TRANSPORTS. Le gouvernement du Québec a annoncé, mardi matin, à l’usine Girardin de Drummondville, un investissement de plus de sept millions de dollars destiné à la création d’un programme de formation en entretien des véhicules lourds électriques et hybrides.
D’une durée de trois ans, cette aide financière permettra de former 264 mécaniciens spécialisés dans l’entretien de ces véhicules, à l’échelle de la province. Actuellement, le Québec enregistre un retard quant aux connaissances de la main-d’œuvre de ce secteur par rapport au nombre de camions et d’autobus déjà en circulation.
«Certains de nos partenaires nous disaient qu’il était minuit et quart à propos du retard de formation. Ces véhicules sont déjà sur les routes, mais les mécaniciens ne sont pas formés pour les entretenir et les réparer. Si l’on se compare avec ce qui existe dans le reste du Canada, le Québec est réellement en avance. Il n’y a pas de programme de cette nature qui existe ni au Canada ni aux États-Unis. Nous avons déjà été approchés par des partenaires qui aimeraient l’utiliser à l’extérieur de la province», a indiqué Charles Gagnon, directeur général du Conseil provincial des comités paritaires de l’industrie des services automobiles (CPCPA). C’est d’ailleurs le CPCPA qui sera chargé de coordonner la répartition de la subvention dans les régions.
Il est à souligner qu’il s’agit du troisième programme de financement du genre à être créé par le gouvernement du Québec. Un premier avait été lancé en 2020 pour la formation en mécanique automobile, qui en est maintenant à sa deuxième phase. Puis, un second pour la formation sur les travaux de carrosserie d’automobiles électriques avait aussi été conçu. Au terme de ces trois années, le gouvernement devrait bonifier le programme des véhicules lourds comme cela a été fait pour l’automobile.
«On estime qu’il y a 10 000 mécaniciens de véhicules lourds au Québec. On croit que, d’ici 10 ans, un technicien sur cinq devra être formé en véhicules lourds hybrides et électriques pour suivre la progression du parc automobile québécois», a ajouté M. Gagnon.
C’est donc une première version de la formation, comprenant 196 heures de cours, qui sera offerte dès le début de l’année 2024. Le contenu du cursus est en cours de création. D’ailleurs, M. Gagnon a affirmé que celle-ci sera «assurément offerte» au CFP Paul-Rousseau de Drummondville.
Outiller les travailleurs
Dans un contexte où le gouvernement mise sur l’électrification des transports pour donner un avenir plus vert au Québec, la ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, a souligné qu’il s’agit d’une annonce importante pour le Québec, lors de la conférence de presse.
«On vient surtout outiller les travailleurs dans l’utilisation de ces technologies d’avenir. Notre gouvernement s’est engagé à faire du Québec un leader de l’électrification des transports. Ça implique de travailler avec de nouvelles technologies, mais il faut aussi donner les moyens aux travailleurs de s’adapter à ces changements», a dit la ministre Champagne Jourdain.
Elle a ajouté, au passage, qu’il ne s’agit pas du dernier investissement qui sera réalisé dans le domaine de l’électrification des transports puisqu’il s’agit d’un secteur de pointe pour la province.
Le président de Girardin Blue Bird, Steve Girardin, a fait savoir à quel point son équipe et lui sont heureux de cette annonce. Qualifié de leader canadien dans la conception et la fabrication d’autobus scolaires électriques et hybrides, Girardin Blue Bird voit d’un bon œil la formation de main-d’œuvre spécialisée qui pourra contribuer à faire rouler ces véhicules longtemps. Une douzaine de travailleurs de l’usine drummondvilloise suivront la formation tout comme une cinquantaine d’autres évoluant dans des entreprises satellites.
«C’est une formation qui est importante pour la sécurité des travailleurs et des usagers. Ce n’est pas tout le monde qui peut toucher aux éléments à haute tension. La vente d’un autobus n’est que la première étape, le client aura une relation avec son manufacturier pendant 12 à 17 ans par la suite. Il devient donc primordial de bien en comprendre l’entretien afin que les véhicules soient fiables et sécuritaires tous les jours», a signifié Steve Girardin.
En plus des 264 mécaniciens, 24 maîtres-formateurs seront formés afin de donner les enseignements aux futurs élèves. Cette formation bénéficiera d’un cheminement structuré. Les apprentis mécaniciens devront atteindre des niveaux d’exigences durant leur parcours et réussir un examen qui confirmera leur certification.