Les scarabées japonais, ces coléoptères qui ravagent nos végétaux

Photo de Claude-Hélène Desrosiers
Par Claude-Hélène Desrosiers
Les scarabées japonais, ces coléoptères qui ravagent nos végétaux
Un scarabée japonais. (Photo: Nathalie Houde)

JARDINAGE. Les scarabées japonais sont de jolis insectes verts aux ailes cuivrées, brillant au soleil, qui font toutefois des ravages dans les cours. Vorace, il se nourrit de plus de 400 espèces de végétaux. Il adore dévorer les feuilles et n’en laisse que le squelette. Ses larves blanches, elles, font du dégât aux pelouses.

Introduit accidentellement du Japon aux États-Unis au début des années 1900, on le retrouve dans certaines régions du Québec. Malheureusement, le Centre-du-Québec est une région où il y en a beaucoup. En ce moment, c’est la période où les adultes s’accouplent et durant laquelle ils mangent énormément.

Pour faire face à un problème d’infestation de scarabées japonais, l’idéal est d’agir sur plusieurs niveaux, car il y n’a pas de recette miracle.

Vers blancs dans la pelouse

Les vers blancs qu’on retrouve parfois dans les pelouses viennent de trois espèces : le hanneton commun, le hanneton européen et le scarabée japonais. Après s’être accouplés, ces derniers vont pondre dans le gazon. «Si l’on voit des vers blancs dans son gazon au printemps, ce sont les larves qui ont passé l’hiver dans le sol», explique Nathalie Houde du Centre horticole Foliflor. Pour savoir quand les larves sortent du sol, on peut se fier à la floraison des lilas, qui coïncide. La femelle pond uniquement dans les pelouses de graminées, car c’est la nourriture de la larve.

On peut agir au niveau du sol en ayant une pelouse mixte. On peut introduire du trèfle, du thym rampant, de petites plantes couvre-sol… Le scarabée n’ira pas pondre dans ce type de sol.

Nathalie Houde du Centre horticole Foliflor. (Photo : Claude-Hélène Desrosiers)

Si on a une pelouse de graminées seulement, on peut s’aider grandement en ne la tondant pas trop court. «On la laisse à 3 pouces et demi de long. C’est aussi un bon truc pour ne pas avoir de mauvaises herbes. S’il y a une période de sécheresse et que le gazon jaunit, il ne faut pas s’en faire parce qu’il peut être en dormance jusqu’à 6 semaines, donc dès qu’on l’arrosera il reprendra du mieux. Il est préférable de le garder jauni parce que les femelles n’iront pas y pondre», dit Mme Houde.

On peut aussi utiliser un produit qui contient une bactérie. «On est en plein dans le bon temps pour intervenir dans la pelouse. Ce qu’on veut, c’est que la bactérie soit ingérée par la petite larve, qui va en mourir», dit-elle. Par contre, il faut s’assurer d’employer le bon produit, parce que la bactérie utilisée dépend de l’espèce visée. On se procure donc un produit ciblant les scarabées japonais.

Il y a aussi un autre produit, plus complexe d’utilisation, qui est composé de vers microscopiques vivants. Il se présente sous la forme d’une petite éponge qui doit être conservée au réfrigérateur. Le ver va parasiter la larve, ce qui la tue. Il faut de bonnes conditions pour s’en servir : par exemple, si le sol est trop sec, il ne fera pas effet.

Se débarrasser des scarabées adultes

Si on a peu de plants affectés, on peut cueillir manuellement les spécimens adultes. On les ramasse tôt le matin de préférence, puis on les met dans une chaudière avec de l’eau savonneuse, pour éviter qu’ils ne s’envolent. On peut aussi les saisir avec un aspirateur d’atelier avec de l’eau dans le contenant ou même un petit aspirateur manuel. «Attention à ne pas laisser l’odeur des scarabées attrapés sur le terrain, par exemple en les jetant plus loin dans la cour ou en les écrasant. Il faut plutôt les mettre au compost. Les scarabées fonctionnent aux senteurs, ils s’attirent l’un l’autre avec les phéromones», expose Nathalie Houde.

En plus des odeurs, ces coléoptères sont attirés par la lumière. Il peut être utile de fermer les lumières dans les plates-bandes et dans les cours.

Il existe aussi des pièges spécifiquement conçus pour ce type d’insectes. Ils contiennent deux produits qui les appâtent : une hormone sexuelle et une essence florale. Il faut mettre le piège à 40, voire 50 pieds de distance de l’endroit à protéger. «Une grosse erreur que la plupart des gens font, c’est de placer le piège dans la zone affectée, par exemple à côté du jardin. Le piège attire les insectes, ça ne les tue pas. Et si on ne vide pas adéquatement le contenant et que ça déborde, ils vont être partout dans la végétation et il va y en avoir encore plus», précise-t-elle.

Si on a des plants plus sensibles (haricots, vignes, pommes de terre, basilic…), on peut les recouvrir de couvertures flottantes qui permettent aux plantes de pousser, mais en bloquant l’accès aux scarabées.

Il existe aussi un produit injectable qui vise les spécimens adultes. C’est une bactérie qu’on applique sur les végétaux infestés. Attention, ce produit ne doit pas être utilisé sur les végétaux comestibles.

«Aux États-Unis, ils ont relâché des mouches parasitoïdes. Si vous trouvez des scarabées avec des points blancs sur la tête, ne les tuez pas, ce sont des œufs de cette petite mouche qui parasite le scarabée et va le manger de l’intérieur», spécifie enfin Mme Houde.


Fausses croyances

«Il n’existe pas de plantes répulsives pour les scarabées. Il y a des plantes toxiques qui les tuent quand elles sont ingérées, par exemple le géranium ou le ricin. Il ne faut pas penser qu’en mettant un ricin sur le bord du jardin ils ne viendront plus chez nous».

«Attention : beaucoup de choses se disent à propos de l’huile de neem, produit du margousier. On entend souvent dire que ça fonctionne comme répulsif. Oui, ça marche, oui c’est une huile naturelle, mais ça ne veut pas dire qu’elle est inoffensive. Elle tue les scarabées, mais aussi les espèces pollinisatrices et peut-être d’autres espèces. On ne peut pas le vendre, c’est interdit».


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