HANDBALL. Un véritable petit miracle. Il n’y a pas de meilleure façon de décrire l’exploit réalisé par les joueuses de l’équipe féminine senior canadienne de handball au cours des derniers jours.
Misant sur trois athlètes formées au sein du club de Drummondville, la formation canadienne a surpris la planète du handball féminin lors d’une épreuve de qualification en vue du championnat mondial disputée à Nuuk, au Groenland. Opposée aux meilleures nations de l’Amérique du Nord et des Caraïbes, la troupe de l’entraîneure-chef Nathalie Brochu a décroché la médaille d’argent.
Auteures de trois victoires et une défaite en ronde préliminaire, les Canadiennes se sont finalement avouées vaincues 17-15 face à l’équipe hôtesse du Groenland dans le match pour la médaille d’or. Il s’agit de la première médaille canadienne dans cette compétition depuis 1999.
«De gagner contre le Mexique et Cuba, c’était déjà un exploit en soi, mais notre plus belle réussite, c’est d’avoir joué cinq matchs de haut calibre consécutifs, a résumé Alexandra Pivin. Avant, on rivalisait avec ces adversaires-là dans un match ou deux, mais pas plus. Si on fait exception de notre premier match, on a joué du handball très haut niveau dans les quatre parties suivantes. On y est arrivées sans aucun moyen, mais avec beaucoup de courage et d’intensité.»
«On forme un groupe très uni, a poursuivi l’athlète de 24 ans originaire de Saint-Germain-de-Grantham et demeurant à Wickham. La plupart des joueuses de l’équipe en sont à leur deuxième ou troisième cycle panaméricain. On se côtoie donc depuis au moins huit ans.»
Dans un duel axé sur la défensive, le Groenland a brisé l’égalité de 15-15 avec environ une minute à écouler au match. Le dernier but a été marqué avec seulement 19 secondes à égrainer au cadran. «La victoire nous a vraiment filé entre les mains dans les dernières secondes de la partie», a raconté Alexandra Pivin, en levant son chapeau à la brigade défensive canadienne.
«On a défendu comme on n’a jamais défendu. C’est ce qui a fait la différence tout au long du tournoi. C’est un type de défense qu’on n’avait pas joué depuis longtemps, mais on a réussi à faire les ajustements rapidement. Les filles en arrière ont été incroyables.»
Évoluant à la position stratégique de pivot, Alexandra Pivin s’est dite satisfaite de ses performances lors de cette compétition.
«C’est un poste un peu ingrat. Je suis là pour faire de l’espace à mes coéquipières et diviser la défensive adverse. Je pense que j’ai bien fait mon travail. Certaines de nos joueuses ont pu se retrouver pratiquement seules devant la gardienne adverse. Je n’ai marqué aucun but, mais je vais continuer de peaufiner cet aspect-là de mon jeu pendant l’été», a indiqué l’étudiante à la maîtrise en thérapie du sport.
La jeune sœur d’Alexandra, Camilia Pivin, fait également partie de l’équipe canadienne. La gardienne de 21 ans a été victime d’une blessure lors du troisième match au Groenland. Quant à Nassima Benhacine, une vétérane de 33 ans, elle a évolué à Drummondville pendant quelques années avant de joindre le programme national.
Alors que le Groenland a décroché son billet pour le championnat mondial, qui aura lieu au mois de décembre, le Canada a obtenu le titre d’équipe de réserve.
Les yeux sur Santiago
Déjà qualifiées pour les Jeux panaméricains grâce à deux victoires acquises contre les Américaines l’automne dernier, les Canadiennes n’entendent pas débarquer au Chili en tant que simples touristes. Le tournoi se déroulera du 20 octobre au 5 novembre, à Santiago.
«On a une chance de médaille, peu importe la couleur, a affirmé Alexandra Pivin. C’est vraiment l’objectif qu’on a en tête. Au Groenland, Cuba était l’équipe favorite et on a réussi à les battre. Ce n’était pas un simple coup de chance. C’était une victoire bien méritée. Comme Cuba a terminé en troisième place aux derniers Jeux panaméricains, on peut logiquement viser le podium.»
«Pour y arriver, ça va nous prendre une défensive aussi agressive qu’au Groenland, a poursuivi celle qui en sera à sa deuxième participation aux Jeux panaméricains. C’est vraiment notre point fort. On devra aussi être un peu plus versatiles dans notre attaque. On a démontré qu’on peut être fortes sur certains appuis, mais je pense qu’on peut l’être encore plus. Heureusement, il nous reste un dernier camp cet été pour peaufiner cet aspect de notre jeu.»
Composée de 16 Québécoises et de cinq Albertaines, l’équipe canadienne achèvera sa préparation à La Prairie, au début du mois d’août.
Du côté masculin, le Canada est toujours en quête d’un laissez-passer pour les Jeux panaméricains après avoir perdu ses matchs face aux États-Unis. L’équipe se prépare à participer au tournoi de la deuxième chance. Originaire de Saint-Bonaventure, Anthony Paul-Hus devra faire une croix sur cette compétition afin de se concentrer sur sa carrière au football universitaire.
Sans financement gouvernemental
Comme le handball n’est pas financé par l’agence gouvernementale Sport Canada, les joueuses de l’équipe canadienne doivent débourser des milliers de dollars chaque année afin de s’entraîner et de participer à des compétitions internationales. La formation unifoliée a d’ailleurs lancé une campagne de financement en vue de sa participation aux Jeux panaméricains. Une somme de 30 000 dollars sera nécessaire pour que l’équipe s’envole vers le Chili.
«Heureusement, il y a beaucoup de gens qui ont levé la main pour nous aider ces dernières années, a souligné Alexandra Pivin, en précisant que les coûts annuels pour faire partie de l’équipe canadienne peuvent s’élever jusqu’à 25 000 dollars par athlète. Grâce à la contribution bénévole de plusieurs personnes, le poids financier est un peu moins grand sur nos épaules.»
Outre la préparation physique et la gestion des blessures, la préparation mentale est devenue une facette indispensable pour les handballeuses canadiennes. «C’est un aspect qui compte beaucoup dans ce sport, a expliqué Alexandra Pivin, qui a évolué dans les rangs professionnels français il y a quelques années. Avec notre préparatrice mentale Nadia Lefebvre, on travaille pour ne plus se voir comme une petite nation sur la scène internationale.»
En terminant, Alexandra Pivin a tenu à rendre hommage à l’entraîneure Nathalie Brochu, qui tient littéralement le programme à bout de bras depuis quelques années. «Nathalie est l’une des raisons pour lesquelles on forme une belle et grande famille tissée aussi serrée. Ça part beaucoup de sa volonté. Elle donne beaucoup de son temps pour s’assurer qu’on ne manque de rien», a conclu celle qui a fait ses classes avec les Riverains de l’école secondaire Marie-Rivier.