COMMUNAUTÉ. Une jeune camionneuse passionnée. Une entrepreneure qui renonce à la maternité. Une intervenante au service de la cause féminine. Une artiste engagée dans la communauté. Une nouvelle arrivante à la fois forte et courageuse. Cinq femmes ont partagé une partie de leur histoire, à l’occasion d’une activité de bibliothèque vivante.
Mercredi soir, la bibliothèque publique de Drummondville s’est transformée en un lieu de partage et d’échanges, où les citoyens étaient invités à emprunter un «livre vivant». Des femmes issues de différents horizons ont accepté de dévoiler quelques chapitres de leur vie.
Les participants ont écouté avec intérêt le récit de Gabrielle Blanchette. «Je suis camionneuse dans l’industrie laitière. Tous les jours, je parcours la Montérégie et je visite en moyenne dix producteurs. Je collecte un total de 36 000 litres dans ma citerne. Par la suite, je vais vider le lait dans différentes usines situées sur l’île de Montréal», explique-t-elle, avec entrain.
La Drummondvilloise a fait preuve de ténacité pour se tailler une place dans un monde d’hommes. «J’ai des collègues féminines, mais elles ne sont pas nombreuses. On est une trentaine à l’échelle du Québec dans le transport du lait», soutient celle qui est âgée de 26 ans.
En partageant son histoire, Gabrielle Blanchette souhaite inspirer d’autres femmes à suivre la voie des carrières non traditionnelles. «On peut réussir dans plusieurs milieux malgré notre sexe. Les femmes sont capables d’obtenir ce qu’elles veulent si elles foncent.»
Le public a fait la rencontre de Julie Courchesne, une entrepreneure qui a choisi de ne pas avoir d’enfant. «Ce qui a solidifié mon choix, c’est lorsque j’ai visionné un documentaire avec mon conjoint sur la surpopulation. J’ai décidé d’être là pour les gens qui en ont.» Cette dernière a subi pendant plusieurs années le jugement d’autrui.
Lors de l’activité, Julie Courchesne a profité de sa tribune pour livrer un message: «Il faut accepter le choix des femmes. On a plusieurs chemins de vie et ils sont tous valables et acceptables. Si les hommes peuvent faire ce qu’ils veulent, je ne vois pas pourquoi ça serait différent pour les femmes.»
Pour sa part, Claire Tessier a œuvré pendant plus de 30 ans auprès de la gent féminine. Entre autres, elle a participé à la création du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) La Passerelle. L’organisme dessert le territoire des MRC de Drummond et de Nicolet-Yamaska. «J’ai travaillé fort pour que le plus de filles possible aient une vie qui vaut la peine d’être vécue et qu’elles ne marchent pas dans la peur. J’en suis fière», souligne celle qui a été intervenante sociale.
L’impressionniste Jennifer Hélie a parlé de sa carrière artistique et de ses différentes implications dans la communauté, tandis que la Rwandaise Hilarie Kankindi a partagé les grandes lignes de son parcours d’intégration. L’artiste Rosalie Ayotte a également offert une prestation musicale.
L’activité bibliothèque vivante a été organisée dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes. Plusieurs organismes de la région étaient derrière cette initiative.
«On voulait souligner les avancées individuelles présentées par nos livres vivants. On voulait aussi mettre en lumière les avancées de façon collective, comme le mouvement #Moi aussi, les nouvelles politiques gouvernementales par rapport à la violence conjugale et sexuelle et les tribunaux spécialisés», soutient Jocelyne Desjardins, membre du comité organisateur et intervenante au CALACS La Passerelle.
«Cette activité se voulait mobilisatrice parce qu’il reste encore tellement à faire. Les revenus des femmes sont encore inférieurs aux hommes. Les femmes sont moins nombreuses que les hommes à être dans les postes décisionnels. Dans la plupart des tâches domestiques, on considère qu’il y a encore une grande différence. Les femmes sont encore les principales victimes d’harcèlement et de discrimination au travail. En grande majorité, les femmes sont victimes de violence conjugale, sexuelle, de crime contre la personne», conclut-elle.