FAUNE. Les élèves de cinquième secondaire du programme GARAF de l’école Jean-Raimbault ont vécu une expérience hors du commun les 8 et 9 février derniers. Ils ont passé la nuit dans des yourtes au cœur d’un boisé sur le site d’enfouissement de Saint-Nicéphore.
L’objectif de cette sortie inhabituelle était de documenter la présence de Lynx du Canada dans le secteur. La topographie, comportant de nombreuses buttes, et la forte présence de lièvres font de l’endroit un milieu tout désigné pour les lynx, selon l’enseignant Pablo Desfossés, coordonnateur du GARAF.
«En raison des opérations, il y a plein d’amoncellements de terre qui ont été créés. Le lynx aime se promener sur le dessus de ces collines; ça lui permet de voir ses proies à distance. On a vu des traces régulièrement et il y a des marcheurs sur les terrains de Canimex qui en ont aperçu. On souhaite éventuellement savoir combien il y en a et si la population se maintient bien», a expliqué M. Desfossés.
Afin de documenter la présence de ce félin, les élèves du programme ont installé quatre caméras de chasse à différents endroits lors de la semaine précédant leur nuitée. De plus, un haut-parleur sans-fil a aussi été placé avec l’une des caméras. Des bruits et cris de lynx étaient diffusés à différents intervalles dans l’espoir d’attirer une bête dans le champ de vision de l’appareil. Un enregistreur sonore était aussi utilisé afin de capter de possibles réponses d’animaux.
En matinée, de petits groupes d’élèves ont sillonné le territoire voisin du campement à la recherche de traces de lynx dans la neige. S’ils en trouvaient, ils devaient les photographier afin d’en faire l’analyse plus tard.
«On a procédé par secteur. Lorsqu’on trouve des traces, il ne faut pas rester à côté parce qu’il peut s’agir du même animal. Si l’on ne fonctionnait pas de cette façon, on croiserait toujours les traces du même animal. Tout dépendant de nos sorties, on peut avoir de petits ou de plus grands secteurs à observer», ont précisé les élèves Antoine Daunais et Cédric Brouard.
Le GARAF a établi son campement de yourtes près des serres Demers. L’emplacement a été choisi parce qu’il pourrait s’agir du lieu de reproduction des lynx. «Si l’on trouve la zone de reproduction de l’animal, cela signifie qu’il y retrouve tout ce dont il a besoin pour proliférer. Toute espèce a besoin dans son habitat d’une zone de chasse pour se nourrir, d’une pour la reproduction et d’une pour élever ses petits», a décrit le coordonnateur.
Si le GARAF parvient à documenter la présence de lynx, une proposition d’en faire l’emblème faunique de Drummondville sera acheminée à la Ville.
D’ailleurs, d’autres classes du GARAF sont aussi impliquées dans la recherche. Le groupe de quatrième secondaire est à son tour allé sur place pour installer des caméras supplémentaires, mais aussi des pièges à poils.
Premières expériences
Il s’agissait aussi d’une première expérience de nuit en forêt pour le GARAF. Cette activité a donc servi de période d’apprentissage autant pour les enseignants que pour les élèves. Lors de leur cours de la semaine précédente, les élèves ont installé leur campement et les caméras.
«Puisque c’est la première fois qu’on organise une sortie en camping, il y a beaucoup d’apprentissages qui se font autant pour les élèves que pour nous. En ce moment, c’est moi qui ai toute la liste des tâches à faire en tête. Lors d’un prochain cours, on prendra le temps de mettre à l’écrit cette liste et de déterminer les rôles de chacun afin d’être plus efficaces», a fait savoir Pablo Desfossés.
Dans cet objectif, pendant que des élèves s’affairaient à récupérer les caméras et tentaient de repérer des traces de lynx, le campement bouillonnait. Plusieurs rassemblaient le matériel et d’autres tentaient de trouver des façons de mieux organiser les lits dans les yourtes, par exemple.
Pour plusieurs élèves, il s’agissait d’une première fois en situation de camping hivernal. L’opinion semblait unanime; l’expérience est à répéter.
«L’ambiance était vraiment agréable. Nous étions toute une gang qui se croise tous les jours à l’école, c’était différent de se voir dans un autre contexte. Ça a créé un bel esprit d’équipe, mais disons qu’il a fait un peu froid lorsqu’on dormait au sol. C’était la première fois alors on peut juste s’améliorer. On apprend à s’entraider avec la nourriture et pour installer le campement. C’est clair que je vais le refaire un jour», a témoigné Annabelle Vachon. Le mercure a avoisiné les -10 degrés Celsius lors de la nuit passée en nature.
«C’était vraiment plaisant. On a appris à allumer un feu, personnellement, je ne savais pas comment le faire en forêt. On a aussi appris comment monter une yourte et comment bien s’équiper. Ça nous permet de développer nos compétences plein air», a commenté Simon-Olivier Audet.
«C’était une belle expérience pour une première fois. Je le referais n’importe quand. On a passé un beau moment autour du feu à discuter et s’amuser. Les gars avaient préparé des poèmes, ils nous les ont lus. Certains étaient spéciaux, mais c’était mignon», a ajouté Claudia-Rose Charbonneau.
Une nouvelle occasion se présentera d’ailleurs ce printemps. Dans le cadre d’un projet avec la SÉPAQ, le groupe de cinquième secondaire du GARAF prendra la direction du parc de la Yamaska pour un court séjour.
Le GARAF a pu acquérir les yourtes grâce à une aide financière de Loisir Sport Centre-du-Québec et du Fonds du Grand Mouvement Desjardins. Avec Loisir Sport Centre-du-Québec, ils aimeraient faire profiter de l’expérience du GARAF à d’autres établissements scolaires.