SANTÉ. Depuis plus d’un an, il n’y a plus de service d’urologie à Drummondville. Les usagers de l’hôpital Sainte-Croix doivent se rendre à l’extérieur de la région pour consulter un spécialiste. Des aînés ont accepté de s’ouvrir sur leur réalité, alors qu’ils sont contraints de se tourner vers le secteur privé pour avoir accès aux soins appropriés.
Avril 2020. Robert Elliott est de retour à Drummondville après avoir passé les derniers mois en Floride avec sa femme. Comme à l’habitude, il prend un rendez-vous avec son médecin de famille pour faire une mise à jour de son état de santé.
À la suite des examens, l’octogénaire apprend qu’il doit subir une intervention chirurgicale en lien avec l’appareil génital masculin. Le médecin fait une demande au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec pour qu’il rencontre un urologue à Trois-Rivières. «Le service n’était pas disponible à Drummondville. L’urologue était sur son départ», précise-t-il.
Au début du mois de septembre, Robert Elliott est toujours sans nouvelles. «Je n’ai pas de rendez-vous. Cette intervention est nécessaire. Je repars en Floride à la fin du mois d’octobre», soutient celui qui était plongé dans l’incertitude.
Le retraité décide de contacter une clinique privée, située sur la rive sud de Montréal. Son dossier est rapidement pris en main. «Lors de la première rencontre, l’urologue confirme le diagnostic. Ensuite, il procède à l’intervention. Trois semaines avant de partir en Floride, j’ai un suivi avec le spécialiste. Entre temps, je reçois une facture d’environ 2100 $», raconte-t-il.
Une fois l’intervention chirurgicale effectuée, Robert Elliott reçoit un coup de fil de la part du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. «Ils ne pouvaient pas me donner un rendez-vous avant le mois d’avril 2021. Le délai d’attente était plus d’un an», s’exclame-t-il.
L’année suivante, son médecin de famille l’informe que son taux de PSA (antigène spécifique de la prostate) est élevé et lui recommande de passer une biopsie. Une seconde requête est envoyée à Trois-Rivières.
En parallèle, Robert Elliott entreprend ses propres démarches. «J’ai repris un rendez-vous avec l’urologue qui m’a traité au privé. Je lui ai dit ce qu’il se passait. Il m’a conseillé d’attendre pour la biopsie et d’aller en Floride. La consultation m’a coûté 200 $. L’année suivante, mon taux de PSA avait descendu. Je n’avais plus besoin de subir l’intervention. Au final, je n’ai jamais eu de retour du CIUSSS», indique-t-il, encore étonné des délais.
Ce dernier dénonce le manque d’efficacité du secteur public. «Ici comme ailleurs, la population vieillit. Il y a des problèmes liés à la prostate, la vessie et aux reins. Ça doit être pris en charge.»
Notons que le quart de la population est âgée de plus de 55 ans à Drummondville.
Se soigner au privé
Le Drummondvillois Jacques Sigouin a vécu une situation semblable, sollicitant les services d’une clinique qui est située à Laval. «J’urinais du sang de façon importante. Mon médecin a fait une demande pour que je rencontre un urologue à Trois-Rivières. Je n’ai jamais eu de nouvelle. J’attends depuis au moins un an. J’ai été obligé d’aller au privé pour régler mon problème. Ça m’a coûté près de 1000 $.»
«J’ai pris cette décision parce que je pouvais me le permettre. Je trouvais qu’il y avait une urgence. C’était totalement anormal ce que je vivais. Le sang n’était pas occasionnel, c’était constant», poursuit celui qui est âgé de 78 ans.
Lors des dernières années, Jacques Salvas a eu recours au service d’urologie à Drummondville. Lorsque la spécialiste a quitté la région pour travailler dans une clinique privée, il a fait le choix de la suivre. «J’avais des problèmes au niveau de ma prostate. J’avais un suivi assez serré. On a vu une masse sur un rein. Mon urologue m’a suggéré fortement de me faire opérer. On m’a transféré à l’hôpital Sainte-Marie. J’ai passé une semaine là -bas. On m’a enlevé une partie d’un rein. Mon urologue a assuré un suivi pour les mois suivants.»
«Mon problème de prostate a quand même continué. Mon médecin pratique maintenant à Boucherville. J’ai décidé de poursuivre avec elle. J’ai des suivis aux trois mois», mentionne-t-il, en précisant que les consultations s’élèvent à 500 $ chaque fois.
Délais d’attente
Pour sa part, le président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées section Centre-du-Québec, Réjean Frenette, a eu accès à un spécialiste à Trois-Rivières. Celui qui a eu un diagnostic du cancer de la prostate a dû patienter un an et demi avant d’avoir un rendez-vous. «Jusqu’à présent, j’ai vu l’urologue une fois. J’ai une prise de sang à faire à la fin du mois d’août et il veut me rencontrer en octobre pour une biopsie.»
Selon lui, les usagers de l’hôpital Sainte-Croix devraient avoir droit à de meilleurs services localement. «Avant de mourir dans la dignité, il faut vivre dans la dignité. C’est important que les personnes âgées reçoivent les soins appropriés.»
Réjean Frenette se dit par ailleurs préoccupé que les aînés doivent se déplacer à l’extérieur de la région pour se faire soigner. Certains d’entre eux n’ont pas de voiture, fait-il remarquer.
Rappelons que deux urologues pratiquaient auparavant à l’hôpital Sainte-Croix. Un a quitté pour la retraite; l’autre pour un autre motif. Depuis ces départs, les usagers sont forcés de se rendre à Trois-Rivières ou Sherbrooke pour recevoir les soins appropriés. Un groupe de citoyens retraités militent actuellement pour le retour de ce service.
En juin dernier, le CIUSSS Mauricie-Centre-du-Québec a confirmé à L’Express que la population drummondvilloise pourra à nouveau consulter un urologue dès septembre.
L’urologue est le spécialiste de l’appareil urinaire ainsi que de l’appareil génital masculin. Il traite les cancers du rein, de la vessie, de la prostate et des testicules. Il prend également en charge les calculs urinaires, les problèmes reliés aux symptômes urinaires, aux organes génitaux masculins, à la dysfonction érectile et à l’infertilité masculine.
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