ÉDUCATION. Sans contrat de travail depuis deux mois, le Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep de Drummondville (SEECD) dénonce le manque d’avancées aux tables de négociations.
«Notre convention collective est échue le 1er avril, fait savoir Alexandre Boisvert, secrétaire général du SEECD. Ça fait depuis le mois d’octobre que nous avons donné nos différentes demandes pour tenter d’améliorer nos conditions de travail. On n’a toujours pas eu de retour de la part du gouvernement.»
Entre autres, les syndicats des cégeps demandent à la partie patronale de baliser le déploiement de l’enseignement à distance, tout en outillant davantage les enseignants qui œuvrent en ligne. «Par rapport à la formation continue, ce n’est pas quelque chose qui est complètement mauvais. On croit que ça peut être utilisé dans certains contextes. On pense à des cégeps qui sont dans des régions éloignées. C’est une façon pour eux de continuer à survivre, en donnant accès à des programmes qui sont exclusifs à leur endroit. Évidemment, on croit que dans les grands centres, ça n’a pas lieu d’être», soutient M. Boisvert.
D’après lui, l’enseignement à distance a un impact négatif sur le plan pédagogique et académique. Pendant la crise sanitaire, la santé mentale des étudiants a été affectée. De plus, le respect des droits d’auteur des professeurs fait partie des préoccupations syndicales.
Alexandre Boisvert ajoute qu’une importante charge de travail pèse sur les épaules du personnel enseignant. «Les classes qu’on avait auparavant ne sont plus les mêmes qu’aujourd’hui, mentionne celui qui enseigne la sociologie au Cégep de Drummondville. On a une augmentation de jeunes qui sont autistes, qui ont de très graves problèmes d’anxiété ou de déficit d’attention. Ils demandent plus de temps et de support.»
C’est pour cette raison que les syndicats veulent que le ratio soit revu. «Les étudiants qui ont été diagnostiqués doivent être comptés différemment dans notre charge de travail. Ça va nous permettre d’alléger notre tâche pour répondre à leurs besoins. L’idée n’est pas d’exclure ces étudiants, mais de leur donner les services auxquels ils ont droit.»
Certains enseignants souffrent d’épuisement. «Il y en a de plus en plus qui partent ou qui se retrouvent en arrêt maladie. On a dû augmenter notre programme d’aide aux employés parce qu’il est très sollicité, indique-t-il. De plus, on a de la difficulté à recruter dans certains programmes parce que les conditions ne sont pas attrayantes. C’est difficile d’engager en informatique.»
Dans tous les cas, Alexandre Boisvert souhaite que leurs demandes soient entendues par la partie patronale. «Si on voit que la négociation n’avance pas, on va faire appel à un médiateur. Si ça ne fonctionne pas, les membres vont être demandés à se prononcer sur des moyens de pression qui sont plus importants comme la grève.»
Rappelons que la dernière ronde de négociations s’est déroulée en pleine crise sanitaire. La convention collective de 2020-2023 a été signée en 2022. Des journées de grève ont été tenues par les enseignants du Cégep de Drummondville, pour dénoncer l’inaction du ministère de l’Enseignement supérieur.