MUNICIPAL. Après avoir façonné Drummondville pendant 32 ans, de nouveaux défis attendent le directeur du service de l’urbanisme Denis Jauron.
Originaire de Valcourt, Denis Jauron convoitait Drummondville depuis quelque temps avant d’être embauché par la Ville en 1991.
«C’était l’époque où Drummondville était la risée du magazine Croc, mais moi je trouvais, en lisant des articles dans le journal La Tribune, que la mairesse Francine Ruest-Jutras avait une belle vision de développement, de la drive», se remémore-t-il.
M. Jauron a commencé à la Ville pour un remplacement de congé de maternité, une aventure qui s’est prolongée au-delà de ses attentes.
«C’était pour le poste d’urbaniste. À cette époque, j’étais le seul urbaniste alors qu’ils sont cinq aujourd’hui», fait-il savoir.
En décembre 1996, il a été promu au poste de directeur. À cette époque, Drummondville était très segmentée.
«La ville s’est développée de façon assez classique, je dirais. Autrement dit, il y avait un boulevard commercial, le boulevard Saint-Joseph, quelques rues autour, une zone industrielle extrêmement bien définie datant de 1967 et des zones résidentielles. Il n’y avait rien de marquant, mais il y avait une mairesse qui voulait changer l’image de la ville au niveau économique et visuel. Je trouvais ça très intéressant d’autant plus qu’elle croyait en l’urbanisme», explique le membre de l’Ordre des urbanistes du Québec depuis 1991.
Cette ouverture a donné beaucoup de latitude à Denis Jauron et son équipe.
«Mon principal rôle c’était d’être capable de sortir des permis de construction pour que les gens soient contents, qu’on ne soit pas un frein au développement, et ce, toujours en respect évidemment des lois et règlements en vigueur, dont la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, indique-t-il. Souvent, les urbanistes, on les voit comme des metteurs de bois dans les roues, mais j’ai toujours dit que si on avait toujours dit non, ça aurait fait longtemps que j’aurais un autre emploi! On a le droit de dire non, mais ce que j’aimais ici, c’est qu’on essayait toujours de trouver un terrain d’entente pour que ce soit gagnant-gagnant. Ç’a fait beaucoup le succès de Drummondville, notamment au niveau industriel».
L’adoption du règlement des plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) a été bénéfique pour le développement de la ville, estime M. Jauron. Il s’agit d’une approche plus souple favorisant la recherche de solutions novatrices dans un échange ouvert entre la municipalité et les promoteurs. Elle régit les aménagements et les constructions dans les milieux denses ou caractérisés par leur environnement naturel, notamment.
«On a été une des premières villes à pouvoir en bénéficier. Ç’a permis d’encadrer le développement, principalement du centre-ville. Ensuite, on l’a étendu sur les grandes artères et aux abords de l’autoroute pour en faire une vitrine industrielle de prestige.»
Densification, protection des milieux humides, zones de réserve, préservation du boisé. L’urbanisme a bien évolué depuis le début de carrière de Denis Jauron.
«Dans les années 1990 et début 2000, un projet domiciliaire pouvait se concrétiser à l’intérieur d’un an. Maintenant, on est chanceux si ça se réalise en moins de quatre ou cinq ans. Tout est plus long et complexe, car c’est mieux encadré. C’est phénoménal le nombre de documents qu’on doit soumettre et la quantité d’autorisations qu’on doit aller chercher. Il faut être imaginatif et constamment en mode solution», affirme l’urbaniste d’expérience.
À ses dires, Drummondville, est de loin une ville dortoir.
«Ce n’est pas une ville qui a stagné; les défis sont restés au top et la croissance s’est manifestée dans tous les secteurs. Bref, on un territoire où il y a de place, donc ça développe et ça bouge.
Ses plus beaux projets
Parmi les projets dont il est le plus fier, Denis Jauron note le développement domiciliaire Le Quartier.
«C’était la première fois qu’on appliquait un PIIA à la construction de toutes les résidences et qu’on exigeait le maintien d’un pourcentage de couvert boisé sur chaque terrain. Ce n’était pas la simplicité. C’était assez exigeant pour le personnel et un peu tannant pour les citoyens, mais ç’a fait en sorte que les arbres sont encore à peu près tous là. Les gens sont contents d’avoir un beau secteur ceinturé d’arbres matures.»
L’arrivée du Cotsco, le «fer de lance du développement commercial», a également été un bon coup.
Enfin, il se souviendra toujours du projet de remplacement d’une trentaine d’enseignes commerciales sur le boulevard Saint-Joseph.
«Elles dataient d’une autre époque. Ça coïncidait avec le projet d’enfouissement des fils. On a réussi à les faire changer par le pouvoir de la loi. Je suis fier d’avoir initié ça. Il faut aller ailleurs pour se rendre compte de la qualité du paysage du boulevard», estime-t-il.
Nouvelle aventure
Le 5 mai a marqué sa dernière journée de travail au sein du service de l’urbanisme de la Ville de Drummondville. Ayant toujours été intéressé par l’architecture du paysage, Denis Jauron pourra développer son côté créatif. Il joindra les rangs de l’équipe de Gestion Fauvel, dont le principal secteur d’activité est le développement résidentiel.
«Ça fait 15 ans que je collabore avec cette entreprise pour ses divers projets. Je suis bien heureux de me joindre à eux. J’occuperai un poste de conception et d’innovation, autrement dit, je serai plus dans l’élaboration du projet. Je serai bien placé pour savoir quels critères on doit suivre pour que le projet soit accepté à la ville. C’est un nouveau départ que j’accueille avec enthousiasme», termine l’homme de 58 ans.