SANTÉ. Plus de 500 professionnels en soins du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) se sont donné rendez-vous devant l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville, dimanche, pour faire entendre leur mécontentement.
Les participants à la manifestation voulaient dénoncer le traitement que leur réserve leur employeur. L’élément déclencheur s’est produit le 6 février dernier lorsque le CIUSSS MCQ a annoncé que les infirmières devraient dorénavant travailler une fin de semaine sur trois.
Selon le Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec (FIQ-SPSMCQ), cette décision vient affaiblir l’ensemble du réseau en réduisant les services offerts aux usagers. Cependant, la FIQ-SPSMCQ soutient que c’est n’est pas le fait de devoir travailler la fin de semaine qui les dérange, mais plutôt que cela entraînera des conséquences sur l’accès à des soins et leur sécurité.
«Le CIUSSS MCQ nous a encore démontré que les professionnels en soins ne sont rien de plus que des numéros déplaçables et interchangeables. L’expérience et l’expertise semblent secondaires. L’important pour le CIUSSS est la flexibilité, la mobilité et qu’on vienne boucher un maudit trou. Cette décision a été la goutte qui a fait déborder le vase et qui a déclenché un mouvement collectif comme on en voit rarement. Nous sommes ici parce que nous sommes les mieux placées pour évaluer les dangers pour notre pratique professionnelle», a dénoncé Patricia Mailhot, présidente par intérim de la FIQ-SPSMCQ lors d’un point de presse.
Selon elle, la présence en si grand nombre des employés prouve la colère, l’irritabilité et la solidarité de ces personnes actuellement. De plus, le syndicat dit proposer des pistes de solutions qui n’ont pas été écoutées par la partie patronale.
«On invite les dirigeants à s’asseoir avec nous pour leur présenter chacune de nos solutions. Jusqu’à maintenant, ils n’ont pas voulu le faire. Ils ont plutôt parlé de déplacements et nous sommes maintenant rendus à des mégafusions de centres d’activités», a commenté Mme Mailhot.
Ces fusions inquiètent le personnel quant à la survie de la profession à court terme. «Nous avons un code de déontologie qui dit que nous devons être habileté et suffisamment formé pour donner des soins sécuritaires à la population. Avec les fusions, une infirmière pourrait se retrouver à travailler dans des départements pour lesquels elle n’a pas la formation nécessaire. C’est impossible pour une infirmière de garder cette expertise avec des fusions aussi vastes», a ajouté Patricia Mailhot.
Par ailleurs, les fusions proposées par le CIUSSS MCQ respectent la convention collective nationale. Cependant, celles-ci ne sont pas morales selon le syndicat. «Si c’était moral, il n’y aurait pas autant d’infirmières présentes pour les dénoncer», a soutenu Mme Mailhot.
Patricia Mailhot s’est dite déçue par la décision du tribunal administratif du travail (TAT) bien que le syndicat s’y attendait. Rappelons que celui-ci a ordonné, samedi, à la FIQ de cesser d’encourager ses membres à démissionner en bloc. «Le TAT a rendu une décision, mais il y a des moyens pour les professionnels en soins de se faire entendre. Elles se tiennent debout et je suis extrêmement fière d’elles», a dit la présidente intérimaire qui n’a pas voulu préciser le nombre de lettres de démission reçues.
Des manifestants des quatre coins de la Mauricie et du Centre-du-Québec s’étaient réunis à Drummondville. Le point de rencontre était donné devant l’école secondaire Jeanne-Mance. Après des discours des représentants syndicaux, le groupe s’est déplacé vers l’hôpital Sainte-Croix où ils sont restés pendant plus de 30 minutes. Des sifflets, klaxons, cloches et crécelles se sont fait entendre durant toute la manifestation tout comme des slogans préparés spécialement pour l’occasion.
La FIQ-SPSMCQ tiendra une assemblée générale lundi lors de laquelle les prochaines actions seront déterminées. «Je peux vous assurer qu’il y aura une suite», a conclu Patricia Mailhot.
Ce qu’elles ont dit
«L’employeur agit de façon désorganisée et unilatérale. Ça nous inquiète beaucoup pour les services à la population et les conditions de travail des gens du réseau. On souhaite que l’employeur sache que nous sommes aux aguets; nous allons assurer une vigie de ce qui se passe et nous ne voulons pas lui donner carte blanche. Ce que vivent les infirmières présentement est peut-être ce que vont vivre d’autres professions. On le vivait déjà à plus petite échelle», Véronique Neth, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (APTS MCQ).
«Depuis déjà trop longtemps, les conditions de travail des infirmières du CIUSSS MCQ sont trop difficiles. Collectivement, elles se tiennent debout, prennent la parole et dénoncent l’inacceptable. Tout le monde s’entend pour dire que les conditions de travail des professionnels en soins doivent s’améliorer et non se dégrader. Le réseau de la santé a besoin de la bonne professionnelle en soin à la bonne place et dans des conditions de travail acceptables», Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
«Depuis 2016, des plans de main-d’œuvre sont faits. Le gouvernement savait qu’on s’en allait dans un mur. Ce mur était prévu pour 2022 et 2023; on y est. Le gouvernement n’a rien fait pour aider le CIUSSS MCQ et tous les autres de la province. La bataille continue. Ce n’est pas vrai que les fermetures partielles vont devenir totales ou des fusions», Marie-Josée Hamelin, présidente locale du syndicat du Personnel Parathecnique des Services auxiliaires et de Métier (SPPSAM) du CIUSSS MCQ.