EMPLOI. Du haut de ses 21 ans, Amélie Pelletier veut se tailler une place sur le marché du travail. Celle qui est atteinte du trouble du spectre de l’autisme retourne sans cesse à la case de départ, alors qu’elle est congédiée quelques mois après l’embauche. La jeune adulte lance un cri du cœur en appelant les employeurs à s’ouvrir à la différence.
Dans les quatre dernières années, Amélie Pelletier a occupé toutes sortes d’emploi. Dépanneur, pharmacie, boutique, épicerie, librairie, restaurant : elle a travaillé au service à la clientèle dans plusieurs commerces à Drummondville. Chaque fois, le scénario se répète. La jeune adulte est mise à la porte quelques mois après son entrée en fonction. Le motif? Elle ne correspond pas aux exigences de la compagnie.
Amélie Pelletier est à la recherche d’un emploi depuis le début du mois d’août. «J’envoie des curriculums vitæ. J’espère trouver un travail à long terme», soutient celle qui réside chez ses parents.
Habitée par une détermination sans faille, la Drummondvilloise ne baisse pas les bras. Elle connaît ses forces. Celle qui est dotée d’une personnalité pétillante est reconnue pour sa bonne humeur et son dynamisme. Elle se démarque par sa fiabilité et sa ponctualité.
Ce qui la freine, c’est son diagnostic du trouble du spectre de l’autisme. «J’ai une intelligence normale. J’ai certains traits de l’autisme comme l’hypersensibilité à des bruits et des textures. Dans mon cas, c’est invisible, mais on dirait que les employeurs voient une différence qui les dérange beaucoup.»
Au fil de ses expériences, Amélie Pelletier a dû faire face à des défis. «Aujourd’hui, tout va vite. La formation n’est pas suffisante et rapide très souvent.»
La jeune adulte aurait aimé avoir davantage d’encadrement de la part des employeurs. «Souvent, je ne savais pas les erreurs que je faisais. On ne prenait pas le temps de me les expliquer. Je devais me débrouiller seule», dit-elle.
En partageant son histoire, la Drummondvilloise souhaite sensibiliser la population quant aux difficultés que rencontrent les personnes qui ont des besoins particuliers sur le marché du travail.
Cette dernière encourage les entreprises à favoriser l’inclusion au sein de leur organisation. «J’aimerais que les employeurs soient plus compréhensifs envers les gens comme moi qui veulent travailler.»
Avec un emploi stable, Amélie Pelletier pourrait économiser de l’argent afin de déménager en appartement. Elle souhaite développer son autonomie et voler de ses propres ailes.
La méconnaissance
D’après Anick Gosselin, intervenante chez Autisme Centre-du-Québec, la méconnaissance de l’autisme entraîne des malentendus chez les employeurs. Légalement, les personnes qui ont un tel diagnostic ne sont pas tenues de révéler leur condition à leur employeur, ce qui peut provoquer de l’incompréhension. Il est plus facile d’offrir un accompagnement adéquat au sein de l’entreprise, lorsque le diagnostic est connu.
Les directives doivent être claires avec les personnes autistes, indique Anick Gosselin. «En entreprise, on va souvent tenir pour acquis que la personne va se débrouiller lorsqu’il y a un problème. Pour les personnes autistes, ça peut être angoissant de ne pas savoir qui est la personne responsable.»
Dans un contexte de formation, la compréhension des tâches à effectuer est à ne pas négliger. C’est pour cette raison qu’il faut prendre le temps de démontrer les différentes actions. «Les personnes autistes sont très visuelles. Parfois, ça va être fait verbalement. Ça ne fait pas vraiment de sens pour la personne.»
Des suivis fréquents entre le superviseur et l’employé permettent une meilleure rétention du personnel. De cette manière, la personne autiste connaît les comportements qu’elle doit modifier pour correspondre aux attentes de l’organisation.
Les employeurs doivent faire preuve d’adaptabilité et de flexibilité, selon Anick Gosselin. «Dans un monde pas si lointain, c’était l’employeur qui fixait un cadre et tout le monde devait entrer dans le moule. Sinon, on ne restait pas à l’emploi. Maintenant, on est ailleurs. L’employeur doit être ouvert à la différence et la diversité qu’il peut avoir au sein de son équipe.»
«On gagne à faire de la place à tous les profils de personne sur le marché du travail pour qu’ils puissent participer à la société comme les autres», poursuit-elle.
Vers un accompagnement
Le Service externe de main-d’œuvre (SEMO) Centre-du-Québec a récemment mis sur pied le projet OUI afin d’informer et sensibiliser les employeurs aux caractéristiques et aux besoins particuliers des personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme. Cet automne, une trousse d’information sera offerte aux employeurs afin de mieux accueillir, intégrer et maintenir en emploi cette clientèle. L’organisme prévoit faire une tournée dans les entreprises de la région.
Parallèlement, une série d’ateliers de groupes et de rencontres individuelles préparatoires à l’emploi ont été lancés en avril dernier à Drummondville, dans le cadre du projet préparatoire à l’emploi TSA. «Plusieurs sujets sont abordés comme le savoir-être, la gestion du temps, la gestion des émotions et la résolution de problèmes. Ils obtiennent des outils concrets avant d’aller à l’emploi», informe la directrice générale Julie Bourassa.
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