SANTÉ. Une Drummondvilloise vit un cauchemar depuis une dizaine de jours. Déjà fortement ébranlée par une relation sexuelle forcée, voilà qu’elle est incapable d’obtenir un rendez-vous pour un test de dépistage au CLSC Drummond, faute d’infirmières.
«Je ne peux pas me faire tester nulle part. Je ne dors plus la nuit. Je n’arrête pas de pleurer. Je suis dans un état lamentable. Je ne peux pas croire que nous sommes laissés à nous-mêmes comme ça… c’est inacceptable!» laisse tomber la femme qui a préféré taire son identité, mais qui tenait à dénoncer cette situation préoccupante.
Depuis les événements, elle se heurte à des portes closes.
«J’attendais depuis une semaine d’avoir un retour d’appel d’une infirmière du CLSC pour finalement me faire référer au CLSC de Victoriaville. La raison qu’on m’a donnée, c’est qu’ils n’offrent plus ce service parce que plusieurs infirmières sont en maladie, quittent ou sont réorientées ailleurs», indique-t-elle.
Sa demande a également été refusée à Victoriaville.
«La dame ne comprenait pas pourquoi le CLSC de Drummondville référait les patients vers Victoriaville alors qu’ils n’ont reçu aucune information à ce sujet, mais apparemment, j’étais la troisième ce jour-là à appeler pour les mêmes raisons. Elle m’a dit qu’ils ont de la misère à fournir pour leur propre population, donc c’est impossible de me donner un rendez-vous», explique celle qui n’a pas de médecin de famille.
La Drummondvilloise s’est donc tournée vers la seconde option : Info-santé, laquelle n’a également pas été concluante, à son grand désarroi.
«J’ai été 2 h 45 au bout du fil pour finalement n’avoir jamais de réponse. J’ai rappelé mercredi matin pour me faire répondre que je ne peux pas avoir de consultation puisque je ne présente aucun symptôme. C’est ridicule comme contrainte, car il y a des maladies sexuelles, comme la chlamydia, qui ne provoquent pas de symptômes… Je ne peux pas me présenter à l’urgence aussi puisque je suis asymptomatique», déplore-t-elle.
«Je suis super inquiète… Je ne connais pas le passé de l’homme avec qui j’ai eu la relation forcée. Je voudrais juste me faire rassurer en passant un test, mais je suis confrontée à des contraintes illogiques et à des références bidon», souffle-t-elle, démunie.
En plus de vivre une situation très anxiogène, la femme n’ose imaginer toutes les répercussions qu’engendrera la baisse de ce service sur la population.
«En 2017, une infirmière m’avait dit que les maladies transmises sexuellement proliféraient chez les jeunes à Drummondville. Il était courant de voir des adolescents aux prises avec deux, même trois maladies. Je n’en revenais pas! La situation était déjà critique en 2017, qu’est-ce que ça va être maintenant si on a de la difficulté à avoir accès à ce service?» se questionne-t-elle, hautement préoccupée.
La Drummondvilloise a également su lors de l’appel de l’infirmière qu’en plus du dépistage des ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang), l’accès aux services de vaccination et d’interruption volontaire de grossesse est plus restreint.
«C’est grave!» lance-t-elle.
De son côté, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec estime que la Drummondvilloise a été victime d’un malentendu.
«Le CLSC de Victoriaville n’aurait pas dû refuser la demande de la dame. Il y a eu une mauvaise interprétation des consignes, mais la direction est intervenue pour clarifier le tout. Les gens ne devraient plus se faire retourner de bord», précise Guillaume Cliche, agent d’information au CIUSSS MCQ.
Celui-ci fait savoir que cette modulation de services est temporaire, le temps de la saison estivale.
«Comme à chaque période estivale, on s’attendait à ce qu’il y ait des secteurs plus fragiles au niveau de la disponibilité de la main-d’œuvre et c’est le cas au CLSC. Pour cette raison, on a dû moduler des services et en réorganiser d’autres. Il y a aussi une baisse d’intensité pour quelques-uns. Les urgences et interventions immédiates seront toujours priorisées et assurées comme à l’habitude. Les autres demandes sont pour la plupart réorientées vers d’autres secteurs; parfois reportées. On regarde ce qui peut être fait pour bonifier les services actuels, mais j’insiste en disant qu’il n’y a aucun service qui n’est pas offert à la population, c’est juste qu’il y a modulation et priorisation», détaille-t-il.
M. Cliche soutient que le CLSC Drummond demeure la porte d’entrée pour les Drummondvillois.
«Les gens ne doivent pas hésiter à appeler», conclut-il.