ENVIRONNEMENT. Amélioration de la biodiversité en milieu urbain, économie d’eau potable, multiplication des insectes pollinisateurs, réduction des gaz à effet de serre associés à la tonte : la Ville de Drummondville tire un bilan des plus positifs du projet pilote qui vise à trouver des alternatives à la pelouse traditionnelle, ce qui l’a incité à implanter plus de 110 aires écologiques à travers le territoire.
La coordonnatrice du service de l’environnement de la Ville, Marie-Ève Vadnais, a donné rendez-vous à l’autrice de ces lignes au stationnement secondaire du Boisé-de-la-Marconi sur la rue Morse. L’emplacement de l’entrevue n’était pas un hasard. Depuis le début de l’été, une nouvelle ère de plantation alternative s’y trouve.
«On a plusieurs fossés à travers la ville pour la gestion des eaux pluviales. Le but est que l’eau percole à la place de s’en aller directement dans les conduites pluviales. Parfois, les aménagements ne sont pas adéquats. Ici, on a planté du lamier maculé chaque côté. C’est très tolérant et ça ne prend pas beaucoup d’entretien. En plus, ça fait des fleurs, ce qui est bon pour les pollinisateurs», explique-t-elle.
L’an dernier, la Ville de Drummondville a mis en place un projet pilote afin d’éduquer, sensibiliser et informer les citoyens sur les solutions de rechange à la pelouse traditionnelle. «À la base, le programme a vu le jour parce qu’on a adopté une réglementation bannissant les pesticides sur notre territoire. On a aussi adopté le Plan de conservation des milieux naturels. On veut améliorer la biodiversité en milieu urbain. L’objectif de ce projet est d’inciter les gens à être conscients de leur environnement.»
Plusieurs variétés d’espèces végétales ont été plantées à neuf endroits sur les terrains municipaux. De plus, quatre sites ont servi de lieu d’arrêt de tonte volontaire. Durant la saison estivale, la Ville a noté des bénéfices sur le plan financier, environnemental et social.
«Mon équipe a pris le temps d’aller à chacune des aires, en répertoriant les espèces qui poussaient naturellement sur les sites d’arrêt de tonte. On a vu une augmentation très importante de la biodiversité. Il y avait une différence entre le début et la fin de l’été», commente Marie-Ève Vadnais, en précisant que les oiseaux se sont aussi approprié ces espaces.
Au niveau des plantations, Marie-Ève Vadnais a observé plusieurs avantages liés à l’utilisation du trèfle. «En période de sécheresse, il reste très beau comparé à la pelouse traditionnelle. On a constaté qu’il ne faut pas aller dans les extrêmes. Si tu passes d’une pelouse traditionnelle à du trèfle, tu te retrouves avec le même problème, c’est-à-dire une monoculture. C’est exactement ce qu’il faut éviter. On mise plutôt sur la diversité.»
La population a sauté à pieds joints dans le projet, à la plus grande satisfaction de l’équipe du service de l’environnement. Plusieurs propriétaires les ont contactés afin d’avoir plus de renseignements à propos des alternatives écologiques. «On a réalisé que les citoyens sont ouverts à changer leurs habitudes», appuie-t-elle.
Face à ce succès, le projet pilote a été reconduit pour une deuxième année, et ce, à plus grande échelle.
Plus d’une quarantaine d’aires de plantation alternative et d’aires de biodiversité se trouvent sur le territoire. Des types de semence variées ont été utilisées. Les espèces végétales demandent peu d’entretien et d’eau potable. Quant aux aires de biodiversité, elles permettent l’implantation contrôlée de plantes qui était habituellement fauchée.
De plus, environ 70 aires de tonte optimisées ont été ciblées dans le secteur ouest de Drummondville. Les zones à entretenir ont été analysées. Certains de ces endroits ont été modifiés de tonte fréquente à tonte restreinte. La tonte fréquente est passée de 7 à 10 jours, puis la tonte restreinte de 14 à 20 jours. Lors des mois de juillet et août, la fréquence a été réduite davantage vu la croissance ralentie des pelouses.
Pendant l’été, une patrouille verte se promènera entre les zones afin d’assurer un suivi du projet. «Ils prennent des photos. Ils dénombrent les espèces qui sont sur les sites. Ils mesurent la hauteur de la végétation.»
Mentionnons qu’il est possible de consulter une carte interactive afin de connaître l’emplacement des différentes aires de plantation alternative et de biodiversité.
Pour les intéressés, la pionnière de l’horticulture écologique au Québec, Édith Smeesters, animera une conférence gratuite sur les alternatives à la pelouse traditionnelle, le 26 juillet de 17 h à 20 h, au pavillon de la danse au parc Woodyatt. Des pluviomètres ainsi que des sachets à semences seront distribués sur place.