ÉCONOMIE. Comme ancien directeur du CNIMI, Gerry Gagnon est arrivé à la barre de la Société de développement économique de Drummondville (SDED) avec un bagage enviable des domaines manufacturier et industriel. Pour cette raison, le début de son mandat sera qualifié par le renforcement de ce secteur.
«Il y a un réel potentiel de donner un peu plus de structure et de renforcer le secteur. Les industries sont le moteur de notre économie. On se démarque vraiment par rapport au reste du Québec. Dans mes premières constatations, j’ai remarqué que notre secteur manufacturier mérite qu’on lui donne un peu plus d’envergure pour qu’il soit à l’image de notre économie», a affirmé M. Gagnon.
L’une des doléances remarquées par le nouveau directeur général de la SDED est le retard de productivité de la région centricoise comparativement aux autres régions manufacturières du Québec. Ces dernières sont le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Mauricie, l’Estrie, la Chaudière-Appalaches, Lanaudière, les Laurentides, la Montérégie et, bien entendu, le Centre-du-Québec.
Effectivement, celui-ci se classe au dernier rang québécois avec sa productivité de 53,02 $ par heure travaillée. Lanaudière et la Mauricie devancent avec une productivité calculée à environ 56 $. L’ensemble de la province se situe à 66,84 $ par heure, en 2020, selon le Portrait économique des régions du Québec – Édition 2022 publié par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.
«Malgré le fait qu’on travaille dans un secteur névralgique, on se retrouve tout de même dans la dernière partie du peloton. Les questions que l’on doit se poser sont comment peut-on prendre conscience du fait que nous sommes en arrière en termes de productivité et comment peut-on améliorer notre position et se transformer pour être capable de devenir plus productif?», a soutenu le directeur général.
La SDED effectue déjà un travail important avec ses efforts en recrutement de main-d’œuvre à l’étranger, mais une autre clé pour l’amélioration de la productivité réside dans l’automatisation. Gerry Gagnon croit que le Centre national intégré du manufacturier intelligent (CNIMI) sera un atout non négligeable pour la région.
«Drummondville est maintenant une ville universitaire et en plus, on a un pavillon dédié à la productivité, à la performance et au manufacturier intelligent. On a des éléments clés qui nous permettent de réfléchir à une façon de déployer des leviers économiques au service de l’automatisation manufacturière, a annoncé M. Gagnon. Je suis un ambassadeur du CNIMI. Je le connais sous toutes ses coutures. Mon intention est de collaborer avec les établissements d’enseignement supérieur et le CNIMI pour qu’on soit capable de mieux se positionner.»
Également, une meilleure productivité permettra une hausse des exportations. Gerry Gagnon et la SDED veulent que les exportations aient un volume plus fort que les importations dans la région. «Pour être une région qui exporte, il faut être productif. Les sociétés productives exportent à l’extérieur de leur région, de leur province et de leur pays», a-t-il affirmé.
Opportunités
À l’approche d’une période de récession, Gerry Gagnon croit que le secteur manufacturier drummondvillois sera d’une précieuse aide. Le directeur général estime que ces entreprises resteront solides durant cette période d’incertitude. Une récession signifie l’atteinte d’un plateau de la croissance économique ou une régression. Il s’agira donc d’un bon moment pour revoir certaines façons de faire, selon lui.
«C’est un bon moment où l’on peut aider les entreprises à investir et à se restructurer. Pour en connaître plusieurs, je peux affirmer que les manufacturiers étaient essoufflés. Ils ont eu à composer avec plusieurs nouveaux enjeux ces dernières années. Tout ça a fait en sorte qu’ils se sont concentrés à éteindre des feux. La possibilité de voir un ralentissement de l’économie leur permettrait de commencer à restructurer les équipes, à travailler sur des solutions durables d’automatisation», a-t-il dit.
Gerry Gagnon préfère être de ceux qui voient le verre à moitié plein. Selon lui, une récession peut devenir une opportunité, pour une entreprise bien capitalisée, en prévision de la prochaine phase d’essor.
Toutes les facettes
Bien entendu, le directeur général n’accordera pas toute son attention au secteur manufacturier. Avec un écosystème drummondvillois riche, des stratégies peuvent être élaborées pour l’ensemble des facettes économiques.
«Nous avons beaucoup de tourisme d’affaires, mais également des attraits touristiques qui sont intéressants à valoriser. Avec des infrastructures comme le Centrexpo Cogeco et l’aéroport, nos actifs économiques sont très attrayants pour l’ensemble de la province. Des gens de l’extérieur me disent souvent à quel point ça bouge à Drummondville et je crois que ça prouve que c’est un lieu où il y a une effervescence», a-t-il mentionné.
La SDED a entamé plusieurs chantiers de développement commercial. L’objectif est de créer des zones d’un grand dynamisme où les citoyens auront envie d’y habiter et y vivre des expériences. «Dans le centre-ville par exemple, ce serait de faire en sorte que l’on y retrouve l’ensemble des commerces de proximité qui sont organisés de façon logique pour offrir la meilleure expérience et que les gens aient le goût de consommer localement», a proposé M. Gagnon.
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