AGRICULTURE. Geneviève Milot aime sortir des sentiers battus. C’est pour cette raison qu’elle a fondé la Ferme Thébaïde, un lieu qui permet aux jeunes de se connecter à la nature par l’intermédiaire de projets agricoles stimulants.
Août 2019. Geneviève Milot a acquis une terre située sur le rang 3 de Simpson à Saint-Cyrille-de-Wendover. Dès son arrivée, elle a pris conscience des bienfaits de la nature sur le corps et l’esprit. La femme d’affaires, qui est également propriétaire de deux établissements hôteliers à Drummondville et à Lévis, souhaitait développer un projet agricole non traditionnel. Avec un terrain aussi vaste, les idées ne manquaient pas.
Entre-temps, la Cyrilloise a appris qu’un programme au Centre de formation générale aux adultes Sainte-Thérèse était à la recherche d’un site pour implanter une forêt nourricière, dans le but de mettre en place des plateaux de travail en agriculture. Geneviève Milot a été interpellée par le projet. Elle a approché l’intervenant Hugo Smith afin de lui proposer un accès gratuit à sa propriété. Celui-ci a tout de suite embarqué dans l’aventure.
La mission première était de déterminer l’emplacement de la forêt nourricière. Plusieurs possibilités s’offraient à eux. Un champ de foin a été ciblé. «Ça prenait beaucoup d’imagination pour voir une forêt éventuelle, mentionne-t-elle, en riant. L’année dernière, on a procédé à l’aménagement du terrain. On a entre autres creusé un bassin d’eau.»
Qu’est-ce qu’une forêt nourricière? Il s’agit d’un système de culture basé sur l’implantation d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées. Ce modèle écologique est composé d’espèces comestibles qui demandent peu d’entretien et peu d’arrosage.
Lors de la première phase, pas moins de 1300 arbres de toutes sortes ont été plantés. Une trentaine de participants ont contribué à cette réalisation. «L’idée avec la forêt nourricière est de montrer aux gens qu’on peut faire pousser n’importe quoi. J’ai essayé de trouver des variétés qui sont le plus rustiques possible. J’ai magasiné virtuellement en Sibérie, au nord de la Chine et en Roumanie. On peut faire pousser des abricots, des kiwis et des framboises rouges, blanches et noires. Il y a aussi des noisetiers et des châtaigniers», fait savoir Hugo Smith, en précisant que la production se fait sans engrais, pesticide ou insecticide.
D’après les observations de Geneviève Milot, le projet a eu un impact positif chez les jeunes. «Plus de la moitié d’entre eux ont eu la piqûre pour l’agriculture. Certains ont décidé par eux-mêmes de planter des tomates à la maison. Ils ont aussi amélioré la composition de leurs lunchs. En voyant le résultat de leur travail, ils ont gagné de la confiance en eux. Il y a une fierté qui vient avec ça.» Les récoltes seront distribuées aux organismes de la région ainsi qu’aux participants, ajoute-t-elle.
Afin de les garder mobilisés, Geneviève Milot a mis sur pied un deuxième volet à la Ferme Thébaïde, celui des tours de culture verticale. Ce sont des structures qui abritent une variété de plantes, comme des légumes, des herbes ou des fleurs. «C’est une façon innovante et simple de cultiver toute l’année.» Une trentaine de tours se trouvent dans le bâtiment principal.
De plus, un élevage d’alpagas et des sentiers pédestres se sont ajoutés à la Ferme Thébaïde pour faciliter le contact à la nature et favoriser un mode de vie sain.
Geneviève Milot a récemment lancé une campagne de financement sur la plateforme La Ruche dans le but de récolter 25 000 $. Concrètement, le montant amassé permettra d’acheter des végétaux, des plantes, des arbustes et de l’équipement «pour aller plus rapidement dans nos projets autant au niveau de la forêt nourricière que la ferme de tours de culture verticale», explique-t-elle.
Dans tous les cas, la Cyrilloise se dit ouverte à accueillir d’autres programmes à la Ferme Thébaïde, afin de joindre une clientèle différente.
Elle profite de l’occasion pour inviter les citoyens à passer à l’action. «Mon objectif est de donner l’idée à d’autres agriculteurs de faire pareil. S’il y a des gens qui veulent prendre exemple, on est prêt à partager notre vision. Plus il y a de projets comme ça à travers le monde, le mieux la Terre se porte», termine-t-elle.