MAGAZINE. On raconte souvent que la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre. Pour la famille Charland, le dicton est plus que vrai avec trois générations de coiffeurs. Jacques Charland raconte comment les artistes du cheveu ont perpétué cette passion au fil du temps.
Jacques Charland n’était pas destiné à devenir coiffeur. Il voulait plutôt travailler dans le secteur commercial, mais le métier de coiffeur l’a rattrapé. «La sœur de mon père avait fait son cours à Montréal, ma mère était coiffeuse et j’avais aussi des cousines qui pratiquaient ce métier. Alors j’ai essayé ça. Les femmes aimaient ça un jeune plein d’énergie», a lancé le retraité de 81 ans en riant.
Vers 1968, Jacques Charland avait soif d’apprendre le métier. Il s’est alors exilé vers la métropole pour parfaire ses connaissances à la réputée école de coiffure Zago. «Il y avait très peu d’hommes dans le domaine. Après trois semaines de formation, j’ai tenté de me trouver un travail à Montréal. Ce n’était pas facile. Mon manque d’expérience m’a mené dans des endroits, disons… pas très accueillants! C’est à ce moment que je suis revenu au bercail et que j’ai travaillé avec ma mère Diane (Fortin) dans son salon de la rue Moisan (maintenant la garderie Les petits Lutins)», a expliqué le Drummondvillois.
Après s’être marié, le coiffeur a fait construire sa maison sur la rue Cockburn où il y a ouvert son salon. «Je faisais tout. L’accueil, la prise d’appels et les coupes! Je pense que ma force a été de m’ajuster aux demandes des clientes. Elles m’apportaient quelques photos et je leur faisais la coupe. Personne ne sortait d’ici avec la même tête. Cependant, je me suis toujours réservé de faire des trucs que je ne connaissais pas, je laissais ça aux autres», a-t-il raconté au milieu de son salon aux couleurs pastels, tout droit sorti des années 1980.
Au fil du temps, la curiosité de sa fille Annie l’a menée vers une carrière dans le domaine capillaire. «Elle venait me voir travailler et elle a tout bonnement commencé. C’était beau et elle avait confiance en elle. Je me souviens d’un samedi où nous avons fait 20 permanentes. C’était de l’ouvrage. Elle a étudié la coiffure, mais elle a pas mal plus appris sur le tas comme on dit! Je suis bien fier d’elle, car elle a ouvert son salon sur la rue Saint-Pierre et je peux te confirmer qu’elle travaille fort avec son équipe», a confié le retraité.
Au passage, Jacques Charland a raconté quelques anecdotes de sa carrière qui s’est achevée il y a une dizaine d’années.
«Une cliente récitait le chapelet quand elle était sous le séchoir. Ma sœur s’amusait à lui répondre! Il m’arrivait parfois de faire des coupes pour les hommes, mais seulement en fin de journée quand j’avais du temps. Ce n’était pas ma clientèle. À preuves, j’ai des clientes que je coiffe depuis 50 ans. Quand les femmes me demandaient de les rendre plus belles, je leur répondais que j’entretenais plutôt leur beauté établie.»
M. Charland profite de sa retraite pour jouer au bridge à l’occasion. La musique fait aussi partie de sa vie, en plus de soutenir sa fille dans son commerce. «Je lui donne un coup de main quand il y a de petits travaux. Elle sait m’occuper! J’ai encore quelques femmes qui viennent se faire coiffer, mais c’est vraiment pour leur rendre service», a-t-il ajouté en conclusion.