HOCKEY. Comme père et comme homme de hockey, Denis Gauthier n’a aucun doute. Son fils est taillé sur mesure pour composer avec les attentes et la pression d’évoluer dans son propre patelin.
Acquis dans une transaction monstre entre le Phoenix et les Voltigeurs, Ethan Gauthier a été accueilli comme un véritable héros au centre Marcel-Dionne plus tôt cette semaine. Sous les yeux émus de ses proches, le jeune attaquant a enfilé le maillot que son père et son frère ont défendu avec panache avant lui.
«Je suis vraiment content de le voir en rouge, a lancé Denis Gauthier dans un entretien avec L’Express. Ç’a été un privilège de le voir s’épanouir à Sherbrooke, mais avec les années de reconstruction qui s’en viennent et le fait que les Voltigeurs arrivent dans deux belles années, le fit était parfait. Je suis super fier et excité que l’organisation voit en lui une belle valeur sur laquelle elle veut bâtir.»
Comme il l’avait fait quand Kaylen a été repêché par l’équipe, Denis Gauthier a tenu à se retirer des discussions entourant la venue de son fils cadet à Drummondville. L’homme de 46 ans demeure néanmoins bien placé pour dépeindre celui qu’on compare tantôt aux frères Brady et Matthew Tkachuk, tantôt à T.J. Oshie ou Travis Konecny.
«Ce sont des joueurs qui ont une certaine fougue, un mélange de jeu physique et de talent. Comme eux, Ethan est un gars qui a du caractère et une certaine confiance en lui. C’est un joueur intense et acharné qui va jouer sur 200 pieds. Je suis convaincu qu’il possède beaucoup d’éléments qui vont aider les Voltigeurs à connaître du succès», a affirmé Denis Gauthier.
Ayant vécu deux douloureuses défaites en demi-finale ces dernières années, Ethan Gauthier n’a pas caché son ambition de gagner un championnat à Drummondville. Des propos qu’il ne faut pas prendre à la légère, soutient son père.
«C’est un gars qui n’accepte pas la défaite. Il arrive ici avec une faim de gagner plus que tout. D’avoir ce genre d’attitude ici, ça va nous aider», s’est dit d’avis l’ex-défenseur de la LNH.
Alors que certains observateurs considèrent que le prix déboursé par les Voltigeurs pour acquérir Ethan Gauthier est démesuré, son père voit les choses autrement. Trois choix de première ronde et deux choix de deuxième tour ont été sacrifiés dans cette transaction.
«Il ne faut pas seulement calculer le nombre de buts et de passes qu’Ethan va récolter. Sa valeur va au-delà de ces chiffres. Il y a beaucoup d’intangibles dans son jeu, à commencer par son leadership. Il est capable de jouer tous les styles, dans plusieurs positions et dans différents rôles. C’est une rareté qui le rend attrayant tant dans le junior que dans la LNH. C’est pour ça que les Voltigeurs ont décidé de payer le prix, dans le but de gagner un championnat à court terme», a-t-il expliqué.
Considérant que son fils fait partie de cette race d’athlètes carburant à la passion et à l’émotion, Denis Gauthier n’est pas inquiet de le voir s’écraser sous la pression. Il y voit plutôt un défi qui le poussera à se surpasser.
«Ethan, c’est un compétiteur né. Quand ça compte, il est capable de lever son jeu d’un cran. Il l’a démontré avec le Phoenix et avec Hockey Canada. On l’a vu au tournoi Hlinka-Gretzky l’an passé. C’est la plus grosse vitrine au monde pour les joueurs de 18 ans et il a été capable de performer. C’est un gars qui carbure aux défis. Il serait prêt à passer à travers un mur pour arriver à ses fins.»
«De toute façon, si tu veux faire carrière dans la LNH, tu dois commencer par composer avec la pression dans le junior, a poursuivi Denis Gauthier. Il s’agit de faire fi des critiques et du bruit extérieur. Fais de ton mieux, fais ton chemin, puis les résultats vont venir individuellement et collectivement.»
Que de chemin parcouru
Dès le 26 juin, la famille Gauthier s’envolera vers Nashville afin d’assister au repêchage de la LNH. Considéré comme le meilleur espoir de la LHJMQ, Ethan pourrait imiter son père et son cousin en étant repêché en première ronde. Denis a été choisi au 20e rang par les Flames de Calgary en 1995 tandis que Julien a été réclamé au 21e échelon par les Hurricanes de la Caroline en 2016.
À l’approche de cette journée, c’est tout le chemin parcouru par son fils qui remplit Denis Gauthier de fierté. Le paternel revoit encore le petit Ethan s’amuser dans le hockey mineur drummondvillois, puis gravir les échelons jusque dans la LHJMQ.
«Ethan a connu une belle évolution. Il y a beaucoup de monde qui a contribué à son succès. Il est aussi en train de faire son chemin lui-même. Il ne marche pas seulement dans les traces de son père. Il a bâti sa propre identité avec l’aide de plusieurs personnes. C’est la somme de tout ça qui va faire en sorte qu’il va avoir une belle récompense en bout de ligne.»
La fierté d’un grand frère
À deux pas de là, Kaylen Gauthier avait aussi les yeux remplis de fierté en voyant son frangin dans l’uniforme rouge, noir et blanc. Celui qui a amorcé sa carrière avec les Voltigeurs avant d’être échangé au Phoenix a replongé dans ses souvenirs.
«On dit que tous les hockeyeurs québécois veulent jouer à Montréal. Dans notre cas, c’était de jouer à Drummondville, a raconté Kaylen. Je l’ai vécu : venir à l’aréna avec ton père pour faire ce que tu aimes, c’est l’expérience d’une vie! Je suis super content de voir mon frère vivre ça à son tour. L’histoire de famille se continue!»
Le défenseur de 21 ans a fait remarquer que les hockeyeurs ayant la chance de jouer dans leur propre ville sont peu nombreux. Encore moins au sein d’une équipe aspirant aux grands honneurs. «Ethan est rendu à une étape de sa carrière où il veut gagner. Il veut performer et il arrive dans une équipe qui va performer. Le timing est parfait.»
Le nouveau membre des Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières est convaincu que son frère rendra de précieux services aux Voltigeurs.
«D’après moi, les gars sont contents de l’avoir dans leur club! Tout au long de la dernière saison, ce n’était pas une histoire d’amour entre lui et Drummondville. C’est un joueur qui dérange, qui frappe et qui jase. En plus, il est capable de jouer au hockey. C’est le genre de gars que tu veux dans ton équipe. Les gens de Drummondville vont l’apprécier, j’en suis certain, et les gars dans le vestiaire aussi», a conclu le futur étudiant en finances.