cela, Mme Laval est allée de l’avant avec une toute première demande au programme d’aide financière au développement des transports actifs dans les périmètres urbains (TAPU) pour obtenir une subvention. Malheureusement pour elle, elle a mordu la poussière.
«La réponse a été négative parce qu’il faudrait avoir ça avec une piste cyclable. S’il n’y a pas de place pour un trottoir, on n’aura certainement pas de place pour une piste cyclable», a-t-elle lancé, découragée du non-sens du ministère.
Malgré ce cuisant refus, il était hors de question pour la mairesse de rebrousser chemin. Elle a donc redoublé d’ardeur dans l’espoir d’obtenir ladite subvention attendue avec impatience.
Une deuxième demande a alors été faite au TAPU pour l’implantation d’un corridor scolaire, une disposition qui était acceptée dans celle-ci. Par contre, plusieurs mois se sont écoulés sans réponses.
En attente de la réponse de celui-ci, la Municipalité est allée voir ailleurs, soit avec le PAFFSR pour y obtenir sa subvention, jugée insuffisante, de 347 716 $. Entre-temps, la deuxième demande du TAPU a été rendue, mais refusée.
«Ce qu’on veut mettre, c’est simplement un trottoir du côté où il n’y en a pas», a mentionné celle qui semble être prise dans un combat éternel pour la sécurité de son village.
«On a écrit des lettres à la ministre Guilbault et on a remis des copies à notre député André Lamontagne pour avoir le maximum d’appuis», a indiqué Mme Laval, qui a commencé à écrire des lettres il y a un an et demi.
Malgré le combat acharné que Sylvie Laval mène depuis plus d’un an, cette dernière n’a pas l’intention de lâcher le morceau, car au cours des prochaine semaines, elle élaborera un montage financier pour aller de l’avant avec son projet.
Plan d’action en sécurité routière 2023-2038
Dans le cadre de son Plan d’action en sécurité routière 2023-2028, la ministre des Transports et de la mobilité durable, Geneviève Guilbault, a présenté 27 actions, dont neuf d’entre elles concernent la sécurité des piétons et des écoliers.
L’une d’elles, qui est importante dans le cas de la municipalité, explique que 60 % des piétons décédés de 2018 à 2022 sont âgés de 55 ans et plus. Dans un document fourni par la mairesse, il est indiqué qu’à Durham-Sud, ce groupe d’âge représente 38 % de la population totale. Un fait qui est préoccupant.
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