CONSTRUCTION. Selon les données obtenues auprès de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), la morosité continue de se faire ressentir dans le milieu, alors que les mises en chantier ont connu une diminution de 45 % comparativement à janvier 2022, à la grandeur du Québec, et Drummondville n’y échappe pas. Il s’agit du pire début d’année en quatre ans.
Le secteur qui écope le plus est les logements locatifs, avec un repli de 46 % au niveau provincial. Dans un contexte de crise du logement, ces données ne sont pas encourageantes.
À Drummondville, les chiffres sont encore plus vertigineux : ce sont 37 mises en chantier qui ont eu lieu en janvier 2023, par rapport à 139 en janvier 2022. Cela représente une variation de 73 %.
La hausse des taux d’intérêt explique ces changements. Plusieurs projets planifiés ne sont dorénavant plus rentables et sont donc abandonnés.
«Les promoteurs font face à deux choix : soit ils augmentent les loyers, ou ils attendent que les conditions de financement soient meilleures», précise Paul Cardinal, directeur du service économique de l’APCHQ. Il ajoute : «Le taux de construction a beaucoup augmenté depuis la pandémie. En 2023, on prévoit de revenir à la même moyenne qu’à la décennie 2010-2019, qui est insuffisante».
En effet, l’APCHQ mentionne qu’il manque au moins 100 000 logements à l’heure actuelle pour retrouver l’équilibre. Pour atteindre cette cible, il faudrait plus que doubler les mises en chantier, ce qui est impossible avec la main-d’œuvre disponible. «À Drummondville, le taux d’inoccupation est de 0,4 %. Cela devient un enjeu de développement régional. Même si l’on trouve des effectifs, on ne peut pas les loger», mentionne M. Cardinal.
À l’APCHQ, on s’attendait à une baisse des taux hypothécaires pour les prêts de cinq ans à la fin de 2022. «Par contre, le marché de l’emploi continue de bien aller, le PIB est plus robuste que ce à quoi on s’attendait : ces bonnes nouvelles font en sorte que la baisse du taux d’intérêt est retardée. Quand les investisseurs du marché obligataire anticipent de l’inflation, ça fait en sorte que les rendements sur les taux obligataires augmentent. On est moins sûrs à l’heure actuelle de quand va arriver cette fameuse baisse de taux», conclut Paul Cardinal.